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13 mars 2021 6 13 /03 /mars /2021 10:05

A l'occasion du 150ème anniversaire de La Commune, il est peut-être utile pour celles et ceux qui veulent comprendre cet événement historique exceptionnel et pour ne pas tomber dans les dénigrements, déformations et autres mensonges des vainqueurs, de lire «La Guerre civile en France 1871» de K Marx (1) et celui de Prosper-Olivier Lissagaray « Histoire de la Commune de 1871» (2).

La signification de la Commune ainsi que les causes de sa défaite ne peuvent être comprises qu'à travers une lecture politique. Et les deux écrits brillent non seulement par leur clarté et leur force de conviction, mais aussi par leur interprétation politique de la très brève existence de la Commune.

Certes, il existe une abondante et intéressante littérature sur la Commune, mais les ouvrages de Marx et de Lissagaray restent aujourd'hui encore inégalables.

 

«Ce qui est vrai de ces deux Adresses, disait Engels dans son introduction, l'est aussi de celle sur La Guerre civile en France. Le 28 mai, les derniers combattants de la Commune succombaient sous le nombre sur les pentes de Belleville, et deux jours après, le 30, Marx lisait déjà devant le Conseil général ce travail où la signification historique de la Commune de Paris est marquée en quelques traits vigoureux, mais si pénétrants, et surtout si vrais, qu'on en chercherait en vain l'équivalent dans l'ensemble de l'abondante littérature écrite sur ce sujet».

 

De cette guerre civile, Marx en a tiré comme à son habitude plusieurs conclusions notamment celles concernant l’État et l'émancipation des travailleurs : «la classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre tel quel l'appareil d'État et de le faire fonctionner pour son propre compte». Un peu plus loin, il ajoute «La classe ouvrière n'espérait pas des miracles de la Commune. Elle n'a pas d'utopies toutes faites à introduire par décret du peuple. Elle sait que pour réaliser sa propre émancipation, et avec elle cette forme de vie plus haute à laquelle tend irrésistiblement la société actuelle en vertu de son propre développement économique, elle aura à passer par de longues luttes, par toute une série de processus historiques, qui transformeront complètement les circonstances elles-mêmes».

 

 

Dans sa préface à la chronique de Lissagaray (1838-1901), acteur et témoin de la Commune, Jean Maitron écrit «Ainsi donc par l'objectivité de ses témoignages, par l'intelligence de ses conclusions, l’œuvre de Lissagaray constitue encore l'indispensable introduction à toute étude de l'événement».

Lissagaray avait publié à Bruxelles juste après la semaine sanglante «Les huit journées de mai derrière les barricades». Ce récit constitue le premier témoignage de cet événement aussi héroïque que tragique.

Jenny Marx dans une lettre à  Louis Kugelmann disait «À une seule exception près, tous les livres sur la Commune qui ont paru jusqu'à présent ne valent rien. Cette unique exception à la règle générale, c'est l'ouvrage de Lissagaray que vous recevrez en même temps que cette lettre».

 

Lissagaray a repris et remanié profondément ce texte après un long travail de recherches et d'enquêtes auprès des survivants et publie en 1876 «Histoire de la Commune de 1871» à Bruxelles. Le livre fut réédité à plusieurs reprises (4).

Voici un passage du chapitre VII :

«A côté de ces mandarins de la tribune, de l'histoire, du journalisme, incapables de trouver un mot, un geste de vie, voici les fils de la masse, innommés, abondants de volonté, de sève, d'éloquence. Leur adresse d'adieu fut digne de leur avènement : « Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant de votre propre vie, souffrant des même maux. Défiez-vous autant des ambitieux que des parvenus... Défiez-vous également des parleurs... Évitez ceux que la fortune a favorisés, car, trop rarement celui qui possède la fortune est disposé à regarder le travailleur comme un frère...Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos suffrages. Le véritable mérite est modeste, et c'est aux travailleurs à connaître leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter». Lissagaray reste le grand historien de la Commune.

 

«La guerre civile en France», «Histoire de la Commune de 1871», deux livres sans équivalent sur un événement révolutionnaire qui a marqué l'histoire non seulement de la France, mais celle de toute l'humanité.

 

Mohamed Belaali

 

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(1)https://www.marxists.org/francais/engels/works/1891/03/fe18910318.htm

(2)http://classiques.uqac.ca/classiques/lissagaray_Prosper_Olivier/Histoire_Commune_1871/Histoire_Commune_1871.pdf

(3)https://www.marxists.org/francais/marx/works/00/kug/km_kug_18711221.htm

(4)https://maitron.fr/spip.php?article248694)

 

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commentaires

J
Merci Mohamad, ce que vous avez cité de M. Lissagaray à propos de qui faire confiance est si sage et juste! Nous ferions bien de tenir compte de ces mots! Merci encore.
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