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3 mars 2025 1 03 /03 /mars /2025 08:14

 

Donald Trump vient de remporter les élections présidentielles américaines et devient le 47 ème président des États-Unis. Cette victoire du richissime homme d'affaires n'est pas le fruit du hasard. Trump, le nouveau Führer américain, est un authentique produit de la démocratie bourgeoise. La République de Weimar (1918/1933) la plus avancée et la plus démocratique des républiques bourgeoises a produit un monstre dont on dénonce encore aujourd'hui les crimes et les horreurs. Aimé Césaire disait : "Au bout du capitalisme, désireux de se survivre, il y a Hitler". Aujourd'hui, on peut dire au bout du capitalisme il y a Trump; un personnage aussi médiocre et grotesque que dangereux. En se présentant comme l'homme providentiel, Trump, qui fait personnellement partie de la classe dominante, a su capter et exploiter les frustrations et le désespoir d'une partie de la population abandonnée par les démocrates.

La longue campagne électorale était marquée du début jusqu'à la fin par une suite ininterrompue d'invectives personnelles, de propos mensongers, démagogiques, racistes, sexistes et islamophobes pour mieux contenir la colère populaire et occulter la responsabilité de la classe dirigeante dans la situation de misère matérielle et morale que connaissent aujourd'hui de larges franges de la population américaine. Les noirs, les musulmans, les femmes, les mexicains, les portoricains, les haïtiens "qui mangent les animaux domestiques" etc., ont largement remplacé, comme responsables de tous les malheurs des États-Unis, les banquiers, les hommes d'affaires, les industriels, les spéculateurs et autres milliardaires sans foi ni lois. Les démocrates ont une grande responsabilité dans l'élection de Trump. Ce sont eux qui ont organisé une véritable confiscation des richesses produites par les salariés pour les mettre entre les mains d'une horde de milliardaires dont chaque dollar sent fortement la sueur des travailleurs. La masse des ouvriers, aujourd'hui plus qu'hier encore, est à la merci d'une poignée de capitalistes exploiteurs. L'élection de Trump a révélé au monde entier et d'une manière éclatante le caractère de classe de la démocratie américaine, une démocratie pour les riches. Le gouvernement Trump est un gouvernement de riches, par les riches et pour les riches !

L'histoire nous a toujours enseigné que durant les périodes troubles marquées par les crises économiques, les injustices de classes, les guerres sans fin etc., la classe dominante utilise, pour préserver ses intérêts, tous les moyens dont elle dispose. Les bourgeoisies américaines et européennes, nonobstant des situations différentes, n’arrivent plus à surmonter les crises à répétition de leur système. Il ne s’agit pas d’une crise conjoncturelle et passagère, mais bel et bien d’une crise structurelle dont les racines plongent jusqu’au cœur même du système. La croissance tant invoquée peut revenir mais pour mieux laisser place à d'autres crises plus violentes et plus générales. Les classes dirigeantes ressemblent de plus en plus à ces magiciens qui ne maîtrisent plus les forces maléfiques qu’ils ont eux-mêmes créées !

Fascisme, nazisme, extrême droite etc. ne sont que des mots qui désignent une seule et même réalité, la dictature du capital. Car tous ces mouvements et idéologies politiques sont sortis des entrailles du capitalisme. A y regarder de plus près, ils sont tous nés dans un contexte de crises économiques et politiques majeures : guerre mondiale, révolution soviétique, déceptions de la petite bourgeoisie, marginalisation des plus démunis etc. Leur dénominateur commun reste le même : il faut que l'accumulation et la concentration des richesses restent, vaille que vaille, entre les mêmes mains.

