Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 juin 2015 3 17 /06 /juin /2015 17:54
Qu'elle est jolie la république bourgeoise ! (acte 4)

« Le vol est la passion maîtresse de la bourgeoisie, et il faut qu'à tout prix

elle satisfasse sa passion». Paul Lafargue.

Un premier ministre qui voyage avec ses deux fils aux frais des contribuables, un ancien président de la République condamné en correctionnelle à deux ans de prison avec sursis, un autre ancien président poursuivi par la justice pour une demi-douzaine d'affaires, un ancien ministre de l'intérieur utilise de l'argent public pour ses dépenses privées, un éphémère secrétaire d’État refuse de payer ses impôts, un conseillé du président de la République se fait cirer ses trente paires de chaussures de luxe au château, etc. etc. Il ne s'agit là que du début d'une très longue liste d'hommes sans éthique ni morale politique. Et même ceux parmi ces dirigeants qui sont honnêtes et intègres, sont obligés de laisser faire, montrant ainsi leur impuissance face à un système qui les dépasse.

Une seule chose compte pour eux : servir les puissants qui leurs permettent de se servir dans les deniers publics. Leur mépris du peuple n'a d'égal que leur vile soumission aux plus riches. Tous ces hommes corrompus mènent directement et indirectement des politiques de classe qui consistent à confisquer la richesse produite par l'immense majorité pour l'offrir à une minorité de parasites.

Le parti « Socialiste » comme l'UMP (les Républicains aujourd'hui) qui alternent au pouvoir déploient un zèle singulier à servir les puissants : destruction systématique des services publics de l’Éducation, de la Santé, des Transports, de l'Emploi, de la Culture, baisse continue des retraites, précarisation et flexibilisation du marché du travail, démantèlement du Droit du travail, augmentation de la TVA payée essentiellement par les plus démunis, cadeaux fiscaux pour les plus riches, des milliards d'euros octroyés sans contrepartie aucune aux banques et aux grandes entreprises, bref tout pour le capital et les patrons et rien pour le travail et les travailleurs.

La rigueur de cette politique d'austérité contraste violemment avec la lâcheté et la misère morale de ceux qui l'appliquent.

La paupérisation de larges franges de la population est la conséquence directe de cette politique économique de classe. Les « socialistes » par exemple qui ont tant promis au peuple, ont plongé le pays en si peu de temps dans la misère et le désespoir ouvrant ainsi la voie à une extrême droite toujours prête à sauter sur le pouvoir pour servir encore mieux les plus riches.

En contrepartie, la classe dominante les laisse se servir dans les fonds publics. Mieux, elle leur offre sa protection judiciaire et politique. Les hommes politiques corrompus sont rarement condamnés. La relaxe et le non lieu restent largement majoritaires et l’inéligibilité rarissime. Les condamnations, lorsqu'elles existent, se résument à des peines symboliques comme la prison avec sursis ou des amendes dérisoires par rapport aux sommes concernées. L'impunité n'est donc pas un sentiment mais une réalité. Mr. Sarkozy, malgré l'impressionnante liste des affaires qui le concernent reste insaisissable par la justice .

La politique, à condition de savoir gérer et servir les intérêts des riches, est un vaste domaine qui offre des possibilités fabuleuses d'enrichissement personnel ou de son organisation en puisant dans l'argent public.

Plus un homme politique est corrompu, plus il a de chances d'être réélu ! Le cas d'Alain Juppé est exemplaire à cet égard. L'ancien premier ministre de Jacques Chirac (1995 /1997) a été condamné en appel le 1er. décembre 2004 à 14 mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité pour « prise illégale d'intérêt » c'est à dire qu'il utilisait l'argent public pour rémunérer les militants de son propre parti (RPR à l'époque). Voici un court extrait des attendus justifiant cette condamnation : « Que la nature des faits commis est insupportable au corps social comme contraire à la volonté générale exprimée par la loi ; qu’agissant ainsi, Alain Juppé a, alors qu’il était investi d’un mandat électif public, trompé la confiance du peuple souverain » (1). Malgré cette condamnation, Alain Juppé est réélu en 2006 (élection partielle), en 2008 et en 2014 maire de Bordeaux et à chaque fois dès le premier tour !

Mr. Juppé se prépare maintenant à être président de cette République exemplaire et irréprochable. Mais le cas d'Alain Juppé n'est que l'arbre qui cache la forêt. Les hommes politiques condamnés ou inquiétés par la justice pour des scandales financiers et réélus sont innombrables. La classe dominante qui les nourrit a constamment besoin, pour ses propres intérêts, de ces politiciens corrompus. Elle est capable de produire et de reproduire autant que nécessaire cette catégorie d'hommes et de femmes qui ne reculent devant rien pour la servir.

Aujourd'hui on peut être un homme politique corrompu jusqu'à la moelle épinière et gagner les élections, c'est un trait caractéristique de la démocratie bourgeoise. Mieux, la corruption des hommes politiques est d'autant plus brutale, plus cynique que la République est plus démocratique.

On peut adopter les lois que l’on veut contre la corruption, les affaires et les privilèges, mener toutes les enquêtes possibles, on peut même diminuer et limiter leur importance, mais on ne peut pas les éliminer. Car leur existence et celle du capitalisme sont tellement imbriquées l’une dans l’autre que l’on ne peut supprimer l’une sans éliminer l’autre. Les lois et les mesures prises pour lutter contre la corruption ne sont que des paravents derrière lesquels la bourgeoisie dissimule ses forfaits. Le problème n’est donc pas l’existence de la corruption, des scandales financiers, des affaires et autres privilèges, mais celle du capitalisme qui les engendre. Il y a eu dans le passé des scandales, il y a aujourd’hui des scandales et il y aura dans l’avenir d’autres scandales tant que ce système existe. Le véritable scandale, c’est le capitalisme lui-même.

M.B

-------------------------

(1) http://www1.rfi.fr/actufr/articles/049/article_26255.asp

Partager cet article
Repost0

commentaires