En janvier 2007, Nicolas Sarkozy disait : "Je veux changer la pratique de la République. Je veux une République irréprochable" (1). Aujourd'hui l'ancien président de la République est jugé pour toute une série "d'affaires" (Bygmalion, financement libyen, «Azibert», Karachi etc...). Il a même été condamné deux fois à de la prison ferme dans deux affaires différentes. C'est historique ! Et plusieurs autres "affaires" attendent encore Nicolas Sarkozy devant les tribunaux. Mais ce passage à répétition devant les juges n'est que l'arbre qui cache la forêt. Le nombre d'hommes et de femmes politiques impliqués, à un degré ou à un autre, dans les "affaires" est impressionnant. Voici une liste non exhaustive qui ne doit pas masquer le caractère récurrent et structurel de la corruption qui règne dans toutes les sphères de l’État. Sans remonter aux diamants centrafricains de Giscard, on peut citer pêle-mêle à titre d'exemple seulement quelques responsables politiques :
Raymond Barre, Jacques Médecin, Michel Mouillot, Christine Boutin, Christian Blanc, Christian Estrosi, Alain Joyandet, Eric Worth, Jérôme Cahuzac, Alain Juppé, André Santini, Claude Guéant, le couple Balkany, Serge Dassault, Jean-Michel Baylet, Jean-Noël Guérini, Jean-François Copé, Edouard Balladur, Jacques Chirac, Jean-Pierre Bechter, Maryse Joissains, Gaston Flosse, Jacques Mellick, Charles Pasqua, Pierre Bedier, Aquilino Morelle, Alain Carignon, Bernard Tapie, Thomas Thévenoud, Georges Tron, François Léotard, François Fillon, Léon Bertrand, François Bayrou, François de Rugy, Richard Ferrand, Laura Flessel, Jean-Paul Delevoye, Sylvie Goulard, Marielle de Sarnez, Françoise Nyssen, Alexis Kohler, Jean-Christophe Lagarde, Caroline Cayeux etc. etc.
D'autres noms viendront allonger cette liste déjà longue. Car ces "affaires" et ces scandales sont intimement liés au fonctionnement même du système capitaliste qui les produit et reproduit de manière permanente. Il ne s'agit pas ici d'une affaire de morale, républicaine ou non, mais la conséquence d’un système économique dont les intérêts de classes constituent le fondement matériel. Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron ne disaient-ils pas : "Nous conjurerons le pire en remettant de la morale dans la politique" (2) par "une vraie stratégie de moralisation de la vie publique" (3).
"La moralisation de la vie publique" (4), "la nécessité d'une lutte implacable contre les dérives de l'argent" (5) etc. ne sont en réalité que de grossiers mensonges derrière lesquels la classe dirigeante tente de dissimuler ses pratiques mafieuses pour mieux leurrer les classes populaires. Invoquer la morale dans le cadre du système actuel est non seulement une illusion, mais par dessus le marché une grande hypocrisie.
Aujourd'hui, en guise de la république "irréprochable" et "exemplaire", on a plutôt une république corrompue livrée, pieds et poings liés, au capital, aux cabinets de conseils, aux ministres millionnaires qui la violent chaque jour sous le regard stupéfait des plus démunis. Les travailleurs découvrent que ces corrompus, qui de surcroît cachent souvent leur magot dans les paradis fiscaux pour échapper à l'impôt, possèdent des patrimoines sans commune mesure avec leurs propres salaires. Combien de siècles de labeur et de souffrance au travail faut-il à un smicard par exemple pour atteindre le patrimoine déclaré et non déclaré de ces ministres? Et ce sont ces mêmes possédants qui exigent des salariés de travailler toujours plus et leur imposent toujours plus de sacrifices. Le cynisme et le mépris pour le peuple de ces hommes et de ces femmes corrompus n'ont d'égal que leur soumission aux puissants. Qu'elle est belle la république bourgeoise !
On peut adopter les lois que l’on veut contre la corruption, les affaires et les privilèges, mener toutes les enquêtes possibles, on peut même diminuer et limiter leur importance, mais on ne peut pas les éliminer. Car leur existence et celle du capitalisme sont tellement imbriquées l’une dans l’autre que l’on ne peut supprimer l’une sans éliminer l’autre. Les lois et les mesures prises pour lutter contre la corruption ne sont que des paravents derrière lesquels la bourgeoisie dissimule ses forfaits. Le problème n’est donc pas l’existence de la corruption, des scandales financiers, des affaires et autres privilèges, mais celle du capitalisme qui les engendre. Il y a eu dans le passé des scandales, il y a aujourd’hui des scandales et il y aura dans l’avenir d’autres scandales tant que ce système existe. Le véritable scandale, c’est le capitalisme lui-même.
Mohamed Belaali
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(3).https://www.dailymotion.com/video/x5do11u