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24 février 2023 5 24 /02 /février /2023 07:29

Le 24 février 2022 l'armée de la Fédération de Russie a envahi l'Ukraine. Cette intervention militaire va à l'encontre des intérêts des peuples russe et ukrainien. Toutes les guerres entre les peuples sont à bannir. La seule guerre que les peuples doivent mener est la guerre de classe, la guerre contre les oppresseurs, la minorité d'exploiteurs capitalistes à l'intérieur de chaque pays. Ce sont eux qui dressent les peuples les uns contre les autres en exacerbant leurs préjugés nationaux, raciaux, ethniques et religieux afin de maximiser leurs profits et perpétuer leurs privilèges de classe. Mais l'invasion de l'Ukraine s'inscrit dans un rapport de force mondial. L'impérialisme américain et ses alliés européens sont les premiers responsables de cette guerre et portent une lourde responsabilité dans ce conflit armé. Les pays capitalistes ont une longue et terrible tradition dans l'oppression et l'asservissement des peuples. Leur histoire n'est en dernière analyse que pillage des richesses des nations par la violence et la cruauté.

 

Poutine n'est pas un révolutionnaire, loin s'en faut. Il est à la tête d'un Etat capitaliste qui sert les intérêts des plus riches. Son anti-communisme et son nationalisme exacerbé le poussent jusqu'à critiquer Lénine et son Droit des nations à disposer d'elles-mêmes (1). Dans son discours du 22 février 2022, il a déclaré :

 

"Permettez-moi donc de commencer par le fait que l'Ukraine moderne a été entièrement créée
par la Russie, ou plus précisément, par la Russie bolchevique et communiste. Le processus a
commencé presque immédiatement après la révolution de 1917, et Lénine et ses compagnons
d'armes l'ont fait d'une manière très grossière à la Russie elle-même - par la sécession, en
arrachant des parties de ses propres territoires historiques (...)
. En fait,
comme je l'ai déjà dit, la politique bolchevique a abouti à l'émergence de l'Ukraine soviétique,
qui, même aujourd'hui, peut être appelée à juste titre "Ukraine de Vladimir Lénine".
(2)

 

La guerre qu'il mène aujourd'hui en Ukraine est en quelque sorte la faute à Lénine et de sa défense acharnée du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Dans sa logique nationaliste et réactionnaire, Poutine reproche à Lénine d'avoir inscrit dans la constitution la possibilité pour toutes les républiques de pouvoir quitter l'Union Soviétique. En 1917 Lénine écrivait déjà :

 

"Pas un démocrate, pour ne rien dire d'un socialiste, n'osera contester l'entière légitimité des revendications ukrainiennes. Pas un démocrate, de même, ne peut nier le droit de l'Ukraine à se séparer librement de la Russie. (...) Seule la reconnaissance sans réserve de ce droit peut rompre effectivement, à jamais et complètement, avec le maudit passé tsariste qui a tout fait pour rendre étrangers les uns aux autres des peuples si proches par leur langue, leur territoire, leur caractère et leur histoire" (3).

 

Aujourd'hui Poutine tente par cette guerre, aidé en cela par le gouvernement fascisant de Kiev, de rendre ennemis deux peuples qui ont vécu longtemps ensemble en paix.

Mais cette guerre s'inscrit dans un rapport de force mondial. L'impérialisme américain et ses alliés européens sont les premiers responsables et portent une lourde responsabilité dans ce conflit qui oppose en fait l'OTAN à la Russie. La visite de Biden à Kiev, lundi 20 février 2023, montre clairement que les Etats-Unis et l'OTAN s'engagent massivement dans cette guerre avec toutes les conséquences qui en découlent.

Rappelons pour mémoire que les pays capitalistes ont une longue et terrible tradition dans l'oppression et l'asservissement des peuples. Poussé par la recherche effrénée du profit, l'impérialisme en tant qu'instrument de pouvoir de la bourgeoisie, tente de soumettre tous les peuples de la planète. Esclavage, colonialisme..., leur histoire n'est en dernière analyse que pillage des richesses des nations par la violence, caractéristique fondamentale du capitalisme. Ce système est en guerre permanente. Les Etats-Unis, l'Europe et leurs alliés locaux ont détruit l'Afghanistan, la Yougoslavie, ravagé l'Irak, la Lybie, la Syrie, Bahreïn, le Yémen, la Côte d'Ivoire, etc. etc. Ils imposent à tous les pays qui refusent leur hégémonie et leur despotisme, des embargos et des sanctions les plus violents et les plus inhumains (Cuba, Venezuela, Iran, Irak, Corée du nord ...). Précisons qu' Israël qui occupe militairement des territoires palestiniens ou la Turquie qui a annexé des terres de ses voisins, ces deux pays non seulement n'ont jamais fait l'objet de sanctions, mais ils sont même soutenus par l'impérialisme américain. Les peuples opprimés du monde entier savent que les Etats-Unis et leurs alliés ont soutenu à travers la planète les dictateurs et des dictatures les plus féroces comme Augusto Pinochet au Chili, Soeharto en Indonésie, Hosni Moubarak en Egypte pour ne citer que ces trois exemples tellement la liste est longue. Tous les gouvernements à la botte de l'impérialisme américain ne peuvent survivre sans le soutien financier et militaire décisif de Washington. Partout, l'impérialisme américain est l'ennemi des peuples. C'est ce qui explique peut-être une certaine sympathie des pays du sud envers la Russie de Poutine confondue parfois avec les positions progressistes de L'URSS.

Aujourd'hui, les Etats-Unis grâce à leur supériorité militaire et leur bras armé l'OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) vont jusqu'à menacer les intérêts vitaux des puissances comme la Chine et la Russie. Rappelons que depuis la disparition de l'Union Soviétique et le Pacte de Varsovie en 1991, l'OTAN, cette machine de guerre totalement dominée par les américains et dirigée contre l'Union Soviétique, n'a cessé, contrairement aux promesses données à Gorbatchev, de s'élargir aux pays de l'Europe de l’Est désormais sous domination américaine (4).

A sa création en 1949, l'OTAN ne comptait que 12 membres. Aujourd'hui il en regroupe 30 dont 14 anciens pays membres du Pacte de Varsovie (5). La Russie se trouve ainsi encerclée.

Washington refuse obstinément de trouver un compromis avec Moscou concernant l'adhésion éventuelle de l'Ukraine à l'OTAN. Cette attitude est directement liée à la nature impérialiste des Etats-Unis.

L'échec des négociations a conduit Poutine à reconnaître l'indépendance de Louhansk et de Donetsk tout en affirmant que les accords de Minsk (6) sont morts avant d'intervenir militairement en Ukraine. “La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens” disait Clausewitz.

L'élargissement voulu par l'impérialisme américain de l'OTAN jusqu'aux frontières mêmes de la Fédération de Russie est une cause déterminante de la guerre en Ukraine. L'impérialisme américain et son bras armé l'OTAN sont en dernière analyse les vrais responsables de cette guerre.

Les Etats-Unis et l'Union européenne ne cherchent absolument pas à trouver une solution pacifique à cette intervention militaire de la Russie en Ukraine. Bien au contraire. Ils intensifient leurs pressions économiques et militaires sur la Russie créant ainsi une situation propice à une guerre entre puissances nucléaires qui remettrait en cause l'avenir même de la société humaine.

En tout état de cause, cette maudite guerre entre l'OTAN et la Russie par Ukraine interposée va à l'encontre des intérêts non seulement des peuples russe et ukrainien, mais aussi de tous les peuples de la planète. Les pays pauvres sont les premières victimes de ce conflit. L'ONU parle déjà de "l'Ouragan de famines" (7). A l'intérieur de chaque pays, ce sont bien évidemment les classes populaires qui vont subir les conséquences de ce conflit. Il va aggraver encore leurs conditions misérables d'existence. Mais en même temps la guerre pourrait créer une situation favorable au soulèvement des masses opprimées contre leurs dirigeants fragilisés par les crises économiques et politiques.

Dans le système capitaliste, les guerres trouvent leurs racines dans la violence des rapports de d'exploitation de l'homme par l'homme. La guerre et la lutte des classes sont tellement imbriquées l'une dans l'autre que l'on ne peut supprimer l'une sans éliminer l'autre. C'est le capitalisme et ses rapports de domination et d'exploitation qu'il faut abolir. "Abolissez l'exploitation de l'homme par l'homme, et vous abolirez l'exploitation d'une nation par une autre nation" disaient Marx et Engels.

 

Mohamed Belaali

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(1)Du droit des nations à disposer d'elles-mêmes (marxists.org)

(2)https://france.mid.ru/fr/presse/intervention_du_president_russie_/

(3)https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/06/vil19170628.htm

(4)https://nsarchive.gwu.edu/briefing-book/russia-programs/2017-12-12/nato-expansion-what-gorbachev-heard-western-leaders-early

(5)https://www.nato.int/cps/fr/natolive/topics_52044.htm

(6)Minsk II — Wikipédia (wikipedia.org)

(7)https://twitter.com/afpfr/status/1503460961830641664

 

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20 février 2023 1 20 /02 /février /2023 07:48

Douze années déjà ! Le 20 février 2011 les masses populaires au Maroc, comme un peu partout dans le monde arabe, se sont soulevées contre un système archaïque, sclérosé et corrompu qui les opprime, le Makhzen. "Répartition des richesses", "démocratie", "dignité" etc. scandaient à l'unisson les manifestants. Ces cris collectifs jaillissaient des décennies d'esclavage social, d'humiliations et de frustrations.

Le grand mérite du Mouvement du 20 février résidait dans son existence même. Il a ravivé une lutte de classes que le pouvoir croyait révolue. Jamais l'histoire récente du Maroc n'avait connu une période aussi riche et aussi chargée de luttes populaires intenses même si le combat contre le Makhzen ne date pas du 20 février 2011.

Le Mouvement avait libéré la vitalité et la créativité des masses opprimées qui avaient fait preuve d'une grande maturité politique et organisationnelle. Dans la lutte, elles avaient aussi appris à relever la tête et à se dresser contre leur ennemi de classe. Les contestataires n'avaient plus peur d'exposer à la face du régime leurs revendications et leurs buts. Ces «damnés de la terre» savaient que le pouvoir ne lâcherait rien sans combat et sans sacrifices.

Des hommes et des femmes, poussés par les injustices et les humiliations insupportables, ont été jusqu'à mettre le feu à leur propre corps se transformant ainsi en torches humaines. Le souvenir de Mohamed Bouazizi est toujours vivant dans la mémoire collective et individuelle.

Face au Mouvement, se dressaient, en plus du Makhzen et son appareil répressif et médiatique, toute une kyrielle de partis politiques anciens et nouveaux, tous domestiqués par le Palais depuis longtemps : le Parti de l'Istiqlal (conservateur), l'Union Socialiste des Forces Populaires (social-démocrate), le Parti de la Justice et du Développement (islamiste), le Parti du Progrès et du Socialisme (ancien parti communiste) et un ensemble de partis créés de toutes pièces par le Makhzen au gré des élections qu'il fabrique régulièrement depuis l'indépendance politique du Maroc en 1956. Contrairement à la Tunisie de Ben Ali ou à l'Égypte de Moubarak qui ont éliminé ou poussé à la clandestinité les organisations politiques (en dehors des Frères Musulmans en Égypte), le régime marocain, lui, multiplie le nombre de partis qui servent ses intérêts, consolidant ainsi son hégémonie et sa domination de classe.

Le Mouvement a été également combattu par les Etats-Unis, la France et les monarchies pétrolières du Golfe. Le soutien de ces forces ennemies du progrès et de la démocratie au Makhzen est total.

En France par exemple, le Maroc était présenté comme un modèle à suivre. Les aspirations du peuple marocain à la démocratie et à la modernité ne pèsent pas lourd face aux intérêts économiques de la bourgeoisie française dans ce pays. Les médias bourgeois occidentaux, quasiment tous entre les mains d'industriels et de financiers, et Al Jazeera propriété du «grand démocrate», l'émir du Qatar, se taisaient lamentablement sur les manifestations pacifiques qui se déroulaient depuis plus d'un an non seulement au Maroc, mais aussi à Bahreïn, au Yémen, en Jordanie, en Arabie Saoudite etc.

Le Mouvement du 20 février avait montré aux masses populaires que la lutte contre le Makhzen ne suffisait pas si elle n'était pas accompagnée par un combat anti-impérialiste. L'impérialisme est partout l'ennemi des peuples et du progrès. Il a tenté d'écraser les soulèvements authentiques des peuples du monde arabe contre des régimes d'un autre âge, soit pour maintenir au pouvoir ces régimes, qui servent ses intérêts, soit pour renverser des gouvernements qui ne lui sont pas totalement soumis. Ainsi il a écrasé dans le sang la révolte du peuple de Bahreïn par l'intermédiaire d'une «grande démocratie», l'Arabie Saoudite. Il a détruit tout un pays, la Libye pour y installer un nouveau pouvoir lui permettant de pomper allègrement le pétrole du peuple libyen.

Le Mouvement du 20 février avait également accordé une large place dans ses revendications à l'émancipation de la femme notamment dans le domaine économique et scolaire. Dans le Maroc d'aujourd'hui, l'accès des femmes au marché du travail reste faible (28 femmes contre 84 hommes) et plus de la moitié d'entre elles ne sait ni lire ni écrire. Leur revenu est quatre fois inférieur à celui des hommes.

Ces événements politiques majeurs non seulement au Maroc, mais dans tout le monde arabe sont loin de constituer une histoire achevée. Bien au contraire, ils ouvrent une ère nouvelle de contestations dans toute la région. La flamme de la résistance à l'oppression allumée par Mohamed Bouazizi est toujours vivante. Du Maroc au Soudan, des vagues de révoltes font encore trembler les régimes en place. Cette contestation toujours renouvelée est née et a grandi sur le sol de la misère économique et du despotisme politique. On peut toujours la réprimer et même l'écraser, mais elle renaîtra tel un phénix de ses cendres.

 

Malgré ses faiblesses et sa défaite, le Mouvement du 20 février reste un événement majeur dans l'histoire des luttes de classes au Maroc. Il a pu courageusement tenir tête à tous ses ennemis, à commencer par le puissant Makhzen. Les masses populaires opprimées n'espéraient pas de miracles du Mouvement. D'autres étapes et d'autres combats l'attendent. Elles savent que la lutte sera dure et la marche vers cette forme de vie supérieure sera longue. Mais elles savent également que le processus de changement et de transformation sociale est enclenché. Par ses manifestations hebdomadaires massives et pacifiques pour une société meilleure, le Mouvement du 20 février a redonné considération, dignité et espoir à toutes celles et ceux qui, hier encore, étaient sans espoir.

