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31 octobre 2020 6 31 /10 /octobre /2020 08:27

 

Ce texte écrit en 2015, s'il est dépassé sur certains points liés à l'évolution de la situation géopolitique du Moyen-Orient, il reste quant au fond d'une tragique actualité. Le retour sur les liens intimes qui existent entre le terrorisme et les guerres impérialistes peut aider à comprendre ce phénomène qui est en fait l'un des symptômes du pourrissement de la société capitaliste.

 

 

Taliban, Al Qaeda, Aqmi, Boko Haram, Rebelles libyens, Rebelles syriens, Daech, Al Nosra, Khorassane, ne sont que des noms, parmi tant d'autres, pour désigner des organisations et des mouvements créés, financés, entraînés et armés directement et indirectement par l'impérialisme américain et son caniche européen dans le seul et unique but de servir leurs intérêts économiques et stratégiques. En condamnant toutes les voies et toutes les issues progressistes, l'impérialisme a ouvert la boîte de Pandore libérant des monstres qui essaiment un peu partout, mais qui lui servent de prétexte pour d'éventuelles interventions dans les pays qui lui sont réfractaires. L'impérialisme est le père de tous les terrorismes.

 

 

La violence et la cruauté des groupes terroristes, aussi barbares soient-elles, sont peu de chose par rapport à la terreur que l'impérialisme exerce sur les peuples qui refusent de se soumettre à sa domination. Un pays comme l'Irak par exemple est aujourd'hui dans un état de décomposition avancé. L’intégrité du pays et son unité ne sont désormais qu'un lointain souvenir. Les guerres impérialistes dans ce pays ont laissé derrière elles des centaines de milliers de morts. Et c'est Madeleine Albrith qui justifiait froidement en 1996 la mort de 500 000 enfants irakiens (1).

 

L'empire américain a dressé des fanatiques religieux contre Nasser en Egypte, contre Sukarno en Indonésie, contre Bhutto au Pakistan, contre Najibullah en Afghanistan. Le but est de contrer et d'étouffer toute pensée et tout mouvement communiste ou même nationaliste.

 

Au Pakistan, le général dictateur Zia a renversé le gouvernement démocratiquement élu d'Ali Bhutto grâce au soutien décisif de Washington. Pour asseoir son pouvoir et mater toute opposition laïque, le dictateur instrumentalise l'Islam. «Les hommes de Zia étaient obtus, insensibles et cruels. Le nouveau régime avait décidé d'utiliser l'Islam comme machine de guerre ; ses partisans barbus, souvent incroyablement stupides, étaient opportunistes jusqu'à la moelle. Ils mêlaient la religion aux profanations les plus viles» écrivait Tariq Ali dans «Le choc des intégrismes» (2). Des Madrassas (écoles coraniques) fleurissaient alors un peu partout au Pakistan. En plus de la formation religieuse, on apprenait à ces talibans (étudiants) le maniement des armes et les techniques de la guérilla. Il s'agit en fait de centres d'endoctrinement gérés et contrôlés par les fameux services secrets pakistanais ISI (Inter-Services Intelligence). De ces écoles religieuses naquirent des dizaines de milliers de fanatiques prêts à tous les sacrifices. L'impérialisme avait besoin de Zia et de ses talibans pour renverser d'abord le gouvernement pro-soviétique, installé à Kaboul, et surtout livrer la guerre aux troupes Soviétiques présentes sur le sol Afghan ensuite. Les talibans sont ainsi devenus, par la grâce des dollars américains et des pétrodollars saoudiens les « moudjahidins de la liberté» qui allaient mener le djihad (la guerre sainte) contre les « communistes » afghans et leur protecteur soviètique. Dans son interview accordée au Nouvel Observateur, le chef de la sécurité nationale de Jimmy Carter, Zbigniew Brzezinski déclarait ceci :

- Nouvel Observateur: «Vous ne regrettez pas non plus d'avoir favorisé l'intégrisme islamiste, d'avoir donné des armes, des conseils à des futurs terroristes?»

- Zbigniew Brzezinski : «Qu’est-ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l’empire soviétique? Quelques excités islamistes ou la libération de l’Europe centrale et la fin de la guerre froide?» (3).

Rappelons que pendant la guerre contre l'Union soviétique, le dictateur Zia et ses services de renseignement ont demandé à l'Arabie Saoudite de dépêcher un membre de la famille royale pour superviser la «guerre sainte». Faute de pouvoir trouver un émir, c'est un certain Oussama Ben Laden qui fut envoyé !!

