La répression qui s'abat aujourd'hui sur les mouvements sociaux et écologiques n'est que le prolongement des châtiments corporels d'un autre âge infligés aux gilets jaunes : mains arrachées, yeux crevés, visages défigurés, crânes fracassés etc. Malheureusement la violence exercée sur ce mouvement populaire n'a pas été suffisamment dénoncée. Une partie des directions syndicales assistait en spectatrice à ce conflit ouvert comme si elle n'était pas concernée. Les gilets jaunes sont restés seuls face à un pouvoir réactionnaire et extrêmement violent.
Aujourd'hui le même pouvoir utilise la même violence contre la colère sociale qui s'exprime partout dans le pays. Aux problèmes sociaux, écologiques et politiques, l'État bourgeois répond par des mesures guerrières ! Car lorsque le conflit s'aiguise la classe dirigeante n'a d'autres choix que d'utiliser la répression pour briser la contestation et perpétuer sa domination. Et plus la lutte perdure et prend de l'ampleur, plus cette classe devient brutale, arrogante et odieuse. Rien de plus normal dans une société fondée sur la lutte des classes.
Cette violence est d'abord une violence d'Etat. Elle est banalisée et légitimée par le discours médiatique et institutionnalisée à travers la police. La mission essentielle de la police n'est pas la sécurité publique mais le maintien de l'ordre politique. Son rôle est de briser toute résistance à l'ordre établi aussi minime soit-elle. C'est dans ce cadre qu'il faut comprendre toute cette surenchère sécuritaire, cette militarisation de la police et le renforcement extraordinaire de ses pouvoirs.
Aucune république, aucune monarchie même la plus démocratique, ne peut se passer de la violence pour maintenir la majorité de la population dans la soumission. L'existence du suffrage universel, du gouvernement, du parlement et de toutes les institutions qui gravitent autour de l’État ne change rien au fond du problème : l’État reste ce qu'il est réellement c'est-à-dire un appareil qui réprime par la violence toute contestation de l'ordre établi. La terrible répression exercée sur les Gilets jaunes et en ce moment sur le mouvement de contestation sociale et écologique sont des exemples éloquents à cet égard. Il ne peut en être autrement dans une société de classes où l’État possède le monopole de la violence. L’État au service du peuple, de l'ordre public, de l'intérêt général etc. ne sont que des grossiers mensonges véhiculés par la classe dirigeante pour mieux justifier ses privilèges et sa domination.
L’État français peut en totale impunité éborgner les manifestants, arracher leurs mains, les défigurer, ou tout simplement les éliminer physiquement par des armes de guerre. Ni la justice, ni l'Inspection Générale de la Police Nationale, ni le Conseil d’État, ni le Défenseur des Droits, ni l'ONU, ni le Parlement européen, ni le Conseil de l'Europe, ni toutes les autres institutions nationales et internationales ne sont en mesure d'arrêter cette violence de classe.
Mohamed Belaali