Il y a 60 ans jour pour jour, l'Etat français à travers sa police, massacrait en plein Paris des centaines de travailleurs algériens qui manifestaient dignement et pacifiquemnt contre le couvre-feu raciste qu'on leur imposait. "Il est conseillé de la façon la plus pressante aux travailleurs algériens de s'abstenir de circuler la nuit dans les rues de Paris et de la banlieue parisienne, et plus particulièrement entre 20 h 30 et 5 h 30 du matin" écrivait Maurice Papon Préfet de police de Paris. Les ouvriers algériens et leurs familles ont décidé de manifester. La police a tiré sur la foule. Beaucoup de ces travailleurs ont été brutalement jetés dans la Seine qui des jours durant a charrié leurs cadavres. Des manifestants blessés ont été emmenés sans ménagement au Palais des sports et au Stade Pierre-de-Coubertin comme au Stade de Santiago de Chili en 1973 où l'on entassait les opposants au général Pinochet.
17 octobre 1961, c'est peut-être le plus grand massacre d'ouvriers après la Commune de Paris.
Un lourd silence s'est alors abattu sur ce crime d'Etat. Livres, témoignages, films, reportages, documents historiques, dossiers de presse, accès aux archives etc. pendant des décennies ont été saisis et interdits. La mémoire du 17 octobre a été occultée. Il faut peut-être beaucoup de temps pour que la bourgeoisie française, responsable de ce massacre, ose montrer son visage hideux. Comme disait Frantz Fanon dans Les Dannés de la terre, cette bourgeoisie qui aime tant parler de l'homme, des droits de l'homme,"tout en le massacrant partout où elle le rencontre, à tous les coins de ses propres rues, à tous les coins du monde".
Mohamed Belaali