Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 décembre 2023 3 13 /12 /décembre /2023 17:40

 

Parmi les innombrables et innommables crimes d'Israël, il y a l'assassinat du poète Rifaat Alareer avec les membres de sa famille au nord de Gaza le 6 décembre 2023. Il avait 44 ans. Il a refusé de quitter sa Gaza natale pour pouvoir écrire et informer sur la réalité des souffrances des palestiniens.

Rifaat Alareer était traducteur et professeur de littérature anglaise à l'Université Islamique de Gaza, elle aussi bombardée par l'armée d'occupation. Il enseignait Shakespeare, Thomas Wyatt, Wilfred Owen et bien d'autres poètes et écrivains britanniques, mais aussi israéliens comme Yehuda Amichaï. Parmi ses écrits, on peut citer "Gaza Unsilenced", "Gaza writes back" qui ne sont toujours pas traduits en français.

Il était l'un des cofondateurs du projet "We are not numbers" jumelant des auteurs de Gaza à des mentors à l'étranger qui les aidaient à écrire des récits en anglais sur leur réalité.

Contre la barbarie israélienne, Rifaat Alareer opposait sa seule et unique arme, sa poésie. Une poésie simple, émouvante, populaire et tragique, mais elle dérangeait. Il fallait donc étouffer la voix du poète comme les phalangistes fanatiques ont étouffé celle de Federico Garcia Lorca en 1936 près de Grenade.

Sa mort restera comme un témoignage éloquent et tragique à la fois des profondes injustices infligées au peuple palestinien.

 

Si je dois mourir était son dernier poème :

 

Si je dois mourir,

tu dois vivre

et raconter mon histoire

vendre mes affaires

acheter un bout de tissu

et quelques morceaux de ficelle,

(fais en sorte qu’il soit blanc avec une longue queue)

pour qu’un enfant, quelque part à Gaza

en regardant droit vers le ciel

alors qu’il attend son papa emporté dans une explosion –

sans faire ses adieux à personne

ni à sa chair

ni à lui-même –

pour qu’il voie le cerf-volant, mon cerf-volant, celui que tu as fait, prendre

son envol

et qu’il pense alors qu’un ange est là

venu ramener l’espoir

Si je dois mourir

que cela ramène l’espoir

et que cela devienne un conte

 

Le poème est lu ici par l'acteur britannique, Brian Kox :

https://youtu.be/BtBN_ucwmso?si=7OJTdlHWHLnbikhu

 

Mohamed Belaali

​​​​

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires