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9 décembre 2018 7 09 /12 /décembre /2018 17:34

Blindés, canons à eau, police montée, voltigeurs, CRS en surnombre et surarmés, arrestations arbitraires, préventives et humiliantes (1), des blessés et des gardés à vue par centaines, des visages défigurés, des bras arrachés, violation du droit de circuler et de manifester, les leaders du Mouvement persécutés, stations de métro fermées, lynchage médiatique etc. etc. (2) : voilà un aperçu très rapide des moyens déployés par la classe dirigeante lorsque le peuple ose relever la tête. Si le combat des Gilets jaunes perdure et devient une lutte politique de classe contre classe, la bourgeoisie n'hésitera pas à faire appel à l'armée. Toute son histoire n'est que haine et violence envers le peuple et plus particulièrement envers les travailleurs (1831, 1934, 1848, 1871, 1906 etc.etc.). Les morts de ces révoltes hantent toujours la bourgeoisie française. Et comme disait Jules Guesde «Notre bourgeoisie est la plus dure et la plus impitoyable de toutes les bourgeoisies» (3).

La classe au pouvoir n'a absolument rien à offrir aux plus démunis à part le mépris, les mensonges, les illusions, les promesses et surtout la répression féroce en cas de révolte et de résistance. Comment peut-on qualifier alors un régime qui méprise son peuple et humilie sa jeunesse ?

Macron et son gouvernement n'ont pas encore compris qu'il s'agit d'un large mouvement populaire avec toutes ses contradictions, ses faiblesses mais aussi avec toute sa grandeur. Il ne s'agit pas de manifestations habituelles pour satisfaire telles ou telles revendications corporatistes, mais d'une révolte et d'un soulèvement populaire contre les injustices économiques et sociales. Le Mouvement des Gilets jaunes, s' il met en exergue des revendications économiques, il est aussi et en même temps, à l'instar des peuples arabes du Maroc au Yémen en 2011, une révolte contre la « Hogra », ce mépris profond des classes dirigeantes.

 

La guerre ouverte et sans répit que mène aujourd'hui Macron, comme hier Sarkozy et Hollande, contre l'immense majorité de la population a au moins le mérite de démystifier l’État, la démocratie, la liberté de la presse, la séparation des pouvoirs, les droits de l’homme et bien d’autres concepts de l’idéologie bourgeoise dont la fonction principale est de masquer la violence des rapports sociaux de domination.

 

Dès que les opprimés contestent un tant soit peu l'ordre établi, la classe au pouvoir montre son vrai visage «ce visage hideux qu'elle dissimulait pendant les périodes « paisibles », son discours sur le droit de grève, de manifestation, de libre circulation etc. n'est qu’hypocrisie et mensonge. Macron et son gouvernement n’hésiteront pas à exercer la répression la plus féroce pour briser le Mouvement. Ils (les Gilets jaunes) prendront peut-être conscience que plus la lutte dure dans le temps et se transforme en combat politique, plus la classe au pouvoir devient brutale, arrogante et odieuse» (4). Ainsi une petite minorité mais possédant tous les pouvoirs, notamment l'appareil étatique et médiatique, impose par la force à la grande majorité de la population sa propre volonté.

 

La bourgeoisie qui crée les conditions matérielles et symboliques de la révolte et de la résistance, utilise en même temps la répression et la violence contre les révoltés et les résistants. La brutalité économique exercée par la classe dirigeante sur une grande partie de la population reste anonyme, muette, silencieuse et invisible. La misère et les souffrances du peuple sont niées et occultées. Jean Jaurès disait : «(...) tandis que l’acte de violence de l’ouvrier apparaît toujours, est toujours défini, toujours aisément frappé, la responsabilité profonde et meurtrière des grands patrons, des grands capitalistes, elle se dérobe, elle s’évanouit dans une sorte d’obscurité» (5).

 

L'ordre bourgeois doit, vaille que vaille, régner. Le pouvoir patronal doit rester sans partage. Malheur à ceux et celles qui crient à l'injustice, à l'exploitation, aux humiliations etc. A La moindre révolte, la démocratie bourgeoise devient ce qu'elle est réellement, une dictature, celle du capital. Et comme disait Marx : «  Pour qu'une classe soit par excellence la classe de l'émancipation, il faut inversement qu'une autre classe soit ouvertement la classe de l'asservissement» (6).

 

Mohamed Belaali

 

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(1)https://www.youtube.com/watch?v=mehkGLrpER8

(2)https://www.interieur.gouv.fr/Actualites/L-actu-du-Ministere/Un-dispositif-de-grande-envergure-pour-les-manifestations-du-8-decembre

(3) Cité par Tariq Ali dans Les dilemmes de Lénine, page 167.

(4)http://www.belaali.com/2018/11/gilets-jaunes-transformer-la-contestation-spontanee-en-lutte-consciente.html

(5)Jean Jaurès, discours devant la Chambre des députés, séance du 19 juin 1906

https://www.humanite.fr/air-france-jean-jaures-le-patronat-na-pas-besoin-lui-pour-exercer-une-action-violente-de-gestes

(6)https://www.marxists.org/francais/marx/works/1843/00/km18430000.htm

 

 

 

 

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