 

Mohamed Belaali

 

 

 

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2 février 2023 4 02 /02 /février /2023 08:19

 

 

Deux classes aux intérêts diamétralement opposés s'affrontent ouvertement. D'un côté des millions d'hommes et de femmes, soutenus par une large majorité de leurs concitoyens, qui défendent leur retraite durement acquise et refusent de travailler toujours plus plus, de l'autre, une classe minoritaire, corrompue et parasite mais disposant de tous les pouvoirs et s'accrochant à ses privilèges.

cette classe ne peut comprendre que de simples ouvriers peuvent lui tenir tête en sacrifiant des journées, voire parfois des semaines de salaires. Ses représentants au gouvernement, eux, attendent tranquillement et cyniquement l'essoufflement de la révolte en usant de la propagande et de la répression physique, psychologique et idéologique. Un combat inégal !

La classe dominante ne reculera devant rien pour défendre ses intérêts si le mouvement populaire perdure. Toute l'histoire de luttes de classes le montre.

Quelle que soit l'issue du conflit, les salariés en général et les ouvriers en particulier ont déjà gagné, non seulement sur le plan moral en se battant massivement contre une «réforme» réellement injuste, mais surtout ils ont pris conscience que l'État, le parlement, la police, les médias etc. sont contre eux et, partant, sont au service des patrons qui les exploitent tous les jours. La lutte dans l'unité leur a permis d'identifier clairement leurs ennemis de classe et le caractère bourgeois de la démocratie. Leurs intérêts et ceux de la classe dominante sont en contradiction totale. Ce combat de classe à classe dépasse, de ce fait, le cadre syndical et devient un combat politique.

 

Mohamed Belaali

 

Addenda

 

Deux classes irréconciliables que tout sépare:

 

Ils sont les exploiteurs

Nous sommes les exploités

 

Ils sont les oppresseurs

Nous sommes les opprimés

 

Ils sont les dominants

Nous sommes les dominés

 

Ils sont les bourgeois

Nous sommes les prolétaires

 

Ils sont le capital

Nous sommes le travail

 

Ils ont le profit

Nous avons le salaire

 

Ils gagnent sans travailler

Nous travaillons sans gagner

 

Ils sont les parasites

Nous sommes les travailleurs

 

Ils sont une petite minorité

Nous sommes la grande majorité

 

Ils défendent la société de classes

Nous luttons pour une société sans classe

 

Ils sont le passé

Nous sommes l'avenir

 

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17 janvier 2023 2 17 /01 /janvier /2023 07:51

 

Benyamin Netanyahou malgré ses affaires de corruption remporte les élections législatives du 1er novembre 2022. Avec une nouvelle coalition qui totalise 64 sièges sur 120 à la Knesset, il est à nouveau premier ministre d'Israël. Son parti, le Likoud obtient 32 sièges et les partis d'extrême droite totalisent 32 sièges également (1). La caractéristique essentielle de tous ces partis est la négation absolue des droits du peuple palestinien sur sa terre. Leur obsession est de faire de la Palestine l'Etat exclusif du "peuple juif". C'est une "Promesse" divine faite au peuple élu. Tous les dirigeants israéliens, religieux ou laïcs, de droite, d'extrême droite ou de gauche instrumentalisent ce mythe pour mieux escamoter l'histoire réelle du sionisme qui est avant tout un projet colonialiste. Mais un colonialisme qui ne ressemble à aucun autre.

La déclaration Balfour reconnue par La Société des Nations (SDN) plaçait en effet les palestiniens dans une situation bien particulière. Ils doivent faire face à la fois aux britanniques et aux sionistes. Les premiers étaient chargés de préparer la colonisation de la Palestine par les seconds. Comme disait l'écrivain Arthur Koestler, "une nation a solennellement promis à une seconde le territoire d’une troisième." (2)

Contrairement à toutes les autres colonisations, le rapport de force ici est triangulaire. Dans le régime colonial classique, le colonisé, l'opprimé affronte directement le colonisateur, l'oppresseur. En Palestine, la partie ne pouvait se jouer qu'à trois. Les palestiniens n'avaient d'autres choix que de se dresser, dans un combat très inégal, contre la Grande-Bretagne puissance mandataire et contre la colonisation sioniste qui cherche à les déposséder de leur terre et à les remplacer. Les dirigeants arabes, quant à eux, sont restés spectateurs et se sont contentés de demander aux anglais de jouer les arbitres.

Mais pour mieux comprendre l'essence du colonialisme sioniste et son exclusivisme, il faut peut-être se référer à un leader sioniste nettement moins hypocrite que la plupart des dirigeants israéliens. Il s'agit de Vladimir Jabotinsky (1880-1940), le fondateur du courant "révisionniste". Dans un article intitulé "Le mur d'acier" publié dans la revue Rassviet le 4 novembre 1923, Jabotinsky écrit :

" (...) Peu importe les mots. La colonisation porte en elle sa propre définition, totale et inéluctable. Elle est comprise par chaque juif et par chaque Arabe. La colonisation ne peut avoir qu'un seul objectif. Pour les Arabes palestiniens, cet objectif est inadmissible. Telle est la nature des choses. Changer cette nature est impossible. La colonisation ne peut être menée que contre la volonté des Arabes palestiniens. La colonisation sioniste, même la plus restreinte, doit ou bien cesser, ou bien être menée contre la volonté de la population indigène. Par conséquent, cette colonisation ne peut continuer et se développer que sous la protection d'une force indépendante de la population locale, d'un mur d'acier que la population locale ne peut forcer. Telle est, in toto, notre politique envers les Arabes. La formuler d'une autre manière relève de l'hypocrisie. (...) Tout cela ne signifie pas qu'un accord soit impossible. C'est l'accord volontaire qui est impossible. Tant qu'ils auront une lueur d'espoir de pouvoir se débarrasser de nous, ils ne vendront pas cette lueur pour n'importe quelles douces paroles ou quelques friandises, parce que ce ne sont pas des grippe-sous, mais une nation, peut-être quelque peu dépenaillée, mais encore vivante. Un peuple vivant ne fait de concessions aussi énormes sur des questions aussi importantes que lorsqu'il ne lui reste plus aucun espoir. C'est seulement lorsque aucune brèche ne sera laissée dans notre mur d'acier que les groupes extrémistes perdront leur empire et que l'influence passera du côté des groupes modérés. Et c'est alors seulement que ces groupes modérés pourront venir à nous avec des propositions de concessions mutuelles sur des questions pratiques, telle une garantie contre l'expulsion ou une égalité avec une autonomie nationale... Mais la seule voie pour parvenir à un tel accord est le mur d'acier, c'est-à-dire le renforcement, en Palestine, d'un gouvernement sur lequel les Arabes n'auront aucune influence, d'aucune sorte, d'un gouvernement contre lequel les Arabes lutteront. En d'autres termes, pour nous, la seule voie qui mène à un accord est le refus absolu de toute sorte d'accord."(3)

Ce texte a au moins le mérite d'être clair et sans hypocrisie sur le but final du sionisme : la colonisation doit se poursuivre d'une manière implacable contre la volonté des palestiniens à l'abri d'un "mur d'acier".

