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13 mai 2021 4 13 /05 /mai /2021 09:26

Les morts, les blessés de Jérusalem-Est et les raids sur Gaza ne doivent pas faire oublier les massacres et les souffrances qu’Israël inflige aux palestiniens depuis sa création.

 

En 1948, Albert Einstein, Hannah Arendt et plusieurs personnalités juives dénonçaient déjà Menahem Begin et le massacre du village palestinien de Deir Yassin dans une lettre publiée par New York Times :

« Les aveux publics du parti de Begin ne sont aucunement un guide quant à son caractère réel. Aujourd'hui, ils parlent de liberté, de démocratie et d'anti-impérialisme, alors que jusqu'à récemment ils prêchaient ouvertement la doctrine de l'Etat fasciste (...) Un exemple choquant est leur comportement dans le village arabe de Deir Yassin. Ce village, à l'écart des routes principales et entouré de terres juives, n'avait pris aucune part à la guerre, et avait même combattu les bandes arabes qui voulaient utiliser le village comme base. Le 9 avril (THE NEW YORK TIMES), des bandes terroristes ont attaqué ce village pacifique, qui n'était pas un objectif militaire dans les combats, ont tué la plupart de ses habitants 240 hommes, femmes et enfants et en ont gardé quelques-uns en vie pour défiler en captifs à travers les rues de Jérusalem (...) C'est dans ses actions que le parti terroriste trahit son caractère réel; à partir de ses actions passées, nous pouvons juger de ce que l'on peut attendre de lui dans le futur » (1) .

 

Effectivement en juin 1982, Menahem Begin, devenu premier ministre, et son ministre de la défense Ariel Sharon envahissent le Liban. Le jeudi 16 septembre les milices phalangistes pénètrent, avec l’aide de l’armée israélienne, les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila. Les mots et les images auront certainement du mal à décrire ce qui s’est passé dans les deux camps durant les nuits de jeudi à vendredi et du vendredi à samedi.

Pourtant, un homme, poète et écrivain, a su rendre compte avec une grande précision des détails de ce que les kataëbes chrétiennes protégées par Tsahal ont laissé derrière elles : «la femme palestinienne était probablement âgée car elle avait des cheveux gris. Elle était étendue sur le dos, déposée ou laissée là sur des moellons, des briques, des barres de fer tordues, sans confort. D'abord j'ai été étonné par une étrange torsade de corde et d'étoffe qui allait d'un poignet à l'autre, tenant ainsi les deux bras écartés horizontaux, comme crucifiés. Le visage noir et gonflé, tourné vers le ciel, montrait une bouche ouverte, noire de mouches, avec des dents qui me semblèrent très blanches, visage qui paraissait, sans qu'un muscle ne bougeât, soit grimacer soit sourire ou hurler d'un hurlement silencieux et ininterrompu. Ses bas étaient en laine noire, la robe à fleurs roses et grises, légèrement retroussée ou trop courte, je ne sais pas, laissait voir le haut des mollets noirs et gonflés, toujours avec de délicates teintes mauves auxquelles répondaient un mauve et un violet semblable aux joues. Étaient-ce des ecchymoses ou le naturel effet du pourrissement au soleil ?». Voilà ce que Jean Genet écrivait dans « Quatre heures à Chatila » (2) .

Menahem Begin déclarait à la Knesset « A Chatila, à Sabra, des non-juifs ont massacré des non-juifs, en quoi cela nous concerne-t-il ?» (3)

M. Begin a raison. Israël n’est jamais concerné ni inquiété. C’est un Etat au-dessus de toutes les lois, conventions et autres résolutions. Ici seul le « droit » du plus fort s’applique.

 

Israël a tant de pouvoir qu'il peut commettre et faire passer tous ses massacres pour de la légitime défense ! Il a le soutien des Etats-Unis, de l’Europe et de tous les régimes arabes. Cela fait beaucoup pour le peuple palestinien qui est toujours sans Etat ni véritable territoire. Ce pouvoir, dans lequel s’enfonce Israël, risque de se retourner contre lui et l’engloutir.

 

Aujourd’hui encore, l’Etat d’Israël s’enlise dans la même logique, celle du crime et démontre à nouveau son mépris absolu pour la vie humaine : « Je suis écœurée par cette énième démonstration de barbarie et de violence de la part d’Israël, cette démonstration de mépris total pour la vie humaine, pour la dignité de la personne, pour le respect des droits les plus élémentaires des peuples. » écrivait Ishtar Cohen (4) .

 

Aujourd'hui, Benyamin Netanyahou poursuit « l’œuvre » accomplie hier par Menahem Begin et Ariel Sharon : tuer le plus de palestiniens possible qui représentent, pour eux, l’obstacle vivant au Grand Israël. Mais depuis 1948 la résistance palestinienne est toujours là comme la terre sur laquelle elle a grandi.

D’autres dirigeants israéliens viendront commettre à leur tour les massacres nécessaires au nom de ce « grand rêve ».

 

Israël poursuit donc et poursuivra méthodiquement et froidement son « œuvre». Ses crimes sont plus ou moins acceptés, plus ou moins justifiés, mais rarement dénoncés par les grands médias occidentaux. Les massacres d’Israël se font « dans les murmures ou dans le silence total ».

Les gouvernements successifs d’Israël, et ce depuis sa création, ont élevé les israéliens dans le mépris et la haine du palestinien.

 

Pourtant, les deux peuples ont vécu ensemble en paix des siècles durant. Leur amour pour cette terre de Palestine n’a d’équivalent que leur haine réciproque. Leurs proclamations d’indépendance montrent d’ailleurs, une étrange ressemblance :

« Eretz- Israël est le lieu où naquit le peuple juif. C’est là que se forma son caractère spirituel, religieux et national. C’est là qu’il réalisa son indépendance et créa une culture d’une portée à la fois nationale et universelle. » (Proclamation d’indépendance de l’Etat d’Israël, 15 mai 1948).

La déclaration des palestiniens commence ainsi : « Terre des messages divins révélés à l’humanité, la Palestine est le pays natal du peuple arabe palestinien. C’est là qu’il a grandi qu’il s’est développé et s’est épanoui » (Déclaration d’indépendance de l’Etat palestinien, 15 novembre 1988).

Le poète palestinien Mahmoud Darwish écrivait «  Nous souffrons d’un mal incurable qui s’appelle l’espoir. Espoir que nos poètes verront la beauté de la couleur rouge dans les roses plutôt que dans le sang. Espoir que cette terre retrouvera son nom original : terre d’amour et de paix ».

 

Mohamed Belaali

 

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(1)https://www.marxists.org/reference/archive/einstein/1948/12/02.htm

(2)Jean Genet, « L’ennemi déclaré ». Textes et entretiens. Gallimard. Page 243

(3)Ibid

(4) https://cybersolidaires.typepad.com/francophonie/2008/12/le-sang-de-gaza-est-entr%C3%A9-dans-ma-maison.html

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commentaires

J
cher Mohamed, merci pour cet article important que vous avez intitulé "La moderne barbarie" . Je me souviens d’une citation d’Aleka Papariga (secrétaire générale du parti communiste grec (KKE)) « La barbarie ne peut être rendue humaine »
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M
Très belle citation. Merci Jay.