Israël vient de terminer son travail, fièrement, ostensiblement. Il vient d’achever froidement le massacre le plus horrible de ce début du siècle. Les dirigeants de ce monde insensé ont assisté sagement au spectacle de l’horreur absolue. Mais nous, citoyens du monde entier, les tueries collectives, les visages déformés, le linge blanc tâché de sang dans lequel les enfants sont enveloppés, les crânes fracassés, les chairs transpercées, les corps déchiquetés, les cadavres noirs et gonflés dispersés à travers des rues désertées, et à côté de leurs mères mortes, des enfants affamés et abandonnés, ce spectacle là nous a révoltés. Il a violé notre conscience d’hommes et de femmes.
Nous sommes sortis par millions à travers toute la planète crier de toutes nos forces notre dégoût pour cette tragédie humaine. Mais notre cri n’a eu comme réponse que le silence complice de nos dirigeants. Ils sont restés de marbre. Et le plus insupportable, c’est qu’ils veulent qu’on leur ressemble : devenir des êtres sans âme, calculateurs sordides, opportunistes, cyniques, sans aucun sentiment humain, bref de véritables brutes.
Jamais le contraste entre les peuples et leurs gouvernements n’a été aussi violent.
Etrange démocratie qui reste parfaitement compatible avec les crimes contre l’humanité. En son nom, les pires atrocités sont commises. Et c’est la même démocratie, celle de la république de Weimar, qui a produit en son temps un monstre dont on continue aujourd’hui encore à dénoncer les crimes. On va taire par pudeur cette immense escroquerie appelée Droits de l’homme.
A travers leurs médias, nos dirigeants nous expliquent froidement, que ces massacres comme ceux par exemple des écoles de l’ONU (48 morts) sont nécessaires pour éradiquer le terrorisme. C’est pour notre bien. C’est pour nous protéger de ces barbares qui déposent des bombes un peu partout et mettent le monde en danger. C’est pour cela qu’ils aident et encouragent Israël à utiliser, même si elles sont interdites par toutes les conventions internationales (entre autres par la Commission des Droits Humains de l’ONU), les armes les plus sophistiquées, les plus meurtrières et les plus horribles. Médecins et organisations indépendantes accusent Israël d’avoir fait usage à Gaza des armes à Uranium Appauvri(1), des bombes à fragmentations, du phosphore blanc et des armes inconnues. Il faut rappeler que l’utilisation de ces armes notamment à Uranium Appauvri est intimement liée à la notion de génocide. Elles sont considérées comme des armes d’extermination. Mais peu importe. La fin ici justifie vraiment les moyens. Comme par exemple le bombardement des hôpitaux qui manquent de tout et où les blessés par milliers viennent plus pour y mourir que pour se faire soigner. Les ambulances ne sont pas épargnées. Vous comprenez la lutte contre le terrorisme et pour la sécurité d’Israël sont à ce prix. Vous verrez qu’après ces massacres et ces horreurs indispensables, le terrorisme sera vaincu, Israël et le monde vivront en paix. Le temps viendra effacer de vos mémoires ces centaines de morts, de mutilés, de défigurés et les milliers de blessés. Tout rentrera dans l’ordre. Vous verrez.
Mais les crimes d’Israël datent depuis sa création en 1948 et même avant. L’histoire de cet Etat est chargée de massacres que l’on peut cacher, mais que personne ne peut nier : Sa’sa’, Qastal, Deir Yassin, al-Dawayma, Eilaboun, Lydda, Kufur Qasim, Sabra et Chatila, Jenine et aujourd’hui Gaza. A quand les prochaines tueries ? Ben Gourion ne disait-il pas qu’il fallait « attaquer sur tout le front et non seulement à l’intérieur de l’Etat d’Israël ou aux frontières de la Palestine, mais de rechercher l’ennemi et de l’écraser partout où il peut être »(2). Le massacre des palestiniens ne date donc pas d’aujourd’hui. Tous les grands dirigeants du sionisme politique (Weizmann, Ben Gourion, Jabotinsky etc.) malgré leurs divergences sur les moyens, avaient le même but final : faire de la Palestine l’Etat du « peuple juif ».
Le sionisme politique, depuis sa fondation au congrès de Bâle en 1897, porte en lui les germes de la négation des palestiniens. « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre » dit le slogan sioniste. Le Grand Israël est incompatible avec l’existence même de ce peuple : Il constitue l’obstacle vivant à la réalisation de ce grand rêve. Il faut donc l’exterminer ou tout du moins le chasser loin de sa terre, la Palestine. « Expulsez-les » disait déjà Ben Gourion en 1948 en parlant de ces mêmes palestiniens.
La grande Bretagne et le sionisme politique ont enfanté un monstre. Aucun Etat au monde aujourd’hui ne semble pouvoir arrêter sa marche vers la barbarie..
Le nombre élevé de victimes dont une partie non négligeable de femmes et d’enfants, le nombre de blessés, de mutilés à vie, les armes utilisées, la destruction de maisons, d’immeubles et autres infrastructures nécessaires à la vie, le degré de brutalité atteint etc. le tout avec l’aide des Etats-Unis, de l’Union Européenne, et de tous les régimes arabes est très inquiétant pour l’avenir de la région. La facilité avec laquelle les dirigeants de ce monde, à deux ou trois exceptions près, acceptent de se soumettre totalement et aveuglément à l’Etat d’Israël constitue en soi un véritable danger pour le monde.
Aucun enseignement digne de ce nom n’a été tiré du passé. Aucune leçon n’a été retenue du présent. A force de mépriser les leçons de l’histoire, on risque de reproduire d’autres tragédies peut-être plus sanglantes encore.
K. Marx écrivait quelque part « celui qui ignore l’histoire est condamné à la revivre ».
Mohamed Belaali
-------------------------------------------------
(1) http://www.legrandsoir.info/spip.php?article7842
(2) Ben Gourion, Rebirth and destiney of Israël. Cité par Lotfallah Soliman dans Pour une histoire profane de la Palestine. La Découverte, p. 120.