Si le courant "révisionniste" était minoritaire et peu influent à ses débuts, aujourd'hui il domine et détermine largement la politique israélienne fondée sur la stratégie du "mur d'acier". Tous les dirigeants sionistes, à un degré ou à un autre, sont acquis aux conceptions de Jabotinsky. Rappelons que le père de Benyamin Netanyahou était membre de l’Union mondiale des sionistes révisionnistes et un fervent adepte de Jabotinsky dont il était le secrétaire personnel. Benzion Netanyahou a élevé ses enfants dans la fidélité des idées de Jabotinsky (4).

Cet héritage idéologique familial, Netanyahou l'applique avec un zèle singulier. Son nouveau gouvernement multiplie déjà les provocations contre les palestiniens et proclame haut et fort le droit inaliénable et exclusif du "peuple juif" sur toute la terre palestinienne. C'est un gouvernement de continuité et non de changement ou de rupture. C'est un produit authentique du sionisme. Le visage sans fard du sionisme que les gouvernements successifs de gauche arrivaient plus ou moins à masquer, apparaît avec la nouvelle coalition au grand jour.

Avec ce gouvernement, les démolitions de maisons, les expulsions, la colonisation de ce qui reste des terres palestiniennes vont probablement s'accélérer. Car l'existence même du peuple palestinien est incompatible avec leur rêve du "Grand Israël". La haine du palestinien qui constitue un obstacle vivant à leur projet exclusiviste et la violence que cela implique s'inscrivent dans cette longue tradition du sionisme en général et des révisionnistes en particulier. La Haganah, l'Irgoun et le Betar sont intimement liés à Jabotinsky et son "mur d'acier" (5).

 

Le poète palestinien Tawfik Zayyad dont la poésie se confond avec cette "terre violée" de la Palestine ressentait, peut être plus que les autres poètes palestiniens, la tragique histoire de la Palestine et de son peuple qui lutte toujours pour sa survie. Dans un de ces poèmes (6) il écrivait :

Ici nous resterons

Gardiens de l'ombre des orangers et des oliviers

Si nous avons soif nous presserons les pierres

Nous mangerons de la terre si nous avons faim mais nous ne partirons pas !!

Ici nous avons un passé un présent et un avenir

 

Mohamed Belaali

 

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(1)https://www.gov.il/en/departments/units/25-election-commitee/govil-landing-page

(2))https://www.monde-diplomatique.fr/publications/manuel_d_histoire_critique/a53242

(3) Cité par Lotfallah Soliman, " Pour une histoire profane de la Palestine". La Découverte, 1989 page 34.

(4)https://www.monde-diplomatique.fr/1996/11/VIDAL/5873

(5)https://ujfp.org/lextreme-droite-dans-le-monde/

(6)https://www.belaali.com/2022/05/un-poete-palestinien-tawfik-zayyad.html

 

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3 janvier 2023 2 03 /01 /janvier /2023 07:57

Nous publions aujourd'hui, après d'autres écrits, une partie des conférences données par Marx devant le Conseil Général de l'Association Internationale des Travailleurs (AIT) les 20 et 27 juin 1865 en réponse à John Weston, membre influent de l'AIT et représentant des travailleurs anglais (1). Weston affirmait qu'une augmentation générale des salaires ne pouvait améliorer la situation des salariés. Selon lui, toute augmentation du niveau des salaires se traduirait par une hausse du prix moyen des marchandises et par conséquent le pouvoir d'achat des travailleurs resterait le même. Une hausse générale du taux du salaire, précise-t-il, n'a donc aucune utilité pour les ouvriers car "les prix des marchandises sont déterminés ou réglés par les salaires".

Marx tout en réfutant les conceptions de Weston, montre "qu'une hausse générale des salaires entraînerait une baisse générale du taux du profit, mais qu'elle serait sans effet sur les prix moyens des marchandises".

La théorie de Weston et des économistes bourgeois constituait et constitue encore aujourd'hui non seulement une arme efficace entre les mains des patrons contre les ouvriers, mais aussi une justification théorique de leur exploitation. Elle correspond aux intérêts des capitalistes dont l'une des priorités reste la compression des salaires.

Macron serviteur zélé de la classe dominante refuse obstinément d'augmenter les salaires. La loi sur le pouvoir d'achat du 16 août 2022 en est un exemple éloquent. De son côté, le patron des patrons, Geoffroy Roux de Bézieux va dans le même sens en affirmant qu' "une augmentation des salaires, c'est aussi une augmentation des prix". Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, tient lui aussi le même discours.

La réfutation par Marx des conceptions de Weston est non seulement très acuelle, mais constitue aussi une véritable arme entre les mains de la classe ouvrière éclairée face aux attaques quotidiennes des exploiteurs capitalistes. "La tendance générale de la production capitaliste, écrivait Marx, n'est pas d'élever le niveau moyen des salaires, mais de l'abaisser, c'est-à-dire de ramener, plus ou moins, la valeur du travail à sa limite la plus basse".

Mais au-delà du combat pour arracher aux capitalistes des hausses de salaires, Marx incite les travailleurs non seulement à combattre les conséquences inévitables du système, mais surtout à s'attaquer en même temps au régime du salariat qui lui est lié : "Les trade-unions agissent utilement en tant que centres de résistance aux empiétements du capital. Elles manquent en partie leur but dès qu'elles font un emploi peu judicieux de leur puissance. Elles manquent entièrement leur but dès qu'elles se bornent à une guerre d'escarmouches contre les effets du régime existant, au lieu de travailler en même temps à sa transformation et de se servir de leur force organisée comme d'un levier pour l'émancipation définitive de la classe travailleuse, c'est-à-dire pour l'abolition définitive du salariat".

 

Voici le chapitre 14 des conférences regroupées dans " Salaires, prix et profit" :

 

"La lutte entre le Capital et le Travail et ses résultats"

 

"Après avoir montré que la résistance périodiquement exercée de la part de l'ouvrier contre la réduction des salaires et les efforts qu'il entreprend périodiquement pour obtenir des augmentations de salaires sont inséparablement liés au système du salariat et sont provoqués par le fait même que le travail est assimilé aux marchandises et soumis par conséquent aux lois qui règlent le mouvement général des prix; après avoir montré, en outre, qu'une hausse générale des salaires entraînerait une baisse générale du taux du profit, mais qu'elle serait sans effet sur les prix moyens des marchandises ou sur leurs valeurs, maintenant il s'agit finalement de savoir jusqu'à quel point, au cours de la lutte continuelle entre le capital et le travail, celui-ci a chance de l'emporter.

Je pourrais répondre de façon générale et vous dire que le prix du marché du travail, de même que celui de toutes les autres marchandises, s'adaptera, à la longue, à sa valeur; que, par conséquent, en dépit de toute hausse et de toute baisse, et quoi que fasse l'ouvrier, il ne recevra finalement en moyenne que la valeur de son travail, qui se résout dans la valeur de sa force de travail, laquelle est déterminée, à son tour, par la valeur des moyens de subsistance nécessaires à sa conservation et à sa reproduction, et dont la valeur est finalement réglée par la quantité de travail qu'exige leur production.