 

Le chaos que connaît actuellement la Libye est la conséquence directe de l'intervention militaire américaine et européenne dans ce pays (4). Les nombreuses milices islamistes qui font régner aujourd'hui la terreur dans ce pays martyr, avaient non seulement servi de troupes terrestres aux bombardements de l'OTAN , bras armé de l'impérialisme, mais également de justification et de légitimation de l'intervention impérialiste pour renverser le régime de Kadhafi. La propagande des médias américains et européens présentaient ces djihadistes comme des «rebelles» et des «révolutionnaires» prêts à se sacrifier pour la liberté et la démocratie. Il fallait donc les entraîner, les armer et les financer. Et c'est grâce à L'OTAN que ces milices sont entrées triomphalement à Tripoli. Abdelhakim Belhaj, «l'émir» du Groupe islamique combattant (GIC) lié à Al Qaeda, remerciait d'ailleurs publiquement les dirigeants américains et européens de lui avoir offert ce triomphe (5). Rappelons que les chefs de ce groupe sont tous formés par la CIA en Afghanistan pour combattre l'armée soviétique. Derna, ville libyenne sur la méditerranée, est aujourd'hui dirigée par ce que l'on appelle communément l'Etat Islamique (EI). Le contrôle de cette ville par EI est rendu possible grâce à la collaboration d'une autre milice, Ansar Al Charia, farouche opposante au régime disparu de Kadhafi.

La destruction de l’État libyen par l'OTAN et ses alliés islamistes a permis par ailleurs le pillage des arsenaux militaires par des groupes djihadistes opérant en Tunisie, en Égypte et surtout au nord Mali. La France qui est intervenue dans ce dernier pays pour mener «la guerre au terrorisme», a participé activement au renversement du régime libyen en soutenant les milices islamistes ! Les mêmes groupes armés sont traités tantôt de «terroristes», tantôt de «rebelles» en fonction des seuls intérêts de la bourgeoisie.

 

La Turquie, dirigée aujourd'hui par un gouvernement islamiste et conservateur, affiche ostensiblement sa volonté de renverser le régime laïc baassiste syrien. Il faut préciser que la Turquie est membre à part entière de l'OTAN et alliée de poids de l'impérialisme américain dans la région. Son soutien aux «rebelles syriens» est total. Les frontières turques sont largement ouvertes aux « rebelles » et aux mercenaires du monde entier pour mener la «guerre sainte» au régime syrien. La Turquie sert de base arrière aux islamistes de tout bord pour se soigner, se reposer et surtout pour s'entraîner. Mais cette volonté de la Turquie de renverser le régime baassiste par tous les moyens n'est rendue possible que grâce à la complicité de l'impérialisme américain et européen.

 

 

Vouloir installer par la violence des gouvernements à leur solde, l'impérialisme et ses alliés locaux n'ont pas hésité à soutenir des mouvements politiques dont l'Islam n'est qu'un voile derrière lequel se cachent les intérêts des uns et des autres. Les mauvaises graines qu'ils ont semées à travers la planète ont produit une moisson abondante de groupes dont la cruauté et la barbarie s'inspirent directement de celles de leurs maîtres. L'Arabie Saoudite, modèle de démocratie et du respect des droits de l'homme et surtout de la femme, décapite au sabre et en public chaque année des dizaines d'hommes. Or l'Arabie reste le soutien financier et idéologique (le wahhabisme) le plus décisif des nombreuses organisations djihadistes réactionnaires qui opèrent notamment en Irak et en Syrie. Mais l'Arabie Saoudite est également pour l'impérialisme américain, en plus de ses richesses pétrolières, le rempart le plus solide contre toute idée et tout régime démocratique, progressiste et laïc : «Les richesses pétrolières enfouies sous le sable de l'Arabie, le rôle de défenseur des intérêts impériaux de l'impérialisme américain font de cet État féodal un «ami» de toutes les bourgeoisies occidentales et l'ennemi de tous les travailleurs» (6). Le terrorisme est à l'image de l'impérialisme.

 

 

Mohamed Belaali

 

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(1)http://www.belaali.com/article-les-ravages-de-la-guerre-imperialiste-en-irak-48981793.html

 

 

(2)Tarik Ali «Le choc des intégrismes »,Textuel,2002, page 215

 

(3)Le Nouvel Observateur du 15-21 janvier 1998

 

(4)http://www.belaali.com/article-la-libye-apres-l-intervention-imperialiste-108002868.html

 

(5)http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/libye-abdelhakim-belhaj-l-islamiste-qui-remercie-les-occidentaux_1027938.html

 

Voir également son portrait dressé par le journal Libération :

http://www.liberation.fr/monde/2011/08/26/abdelhakim-belhaj-le-retour-d-al-qaeda_757094

 

(6)http://www.belaali.com/article-arabie-saoudite-le-silence-complice-des-bourgeoisies-occidentales-sur-les-revoltes-populaires-109557989.html

 

 

 

 

 

 

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