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26 juin 2025 4 26 /06 /juin /2025 08:34

 

 

Économique, sociale, écologique et morale, la crise du capitalisme contemporain est totale. Créé par les hommes, ce système est en train de se retourner contre eux, comme les puissances maléfiques se retournent contre leurs magiciens. Ils constatent effarés, malgré l'idéologie dominante qui tente de masquer la réalité, les ravages du capitalisme. Ils assistent impuissants à leur lente destruction ainsi que celle de leur environnement.

Faible croissance économique, effondrement des gains de productivité, explosion de la dette mondiale, inflation persistante, baisse du pouvoir d'achat, guerres commerciales, ralentissement de la demande, instabilité financière, spéculation etc, tous les indicateurs économiques importants sont au rouge (1). Il ne s'agit pas d'une simple crise cyclique passagère, mais d'une crise profonde et organique du capitalisme. Le chômage et la précarité, conséquences directes de cette crise, demeurent l'une des plus angoissantes préoccupations pour des millions d'hommes et de femmes. Ils sont une source majeure d'incertitude et de misère économique et sociale : perte de revenu, déclassement, stigmatisation (2), isolement social, désespoir, dépressions, mortalité prématurée (3), suicides etc. Ces effets dramatiques pour les travailleurs sont intimement liés à la production capitaliste. Car l'individu dans ce système est réduit à l'état de marchandise qui se vend et s'achète sur le marché. Thomas Hobbes dans son Léviathan disait "la valeur d'un homme, son estimation, est, comme pour toutes les autres choses, son prix, c'est à dire exactement ce qu'on en donne pour l'usage de sa force" (4). On peut ajouter pour l'usage de sa force de travail. Mais celle-ci, la seule qui intéresse le capitaliste, est soumise aux aléas de l'économie. On peut donc s'en passer lorsque son usage devient inutile. Le capitalisme méprise l'homme, le rabaisse à l'état d'article de commerce. Il est nié, il n'a pas de place dans ce système. Seule compte la réalisation maximale du profit. L'homme est ainsi amené, par ce processus de déshumanisation, à servir l'économie dont il n'est finalement qu'un simple rouage. Mais un système qui méprise l'homme ne peut respecter la nature.

La course effrénée au profit est en contradiction profonde avec la nature. Les problèmes écologiques sont inséparables du mode de production capitaliste. Celui-ci est basé sur l'exploitation de l'homme et de la nature : "La production capitaliste ne développe donc la technique et la combinaison du procès de production sociale qu’en épuisant en même temps les deux sources d’où jaillit toute richesse; la terre et le travailleur" (5). L'homme, par son activité, transforme les matières fournies par la nature pour les rendre utiles à son propre usage. Mais dans ce système la transformation de la nature n'a pas pour objet la satisfaction des besoins humains par la création des valeurs d'usage (valeur utile), mais la production de marchandises destinées à être échangées entre elles (valeur d'échange) pour réaliser un profit maximum. Il faut préciser que le profit est non seulement la raison d'être de ce système, mais aussi une fin en soi. Le procès de production peut donc se répéter à l'infini. Or les ressources naturelles, ou tout du moins une partie d'entre elles, sont finies. La logique du capitalisme est intrinsèquement anti-écologique. Ce n'est pas un hasard si les patrons sont systématiquement et farouchement hostiles à tout accord sur l'environnement mettant en cause, même partiellement, leurs marges bénéficiaires. Détacher ces problèmes du système qui les engendre est une absurdité. Aucune conférence, aucun accord, aucun forum, aucune convention ni aucun protocole ne peut mettre fin au "massacre" de l'environnement sans remettre en cause le système lui-même. C'est ce qui explique dans une large mesure, l'échec de tous ces engagements, de toutes ces rencontres internationales. La dernière en date est la conférence des Nations Unies sur l'océan (Unoc3) qui a réuni à Nice, du 9 au 13 juin 2025, 130 pays dont une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement (6). Eh bien tout ce beau monde, après de longues palabres, a laissé derrière lui une déclaration finale (7) qui satisfaisait les participants, mais vide de tout sens. Un échec de plus ! Il y aura d'autres conférences, d'autres accords, d'autres rencontres et...d'autres échecs. Le "développement durable" ou "soutenable" n'est, lui aussi, qu'un gadget qui permet de faire durer le système et de le soutenir. L'ancien PDG de Renault, Louis Schweitzer, ne déclarait-il pas dans le mensuel "Enjeux Les Echos" en décembre 2004, "le développement durable n'est ni une utopie ni même une contestation, mais la condition de survie de l'économie de marché". Par économie de marché il faut entendre le capitalisme. Il n'est qu'un simple slogan publicitaire rentable pour les entreprises comme d'ailleurs les labels "biodégradable" ou "écoresponsable." Pour les entreprises, l'écologie est un bon produit marketing, un marketing vert bien sûr, qui peut se révéler rentable même à court terme. Il s'agit de vendre aux consommateurs "responsables" des produits "protégeant" la nature, comme les voitures, les produits cosmétiques ou ceux de l'industrie agroalimentaire. L'écologie telle qu'elle est véhiculée par l'idéologie dominante est une immense manipulation de masse. C'est un instrument efficace au service du capital.

En crise totale, le capitalisme donne et continue à donner chaque jour de belles leçons à celles et ceux qui cherchent encore dans ce système, basé sur l'exploitation de l'homme par l'homme, une quelconque morale. Il suffit de voir, sans revenir aux guerres terribles, aux crimes innombrables et aux scandales multiples du passé, dans quel état de déconfiture et de faillite se trouvent aujourd'hui toutes les valeurs de la bourgeoisie. Tous les dirigeants de l'occident capitaliste par exemple, à un degré ou à un autre, sont impliqués dans le génocide à Gaza. Leur négation de la vie humaine est totale. Leur volonté de vouloir anéantir tout un peuple est confirmée chaque jour qui passe. Les valeurs morales dont cet occident se targue encore sont désormais enfouies sous les décombres de Gaza. Gaza la martyre montre, si besoin est, que capitalisme et génocide vont de pair. Trump, qui voulait expulser tous les palestiniens et faire de Gaza une" Riviera du Moyen-Orient", est l'incarnation parfaite de cette faillite morale du système. Cynique, opportuniste et corrompu, il a sacrifié sur l'autel du pouvoir et de l'argent, la vérité, la science et la dignité humaine. Il a systématiquement démantelé tous les garde-fous éthiques, médiatiques et légaux. Il ne s'agit pas seulement d'un trait personnel, mais le reflet d'un système en crise profonde. Car Trump, le nouveau Führer américain, n' est pas le fruit du hasard. Il est le produit authentique de la démocratie bourgeoise. En période de crise, le capitalisme ne peut produire que ce genre de despote. La République de Weimar (1918/1933) la plus avancée et la plus démocratique des républiques bourgeoises a produit en son temps un monstre dont on dénonce aujourd'hui encore les crimes et les horreurs.

La société bourgeoise actuelle, comme on le voit est bien engagée sur la voie du chaos, des guerres (Ukraine, Gaza, Liban, Syrie, Yémen, Iran...) et de la destruction de la nature. Détruire de fond en comble le capitalisme, ennemi de l'homme et de la nature, est une urgence vitale. Les obstacles immenses et innombrables qui se dressent face à la réalisation de ce changement radical ne sauraient effacer ni sa légitimité, ni sa nécessité. La révolution socialiste reste la seule et l'unique solution. Il n' y a pas d'autres moyens de se débarrasser du capitalisme. Il n' y a pas un troisième système : socialisme ou barbarie capitaliste.

 

Mohamed Belaali

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(1)https://www.contretemps.eu/la-polycrise-du-capitalisme-elements-sur-la-situation-economique/

voir également : https://www.imf.org/fr/Blogs/Articles/2024/10/15/how-high-economic-uncertainty-may-thre

(2)https://www.cepremap.fr/2025/06/le-chomage-entre-precarite-materielle-et-vulnerabilite-psychologique/aten-global-financial-stability

(3)https://www.politis.fr/articles/2024/04/assurance-chomage-etude-inserm-cest-desormais-une-certitude-le-chomage-tue/

(4)T. Hobbes «Léviathan», cité par K Marx dans "Salaire, Prix et profit" :https://www.marxists.org/francais/marx/works/1865/06/km18650626h.htm#:~:text=Il%20avait%20dit%3A,de%20toutes%20les%20autres%20marchandises.

(5)K. Marx, Le Capital. Tome 1, livre premier, section IV.

(6)Conférence sur l'océan: la troisième Conférence des Nations Unies sur l’océan débute sur l’annonce de la prochaine mise en œuvre de l’accord sur la biodiversité marine en haute mer | Couverture des réunions & communiqués de presse

(7)https://press.un.org/en/2025/sea2231.doc.htm?utm_source=chatgpt.com

 

 

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Published by M B