 

(...) Ces quelques indications suffiront à montrer que le développement même de l'industrie moderne doit nécessairement faire pencher toujours davantage la balance en faveur du capitaliste contre l'ouvrier et que, par conséquent, la tendance générale de la production capitaliste n'est pas d'élever le niveau moyen des salaires, mais de l'abaisser, c'est-à-dire de ramener, plus ou moins, la valeur du travail à sa limite la plus basse. Mais, telle étant la tendance des choses dans ce régime, est-ce à dire que la classe ouvrière doive renoncer à sa résistance contre les atteintes du capital et abandonner ses efforts pour arracher dans les occasions qui se présentent tout ce qui peut apporter une amélioration temporaire à sa situation ? Si elle le faisait, elle se ravalerait à n'être plus qu'une masse informe, écrasée, d'êtres faméliques pour lesquels il n'y aurait plus de salut. Je pense avoir montré que ses luttes pour des salaires normaux sont des incidents inséparables du système du salariat dans son ensemble, que, dans 99 cas sur 100, ses efforts pour relever les salaires ne sont que des tentatives pour maintenir la valeur donnée au travail, et que la nécessité d'en disputer le prix avec le capitaliste est en connexion avec la condition qui l'oblige à se vendre elle-même comme une marchandise. Si la classe ouvrière lâchait pied dans son conflit quotidien avec le capital, elle se priverait certainement elle-même de la possibilité d'entreprendre tel ou tel mouvement de plus grande envergure.

En même temps, et tout à fait en dehors de l'asservissement général qu'implique le régime du salariat, les ouvriers ne doivent pas s'exagérer le résultat final de cette lutte quotidienne. Ils ne doivent pas oublier qu'ils luttent contre les effets et non contre les causes de ces effets, qu'ils ne peuvent que retenir le mouvement descendant, mais non en changer la direction, qu'ils n'appliquent que des palliatifs, mais sans guérir le mal. Ils ne doivent donc pas se laisser absorber exclusivement par les escarmouches inévitables que font naître sans cesse les empiétements ininterrompus du capital ou les variations du marché. Il faut qu'ils comprennent que le régime actuel, avec toutes les misères dont il les accable, engendre en même temps les conditions matérielles et les formes sociales nécessaires pour la transformation économique de la société. Au lieu du mot d'ordre conservateur: "Un salaire équitable pour une journée de travail équitable", ils doivent inscrire sur leur drapeau le mot d'ordre révolutionnaire: "Abolition du salariat".

Après cet exposé très long et, je le crains, bien fatigant, mais qu'il me fallait faire pour traiter de façon satisfaisante mon sujet, je conclurai en proposant d'adopter la résolution suivante:

  1. Une hausse générale du niveau des salaires entraînerait une baisse générale du taux des profits, mais ne toucherait pas en somme au prix des marchandises.

  2. La tendance générale de la production capitaliste n'est pas d'élever le salaire normal moyen, mais de l'abaisser.

  3. Les trade-unions agissent utilement en tant que centres de résistance aux empiétements du capital. Elles manquent en partie leur but dès qu'elles font un emploi peu judicieux de leur puissance. Elles manquent entièrement leur but dès qu'elles se bornent à une guerre d'escarmouches contre les effets du régime existant, au lieu de travailler en même temps à sa transformation et de se servir de leur force organisée comme d'un levier pour l'émancipation définitive de la classe travailleuse, c'est-à-dire pour l'abolition définitive du salariat."

 

Karl Marx, Salaire, prix et profit.

Source : https://www.marxists.org/francais/marx/works/1865/06/km18650626.htm

 

Mohamed Belaali

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(1) Ces conférences n'ont jamais été publiées du vivant de Marx. C'est sa fille Eleanor qui les a publiées en 1898 sous le titre Value, Price and Profit avec une préface d'Edward Aveling.

 

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13 décembre 2022 2 13 /12 /décembre /2022 07:58

En janvier 2007, Nicolas Sarkozy disait : "Je veux changer la pratique de la République. Je veux une République irréprochable" (1). Aujourd'hui l'ancien président de la République est jugé pour toute une série "d'affaires" (Bygmalion, financement libyen, «Azibert», Karachi etc...). Il a même été condamné deux fois à de la prison ferme dans deux affaires différentes. C'est historique ! Et plusieurs autres "affaires" attendent encore Nicolas Sarkozy devant les tribunaux. Mais ce passage à répétition devant les juges n'est que l'arbre qui cache la forêt. Le nombre d'hommes et de femmes politiques impliqués, à un degré ou à un autre, dans les "affaires" est impressionnant. Voici une liste non exhaustive qui ne doit pas masquer le caractère récurrent et structurel de la corruption qui règne dans toutes les sphères de l’État. Sans remonter aux diamants centrafricains de Giscard, on peut citer pêle-mêle à titre d'exemple seulement quelques responsables politiques :

 

Raymond Barre, Jacques Médecin, Michel Mouillot, Christine Boutin, Christian Blanc, Christian Estrosi, Alain Joyandet, Eric Worth, Jérôme Cahuzac, Alain Juppé, André Santini, Claude Guéant, le couple Balkany, Serge Dassault, Jean-Michel Baylet, Jean-Noël Guérini, Jean-François Copé, Edouard Balladur, Jacques Chirac, Jean-Pierre Bechter, Maryse Joissains, Gaston Flosse, Jacques Mellick, Charles Pasqua, Pierre Bedier, Aquilino Morelle, Alain Carignon, Bernard Tapie, Thomas Thévenoud, Georges Tron, François Léotard, François Fillon, Léon Bertrand, François Bayrou, François de Rugy, Richard Ferrand, Laura Flessel, Jean-Paul Delevoye, Sylvie Goulard, Marielle de Sarnez, Françoise Nyssen, Alexis Kohler, Jean-Christophe Lagarde, Caroline Cayeux etc. etc.

 

D'autres noms viendront allonger cette liste déjà longue. Car ces "affaires" et ces scandales sont intimement liés au fonctionnement même du système capitaliste qui les produit et reproduit de manière permanente. Il ne s'agit pas ici d'une affaire de morale, républicaine ou non, mais la conséquence d’un système économique dont les intérêts de classes constituent le fondement matériel. Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron ne disaient-ils pas : "Nous conjurerons le pire en remettant de la morale dans la politique" (2) par "une vraie stratégie de moralisation de la vie publique" (3).

 

"La moralisation de la vie publique" (4), "la nécessité d'une lutte implacable contre les dérives de l'argent" (5) etc. ne sont en réalité que de grossiers mensonges derrière lesquels la classe dirigeante tente de dissimuler ses pratiques mafieuses pour mieux leurrer les classes populaires. Invoquer la morale dans le cadre du système actuel est non seulement une illusion, mais par dessus le marché une grande hypocrisie.

 

Aujourd'hui, en guise de la république "irréprochable" et "exemplaire", on a plutôt une république corrompue livrée, pieds et poings liés, au capital, aux cabinets de conseils, aux ministres millionnaires qui la violent chaque jour sous le regard stupéfait des plus démunis. Les travailleurs découvrent que ces corrompus, qui de surcroît cachent souvent leur magot dans les paradis fiscaux pour échapper à l'impôt, possèdent des patrimoines sans commune mesure avec leurs propres salaires. Combien de siècles de labeur et de souffrance au travail faut-il à un smicard par exemple pour atteindre le patrimoine déclaré et non déclaré de ces ministres? Et ce sont ces mêmes possédants qui exigent des salariés de travailler toujours plus et leur imposent toujours plus de sacrifices. Le cynisme et le mépris pour le peuple de ces hommes et de ces femmes corrompus n'ont d'égal que leur soumission aux puissants. Qu'elle est belle la république bourgeoise !

