La journaliste palestinienne de la chaîne Al Jazeera, Shireen Abou Akleh, a été assassinée par l'armée israélienne le 11 mai 2022 à Jénine en Cisjordanie occupée. La journaliste qui portait pourtant son gilet "Presse" a été abattue par une balle dans la tête. Elle était âgée de 51 ans.
Née en 1971 à Jérusalem de parents arabes chrétiens, Shireen était la journaliste la plus célèbre d'Al Jazeera. Elle "couvrait, comme disait la journaliste Nida Ibrahim, le quotidien des palestiniens". "Toujours présente sur le terrain, Shireen ne reculait jamais. Elle a couvert une multitude d’événements palestiniens historiques - la bataille de Jénine, la deuxième Intifada, les multiples raids israéliens. Elle n’a jamais reculé, elle recueillait les preuves, rassemblait les indices, dévoilait les crimes" ajoutait Dia al-Adam le présentateur de la chaîne "Palestine TV". Elle était en quelque sorte la voix des palestiniens, la voix des sans voix.
Son cercueil avait été pris d'assaut par la police. Israël lui a refusé même ce droit élémentaire d'être enterrée dans la dignité. Et comme si cela ne suffisait pas, il a détruit la rue qui porte son nom et rasé son mémorial privant ainsi la famille et les amis de Shireen de la possibilité de lui rendre hommage sur le lieu où elle a été abattue. Le Mémorial "transmettra l'image de la vérité et celle de la souffrance pour les générations futures" disait Anton Abou Akleh, frère de la journaliste (1). La vie et la dignité du palestinien n'ont aucune espèce de valeur. Elles sont méprisées, niées. Le palestinien est dépouillé de son humanité. Il est déshumanisé, animalisé et bestialisé. C'est ce langage zoologique qu'utilise Israël lorsque il parle des palestiniens : "Nous combattons les animaux humains et agissons en conséquence" disait Yoav Galant ministre de la Défense de l'Etat sioniste.
L'assassinat de Shireen s'ajoute à la longue liste des journalistes palestiniens tués par l'armée d'occupation, sans compter les dizaines de journalistes détenus derrière les barreaux des prisons israéliennes. Rien que depuis le 7 octobre 2023, au moins 135 journalistes palestiniens ont été tués par Israël à Gaza (2).
Ces crimes resteront, comme d'ailleurs le génocide en cours à Gaza, impunis. Israël a rejeté toutes les résolutions des Nations unies et se moque de toutes les conventions. Il ne respecte ni le droit international, ni le droit humain. C'est un Etat qui ne ressemble à aucun autre. Il est au-dessus des lois. C'est un cas unique dans l'histoire récente des relations internationales. Pourtant Israël agit en pleine lumière. Il ne cache pas ses massacres. Il les expose même à la face du monde avec cette arrogance qui caractérise les colonisateurs, les oppresseurs. Cette totale impunité dont bénéficie l'entité sioniste depuis sa création en 1948 ne peut s'expliquer que par le soutien indéfectible et décisif des puissances capitalistes occidentales dont Israël est le produit le plus authentique. Elles l'ont façonné à leur image. La barbarie sioniste ne peut que ressembler à celle de ses maîtres. L'existence d'Israël sur la terre palestinienne fait partie intégrante de ce processus d'expansion européen et américain pour dominer par la violence les autres peuples de la planète. Si Israël mène aujourd'hui une guerre génocidaire à Gaza avec le soutien inconditionnel de l'occident, c'est qu'il est au cœur de cet ordre colonial et néocolonial occidental.
Israël peut poursuivre sereinement l'extermination des palestiniens jusqu' à la réalisation du projet fondateur du sionisme, le Grand Israël : toute la Palestine pour Israël, la terre promise pour un peuple élu. C'est une promesse divine.
Mohamed Belaali
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