Trump, véritable concentré des luttes sociales qui travaillent la société américaine, a puisé sa force essentiellement dans la faiblesse de la petite bourgeoisie écrasée par le grand capital et dans le désespoir d'une partie de la classe ouvrière blanche laminée par le chômage et la précarité. Pour les consoler et calmer leur rage et leurs frustrations, Trump leur offre, entre autres, le soutien de la race. Rappelons qu'aux États-Unis, le racisme a toujours été utilisé comme moyen au service du profit et de l'accumulation du capital. Dans le passé, le racisme a servi de justification et de légitimation de l'esclavage, main-d’œuvre servile et rentable. Car l'exploitation économique et l'oppression raciale vont de pair. Si l’esclavage a été aboli, du moins formellement, le racisme lui continue à se développer au grès des vicissitudes de l'évolution du capitalisme. Aujourd'hui, le racisme doit s’adapter à la nouvelle situation où le salarié a remplacé l'esclave. Le racisme est toujours utile pour la classe dominante ne serait-ce que pour entretenir et perpétuer, par son agitation et les préjugés raciaux qu’il propage, la division au sein de la classe ouvrière. Le travailleur noir lui doit subir, en plus de l'exploitation de classe, l'oppression de race. C'est ce qui explique que pendant sa campagne électorale et en tant que nouveau président, Trump s'est entouré de personnalités proches des milieux suprémacistes défenseurs acharnés de la suprématie de la race blanche même si le racisme basé sur la supériorité biologique n’a aucune base scientifique.

Au pouvoir, Trump reviendra peut-être sur certaines de ses promesses sans grande importance pour la classe dominante, mais appliquera probablement toutes les mesures en faveur du capital comme la baisse des impôts des plus riches, la réduction de l'impôt sur les bénéfices des sociétés, la dérégulation financière, le démantèlement de ce qui reste encore des services publics etc. A cet égard, l'équipe du nouveau président appelle déjà à la réduction massive des aides aux plus démunis comme Medicaid qui fournit une assurance maladie principalement aux américains pauvres.

Pour produire l’illusion du changement et donner l’impression de créer quelque chose de tout à fait nouveau et radical, Trump doit travestir la réalité. Son langage, son style, ses outrances, son comportement et ses actes doivent faire oublier les démocrates. Mais il ne s’agit là que des formes et d’un déguisement qui reflètent plus ou moins nettement le fond commun : servir la même classe sociale, la bourgeoisie qui les place à tour de rôle à la tête de l’État.

Le capitalisme en crise a produit un nouveau monstre aux États-Unis et risque d'en produire d'autres à travers le monde. L'agressivité économique et politique de Trump montre si besoin est que la classe dirigeante américaine, pour sauvegarder et perpétuer ses privilèges, ne reculera devant aucun moyen y compris le plus terrible et le plus abjecte, la guerre. Il rêve déjà de prendre de gré ou de force le contrôle du Canada, de Gaza, du Groenland, du canal de Panama et des droits sur les richesses minières de l'Ukraine. Son penchant dictatorial le pousse à se placer au-dessus des lois remettant ainsi en cause non seulement le principe de la séparation des pouvoirs cher à Montesquieu, mais aussi des institutions vieilles de plus de deux siècles : "Celui qui sauve son pays ne viole aucune loi" écrivait-il sur les réseaux sociaux. Il va même plus loin en insinuant à plusieurs reprises qu'il pourrait briguer un troisième mandat même si la constitution américaine l'interdit formellement. En effet le 22e amendement prévoit que : "nul ne peut être élu à la fonction de président plus de deux fois". Cette disposition s’applique que les mandats soient consécutifs ou non.

Mais Trump fait semblant d'ignorer cette règle : "J’ai récolté beaucoup d’argent pour la prochaine campagne et je pars du principe que je ne peux pas l’utiliser moi-même, mais je ne suis pas sûr à 100%, parce que je ne sais pas" disait-il. En même temps, un député républicain a présenté quelques jours seulement après l'investiture de Trump une résolution visant à modifier la Constitution pour permettre au président de briguer un troisième mandat. Toute la question est de savoir si le nouveau président pourrait se présenter sans violer la constitution. Car une réélection constitutionnelle reste légalement impossible. Quelles alternatives restera-t-il pour Trump? Renoncera-t-il à se présenter ou réussira-t-il, d'une manière ou d'une autre, à se présenter une nouvelle fois pour proroger son pouvoir? Seul l'avenir nous le dira. Dans tous les cas Trump, ennemi de la science et du progrès, représente un véritable danger non seulement pour le peuple américain mais pour le monde entier. Il est donc urgent de construire un mouvement de résistance planétaire contre Trump, tout en s'attaquant en même temps au système, le capitalisme qui a produit un tel monstre.

 

Mohamed Belaali

 

 

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