 

On peut adopter les lois que l’on veut contre la corruption, les affaires et les privilèges, mener toutes les enquêtes possibles, on peut même diminuer et limiter leur importance, mais on ne peut pas les éliminer. Car leur existence et celle du capitalisme sont tellement imbriquées l’une dans l’autre que l’on ne peut supprimer l’une sans éliminer l’autre. Les lois et les mesures prises pour lutter contre la corruption ne sont que des paravents derrière lesquels la bourgeoisie dissimule ses forfaits. Le problème n’est donc pas l’existence de la corruption, des scandales financiers, des affaires et autres privilèges, mais celle du capitalisme qui les engendre. Il y a eu dans le passé des scandales, il y a aujourd’hui des scandales et il y aura dans l’avenir d’autres scandales tant que ce système existe. Le véritable scandale, c’est le capitalisme lui-même.

 

Mohamed Belaali

 

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(1)https://www.lemonde.fr/idees/article/2012/04/26/la-republique-irreprochable-pour-memoire_1691151_3232.html

(2)https://www.lemonde.fr/idees/article/2012/04/26/la-republique-irreprochable-pour-memoire_1691151_3232.html

(3).https://www.dailymotion.com/video/x5do11u

(4)https://www.vie-publique.fr/loi/20774-loi-confiance-dans-la-vie-politique-moralisation-de-la-vie-publique

(5)https://www.vie-publique.fr/discours/187662-francois-hollande-10042013-moralisation-de-la-vie-politique-fraude

 

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24 octobre 2022 1 24 /10 /octobre /2022 07:36

A l'époque où le journalisme est devenu une vulgaire marchandise soumise aux vicissitudes du marché et un instrument de propagande entre les mains des puissants, il est utile de montrer à travers l'exemple de John Reed que cette profession peut être aussi un moyen efficace au service des luttes sociales sans renoncer pour autant à la vérité du terrain.

 

Le 17 octobre 1920 est décédé à Moscou, à l'âge de 33 ans, le journaliste révolutionnaire John Reed. L'auteur des "Dix jours qui ébranlèrent le monde" est né dans une riche famille à Portland, en Oregon, le 22 octobre 1887. Son grand-père a fait fortune dans le commerce des fourrures, son père dans la vente à grande échelle de matériel agricole. Diplômé de Harvard qu'il quitte en 1910, il rejoint en 1913 The Masses, magazine progressiste à la fois politique et culturel. Il couvre alors une série de grèves ouvrières comme celle des travailleurs de la soie dans la ville de Paterson dans le New Jersey. Dans «Guerre à Paterson», il écrit : "Il y a la guerre à Paterson. Mais c'est une sorte de guerre curieuse. Toute la violence est l'œuvre d'un seul côté - les propriétaires de l'usine" (1).

Ses témoignages sur les combats ouvriers lui ont valu des séjours répétés dans les prisons fédérales.

Cette première rencontre avec des travailleurs en grève lui a au moins permis de comprendre que le journalisme peut être un moyen efficace au service des luttes sociales non seulement aux États-Unis mais partout à travers le monde.

Quelques temps après, John Reed part pour le Mexique afin de couvrir pour Metropolitan Magazine de New York la révolution mexicaine menée par Pancho Villa. Le témoignage de Reed sur ce soulèvement populaire porte sur une courte période (quatre mois). Mais c'est peut-être la période la plus intense, la plus chargée d'espoir où Pancho Villa est considéré déjà comme une légende vivante. Dans ses chroniques, Reed mêle à la fois le souci d'une information objective et sa profonde sympathie pour les insurgés mexicains. En 1914 John Reed fait paraître "Le Mexique insurgé", somme d'articles et chroniques de cette expérience mexicaine. Une adaptation partielle du livre de Reed est portée à l'écran en 1973 par Paul Leduc : "Reed, Mexico Insurgente" (2).

En juillet 1914 toujours dans Metropolitan, Reed publie une longue lettre "The Colorado War" où il décrit avec minutie la grève et le massacre de Ludlow dans le sud du Colorado. Vingt-six ouvriers et leurs familles ont été abattus à la mitrailleuse par la garde nationale et les hommes de Rockefeller. L'historien Howard Zinn dit de cette grève des mineurs qu'elle fut "l'un des plus durs et des plus violents conflits entre les travailleurs et le capital industriel de l'histoire des États-Unis" (3).

Mais c'est surtout sa rencontre avec la révolution d'octobre 1917 qui va révéler les qualités journalistiques de Reed. Dans son magnifique livre les "Dix jours qui ébranlèrent le monde", il décrit avec passion et enthousiasme les événements historiques qui vont changer la face du monde. Il a su capter et transmettre les revendications et les aspirations humaines les plus simples et les plus fondamentales des ouvriers, des soldats et des paysans russes : "la paix, la terre, le pain, la fraternité, tout le pouvoir aux soviets...". Voici comment Reed décrit les premiers moments de la Révolution : «Quelque chose s’était brusquement éveillé en tous ces hommes. L’un parlait de la révolution mondiale en marche, un autre de l’ère nouvelle de fraternité, où tous les peuples ne seront plus qu’une grande famille (…) Mus par une commune impulsion, nous nous trouvâmes soudain tous debout, joignant des voix dans l’unisson et le lent crescendo de l’Internationale. Un vieux soldat grisonnant sanglotait comme un enfant. Alexandra Kollontaï rentrait ses larmes. Le chant roulait puissamment à travers la salle, ébranlant les fenêtres et les portes et allant se perdre dans le calme du ciel" (4).

 

Reed ne se contente pas seulement de rapporter des faits au jour le jour, il prend résolument partie pour les révolutionnaires. Il est à la fois témoin consciencieux et acteur de cette immense révolution: "Au cours de la lutte, mes sympathies n'étaient pas neutres écrit-il. Mais, en retraçant l'histoire de ces grandes journées, j'ai voulu considérer les événements en chroniqueurs consciencieux, qui s'efforce de fixer la vérité" (5).

Dans la préface du livre de Reed, Lénine écrivait : "Après avoir lu avec un immense intérêt et la même attention jusqu'au bout le livre de John Reed, Dix jours qui ébranlèrent le monde, je recommande du fond du cœur cette œuvre aux ouvriers de tous les pays. Je voudrais que ce livre soit répandu à des millions d'exemplaires et traduit dans toutes les langues, car il donne un tableau exact et extraordinairement vivant d'événements qui ont une si grande importance pour comprendre ce qu'est la révolution prolétarienne, ce qu'est la dictature du prolétariat»"(6).

La vie de Reed et les "Dix jours qui ébranlèrent le monde" sont portés à l'écran en 1981 par Warren Beatty. «Reds», ce passionnant film avec Diane Keaton et Jack Nicholson, entre autres, a largement contribué à faire connaître au grand public le journaliste et révolutionnaire John Reed.

 

Le 17 octobre 1920, John Reed le journaliste, le révolutionnaire et l'internationaliste s'est éteint à l'hôpital Marinski de Moscou emporté à l'âge de 33 ans par le typhus. Il repose à coté d'autres révolutionnaires sur la Place Rouge contre le mur du Kremlin. Sur sa tombe on peut lire "John Reed, délégué à la IIIe Internationale, 1920».

 

Mohamed Belaali

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(1)https://www.marxists.org/archive/reed/1913/masses06.htm

(2)https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Reed,_Mexico_insurgente

(3)Howard Zinn, « Une histoire populaire des États-Unis », Agone, 2002, p. 403

(4) «Dix jours qui ébranlèrent le monde. Éditions Tribord, 2010, pages 228/229

(5) John Reed, «Les dix jours qui ébranlèrent le monde», page 33

(6)John Reed, « Dix jours qui ébranlèrent le monde », page 25.

 

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17 octobre 2022 1 17 /10 /octobre /2022 06:54

Le 17 octobre 1961 l'Etat français, à travers sa police, massacrait en plein Paris des centaines de travailleurs algériens qui manifestaient dignement et pacifiquemnt contre le couvre-feu raciste qu'on leur imposait. Une folie coloniale de plus.

"Il est conseillé de la façon la plus pressante aux travailleurs algériens de s'abstenir de circuler la nuit dans les rues de Paris et de la banlieue parisienne" écrivait Maurice Papon préfet de police de Paris.

Les ouvriers algériens et leurs familles ont décidé, vaille que vaille, de manifester dans la capitale coloniale. C'est leur manière de contribuer à l'édification de la nouvelle nation algérienne.

La police a tiré sur la foule. Des manifestants ont été jetés dans la Seine qui a, des jours durant, charrié leurs cadavres. Les blessés ont été emmenés sans ménagement au Palais des sports et au Stade Pierre-de-Coubertin comme au Stade de Santiago de Chili en 1973 où l'on entassait les opposants au général Pinochet.

17 octobre 1961, c'est peut-être le plus grand massacre d'ouvriers après la Commune de Paris.

Un lourd silence s'est alors abattu sur ce crime d'Etat. Livres, témoignages, films, reportages, documents historiques, dossiers de presse, archives etc. pendant des décennies ont été saisis et interdits. La radio et la télévision ont été bridées. La mémoire du 17 octobre a été occultée pour mieux refouler l'ensemble des crimes coloniaux.

Il faut peut-être beaucoup de temps pour que la bourgeoisie française, responsable de ce massacre, ose montrer son visage hideux. Comme disait Frantz Fanon dans Les damnés de la terre, cette bourgeoisie qui aime tant parler de l'homme et des droits de l'homme"tout en le massacrant partout où elle le rencontre, à tous les coins de ses propres rues, à tous les coins du monde".

 

Mohamed Belaali

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9 octobre 2022 7 09 /10 /octobre /2022 07:46

 

"Toute notre action est un cri de guerre contre l'impérialisme et un appel vibrant à l'unité des peuples contre le grand ennemi du genre humain : les Etats-Unis".

Ernesto Che Guevara

 

Le 9 octobre 1967, Ernesto Che Guevara a été exécuté à la Higuera par l'armée bolivienne encadrée par la CIA américaine. Pour l'impérialisme yankee, le Che était devenu l'homme à abattre. Non seulement il représentait un danger pour les intérêts de la bourgeoisie américaine parce que la révolution a triomphé à Cuba à moins de 150 km des Etats-Unis, mais aussi et surtout parce que son combat contre l'impérialisme était total, planétaire. Le Che a bien compris que l'impérialisme était le véritable ennemi des peuples. Combattre l'impérialisme partout à travers le monde était pour lui "le plus sacré des devoirs" (1) . L'impérialisme américain et sa puissance restent le danger principal de l'humanité, "le grand ennemi du genre humain " disait le Che.

Ernesto Che Guevara était persuadé que la défaite de l'impérialisme passe nécessairement par le triomphe de la révolution mondiale. La victoire ne sera jamais complète tant que d'autres peuples restent soumis à la domination impérialiste La révolution cubaine n'était pour lui qu'un tremplin pour d'autres bouleversements à travers la planète. L'internationalisme non seulement reste un devoir pour tout révolutionnaire, mais surtout une nécessité stratégique dans la lutte anti-impérialiste.

Mais le Che ne se contentait pas seulement de discourir et de théoriser la lutte contre l'impérialisme. Il a mené personnellement un combat aussi héroïque que désespéré contre l'impérialisme américain que ce soit dans la Sierra Maestra cubaine, dans le maquis congolais ou encore dans la forêt et les montagnes boliviennes. Il ne suffit pas "de souhaiter le succès à la victime de l’agression, mais de partager son sort, de l’accompagner dans la mort ou dans la victoire" (2).

La pratique et la théorie étaient pour le Che étroitement liées et tellement imbriquées l'une dans l'autre qu'elles ne forment qu'un tout inséparable. Son intégrité, sa sincérité et son honnêteté, de l'avis même de ses ennemis, étaient totales. Sa vie, brève mais intense, se confondait avec ses idées. Il a été jusqu'au bout de ses convictions révolutionnaires, "dans une révolution on triomphe ou on meurt (si elle est véritable)" disait-il (3). Le pouvoir, le prestige, les honneurs... ne l'ont jamais corrompu. Son mode de vie gênait et irritait tous les bureaucrates qui s'installent confortablement dans leurs nouveaux postes de commandement.

Dans son combat permanent contre l'impérialisme yankee, Ernesto n'a pas hésité à troquer son poste de ministre de l'industrie contre celui de guérillero dans les maquis congolais et bolivien; "d’autres terres du monde réclament le concours de mes modestes efforts" disait-il (4).

Pour sa famille, il n'a légué aucun bien matériel. A ses enfants, il ne leur a laissé qu'une lettre dans laquelle il leur conseillait "d'étudier beaucoup" mais avant tout, ajoute-t-il "soyez surtout capables de sentir, au plus profond de vous-mêmes, toute injustice commise contre quiconque en quelque partie du monde. C’est la plus belle qualité d’un révolutionnaire" (5).

Aujourd'hui l'impérialisme américain contre lequel s'est élevé le Che sème encore la terreur et la désolation à travers le monde. Il est toujours aussi déterminé que par le passé à détruire et à anéantir tout gouvernement, toute opposition et toute résistance qui menace ses intérêts économiques et stratégiques. Il est la négation du Droit des nations à disposer d'elles-mêmes. l'impérialisme yankée dans sa forme guerrière est devenu un monstre dont les conséquences ont atteint des dimensions épouvantables.

Le combat mené par le Che à son époque et dans d'autres conditions contre l'impérialisme américain n'a jamais été aussi actuel qu'aujourd'hui. La résistance se poursuivra inévitablement, dans des conditions différentes, tant que la violence et l'oppression impérialistes existeront.

 

Le Che est mort, mais son souvenir restera, pour celles et ceux qui luttent contre l'impérialisme et contre toutes les formes d'injustices, "enfoui tel un trésor dans la partie la plus profonde, la plus secrète et la plus riche de leur être, réchauffant leur courage, attisant leur énergie" (6).

 

Mohamed Belaali

 

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(1)En los nuevos campos de batalla llevaré la fe que me inculcaste, el espíritu revolucionario de mi pueblo, la sensación de cumplir con el más sagrado de los deberes: luchar contra el imperialismo dondequiera que esté: esto reconforta y cura con creces cualquier desgarradura» :

http://www.cuba.cu/gobierno/discursos/1965/esp/f031065e.html

(2)https://www.marxists.org/francais/guevara/works/1967/00/tricontinentale.htm

(3)http://www.cuba.cu/gobierno/discursos/1965/esp/f031065e.html

(4)http://www.cuba.cu/gobierno/discursos/1965/esp/f031065e.html

 

(5)http://www.cubadebate.cu/especiales/2017/10/04/che-a-sus-hijos-su-padre-ha-sido-un-hombre-que-actua-como-piensa/#.XY25EUYzaUk

(6)Ahmed Ben Bella premier président de l'Algérie indépendante. Le Monde diplomatique, octobre 1997.

 

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29 septembre 2022 4 29 /09 /septembre /2022 06:17

En avril 2022, une trêve fragile de deux mois renouvelable est signée au Yémen entre les belligérants. C'est une lueur d'espoir pour ce pays ravagé par sept ans de guerre depuis l'intervention militaire saoudienne en mars 2015. Les conséquences sont terribles : 377 000 victimes (1) et "70% de la population, dépendent de l’aide humanitaire pour leur survie et quatre millions de personnes sont déplacées au sein des frontières du pays" (2). Les hommes ne sont malheureusement pas les seules victimes de cette folie guerrière qui a détruit une partie importante de l’héritage culturel et architectural yéménite, patrimoine mondial de l'humanité. Ici comme ailleurs, la religion (chiites contre sunnites) est instrumentalisée pour mieux dissimuler la réalité profane, économique et politique, qui constitue la véritable base de cette guerre.

 

Les États-Unis, la France, le Royaume Uni, les armées du Golfe et les forces égyptiennes notamment participent directement ou indirectement à cette agression armée appelée «Tempête décisive». L'Arabie Saoudite utilise au Yémen des armes fabriquées et vendues par les États-Unis qui sont extrêmement dangereuses pour les civils et interdites par des traités internationaux (3). Rappelons aussi que les armes vendues par la France à l'Arabie Saoudite sont massivement utilisées au Yémen (4).

Le patrimoine culturel du Yémen est lui aussi pris pour cible. Des zones entières inscrites pourtant au patrimoine mondial de l'humanité sont ravagées par des raids aériens de la coalition (5). Les vieux quartiers de Sanaa, capitale du Yémen et plusieurs fois millénaires, n'ont pas échappé à la violence destructrice des avions américains pilotés par des saoudiens. Désormais l'ancienne ville de Sanaa et Shibam sont classées par l'UNESCO comme patrimoine mondial en péril (6). Ces destructions de l'héritage culturel du peuple yéménite et patrimoine mondial de l'humanité ressemblent étrangement aux crimes perpétrés par l'armée américaine contre l'histoire et la mémoire d'un autre pays qui a vu naître sur son sol de brillantes et splendides civilisations, il s'agit de la Mésopotamie c'est à dire l'Irak d'aujourd'hui ou tout du moins ce qu'il en reste : "C’est sur cette terre que l’écriture et le calcul, entre autres, furent inventés. Mais la Mésopotamie c’est aussi Babylone et ses jardins suspendus (septième merveille du monde), Hammourabi et son code, Nabuchodonosor II et sa conception architecturale etc. etc" (7). L'impérialisme et ses alliés locaux non seulement sont les ennemis des peuples mais aussi de leur culture, de leur histoire et de leur mémoire.

Pour l'Arabie Saoudite, le Yémen n'est que le prolongement de son propre territoire. Les affaires intérieures du Yémen sont les affaires intérieures de l'Arabie Saoudite. Le Yémen doit rester un pays totalement inféodé au royaume wahhabite. On rapporte que sur son lit de mort, l'émir Abdelaziz Ibn Saoud (1880-1953), fondateur de l'Arabie «moderne» avec l'aide des britanniques, disait que "le bonheur du Royaume est dans le malheur du Yémen". Ce racontar est probablement faux, mais il n'en demeure pas moins significatif et représentatif des relations complexes et conflictuelles entre les deux pays.

Précisons que le Yémen est la seule république au milieu des monarchies pétrolières riches et puissantes. Le Yémen, appelé autrefois l'«Arabie heureuse» pour sa prospérité, est aujourd'hui l’un des pays les plus pauvres de la planète. Il est relégué, pour son Indicateur de développement humain (IDH), aux dernières places par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) (8).

Mais le Yémen c’est aussi le détroit de Bāb al-Mandab (porte des lamentations en arabe) qui commande l’entrée à la mer Rouge et surtout le Golfe d’Aden qui sépare le continent africain du continent asiatique et constitue de ce fait une voie maritime importante pour les échanges mondiaux. Autant dire que le Yémen représente un intérêt stratégique évident pour l'Arabie Saoudite et bien sûr pour les États-Unis très présents dans la région à travers leurs bases militaires notamment. La position géostratégique et ses nombreuses potentialités ont toujours fait du Yémen un pays convoité par les puissances étrangères et déchiré par des conflits internes entre conservateurs et progressistes qui l'ont rendu instable et difficilement gouvernable. De ce fait le Yémen constitue aussi une source d'inquiétude et une menace non seulement pour le Royaume saoudien mais aussi pour les autres dynasties du Golfe qui redoutent que d'éventuelles révoltes politiques et des revendications démocratiques ne s'étendent à toute la région.

En 2011 le soulèvement populaire au Yémen comme dans tout le monde arabe contre les régimes d'un autre âge a poussé l'Arabie Saoudite, avec l'aval des américains, à intervenir pour briser l'élan formidable des révoltes pacifiques du peuple yéménite dans toute sa diversité. Rappelons pour mémoire que ce soulèvement a réussi à renverser le président Ali Abdallah Saleh au pouvoir depuis 1978. L'écrasement du soulèvement populaires au Yémen par la contre-révolution incarnée par l'Arabie Saoudite avec la complicité de l'impérialisme américain a créé les conditions matérielles propices au développement de l'obscurantisme, du terrorisme et de la guerre civile.

Profitant du chaos qui règne au Yémen depuis l'écrasement des révoltes populaires, les Houthis s'emparent de Sanaa et obligent le président Abd Rabbo Mansour Hadi, installé au pouvoir par l'Arabie Saoudite, à démissionner mettant de facto un terme à l'accord de Riyad dont ils étaient exclus. L'Arabie et les monarchies du Golfe ne peuvent tolérer l'installation à Sanaa d'un pouvoir qu'elles accusent d'être à la solde de l'Iran. Dans la nuit du mercredi à jeudi 26 mars 2015, l'Arabie Saoudite intervient, une fois encore, au Yémen. Dans cette région du monde, l'Arabie Saoudite joue le rôle de rempart contre tout changement démocratique et progressiste.

 

Le Royaume wahhabite se saisit ainsi de la religion pour mieux étendre son influence et sa puissance dans la région. La religion est au service des ambitions politiques et des intérêts économiques. L'Islam est ainsi utilisé comme couverture et comme idéologie de légitimation pour, en dernière analyse, perpétuer le pouvoir et les privilèges de la dynastie des Al Saoud.

 

Mohamed Belaali

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(1)https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/yemen/yemen-le-conflit-a-fait-377-000morts_4859887.html

(2)https://www.unhcr.org/be/urgence-au-yemen

(3)https://www.hrw.org/fr/news/2016/05/06/yemen-recours-par-larabie-saoudite-des-armes-sous-munitions-de-fabrication

(4)https://www.arte.tv/sites/story/reportage/yemen-des-armes-made-in-france/

(5)https://www.lorientlejour.com/article/940026/operation-detruire-lheritage-culturel-du-moyen-orient-.html

(6)https://fr.unesco.org/news/vieille-ville-sana-ancienne-ville-shibam-son-mur-enceinte-yemen-ajoutees-liste-du-patrimoine

(7)https://www.belaali.com/article-les-ravages-de-la-guerre-imperialiste-en-irak-48981793.htm

(8)https://hdr.undp.org/system/files/documents/global-report-document/hdr2021-22overviewfrpdf.pdf

 

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