Face à la barbarie du capitalisme qui est en train de détruire l'homme et la nature, l'appel de Marx à le renverser n'a jamais été aussi urgent qu'aujourd'hui. Tous les faits donnent raison à sa pensée révolutionnaire : crises à répétition, extermination des populations entières à travers la planète, menace réelle d'une guerre nucléaire, destruction systématique de notre planète, exploitation de plus en plus violente de la force de travail, richesses fabuleuses entre les mains de quelques uns et misère sordide pour tous ceux qui ne possèdent rien, etc. Derrière ce chaos destructeur et ce déchaînement infernal se cache cette recherche effrénée du profit. Face à ce constat et face également à cette débandade idéologique qui caractérise notre époque, la doctrine de Marx reste indispensable pour réveiller, éduquer, organiser et mobiliser les forces capables de faire éclater cette société et libérer les hommes de toutes les tares du capitalisme. Car il ne s'agit pas seulement d'améliorer la société actuelle, mais d'en préparer la naissance d'une nouvelle où "Le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous" (*).
Mais si "la force matérielle ne peut être abattue que par la force matérielle", il n'en demeure pas moins que " la théorie se change, elle aussi, en force matérielle, dès qu'elle pénètre les masses. La théorie est capable de pénétrer les masses dès qu'elle procède par des démonstrations ad hominem, et elle fait des démonstrations ad hominem dès qu'elle devient radicale. Être radical, c'est prendre les choses par la racine". Le combat pour l'émancipation et pour "renverser toutes les conditions sociales où l'homme est un être abaissé, asservi, abandonné, méprisable" passe donc, en parallèle de la lutte économique et politique, par la lutte théorique. Car "sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire".
La bourgeoisie qui possède les moyens matériels de production, concentre également entre ses mains les moyens de production intellectuels : grands médias, réseaux socionumériques, influenceurs politiques, instituts de sondage, programmes scolaires et universitaires, industries culturelles, groupes de réflexion, institutions religieuses, techniques publicitaires, institutions internationales etc. etc. "Les pensées de la classe dominante, écrivaient Marx et Engels, sont aussi, à toutes les époques, les pensées dominantes, autrement dit la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est aussi la puissance dominante spirituelle. La classe qui dispose des moyens de la production matérielle dispose, du même coup, des moyens de la production intellectuelle, si bien que, l'un dans l'autre, les pensées de ceux à qui sont refusés les moyens de production intellectuelle sont soumises du même coup à cette classe dominante ".
Cette idéologie dominante qui sature l'espace public et privé, cherche à dissimuler la réalité de la violence des rapports sociaux pour mieux légitimer l'ordre établi. Elle façonne et conditionne notre manière de penser et d'agir. Elle fixe dans nos cerveaux des représentations dont le seul but est de consolider le système d'exploitation des uns par les autres. Il s'agit pour la bourgeoisie de désarmer et de priver la classe des travailleurs de ses instruments idéologiques qui lui permettent de résister et de lutter efficacement contre toute sorte de manipulation, d'exploitation et d'oppression.
Toutefois si le changement radical de la société est nécessaire et urgent, cela ne suffit évidemment pas à provoquer ce changement. Car la classe dirigeante qui possède tous les pouvoirs, ne recule devant aucun obstacle pour défendre et perpétuer son système. Les puissants ne renoncent jamais à leurs privilèges. Ils n'accordent jamais rien par générosité ou grandeur d'âme. Et lorsque les conflits s'aiguisent et la lutte prend de l'ampleur, cette minorité d'exploiteurs devient brutale, arrogante et odieuse. En France par exemple sa férocité envers les Gilets jaunes, le mouvement contre la "réforme" des retraites, les mobilisations contre les méga-bassines de Sainte Soline, la révolte des quartiers populaires restent à cet égard des exemples éloquents. Rien de plus normal dans une société fondée sur la lutte des classes : "L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire des luttes de classes". Toute l'histoire des classes dominantes n'a été que férocité et cruauté exercées sur les dominés pour se maintenir au pouvoir. Renverser la domination des oppresseurs pour une transformation radicale et qualitative de la société, ne peut donc résulter uniquement d’une simple perfection de la démocratie bourgeoise et de la conciliation des classes. L’entente des classes est une chimère, une rêverie produite et entretenue par les classes exploiteuses. Elle est contredite chaque jour dans les faits. L'histoire nous apprend que le passage d'un stade de développement à un autre qui lui est supérieur s'effectue dans la violence qui est la conséquence directe de la résistance des oppresseurs. "La violence, disait Marx, est l'accoucheuse de toute vieille société qui en porte une nouvelle dans ses flancs".
Même si de nos jours les conditions ne sont pas réunies, la destruction de fond en comble de ce système, ennemi de l'homme et de la nature, reste la seule et l'unique solution. Les obstacles immenses et innombrables qui se dressent face à ce changement ne sauraient effacer ni sa légitimité, ni sa nécessité. Sans un changement radical, point de salut !
Il est donc crucial de mener un combat au quotidien contre cette idéologie totalitaire qui paralyse la lutte des masses opprimées.
L'œuvre de Marx n'est pas un dogme, un catéchisme, mais un outil formidable de lutte contre un système qui échappe de plus en plus à la volonté des hommes : "la société bourgeoise moderne, qui a fait surgir de si puissants moyens de production et d'échange, ressemble au magicien qui ne sait plus dominer les puissances infernales qu'il a évoquées". Elle permet à ceux d'en bas, les exploités, les prolétaires, les esclaves modernes de prendre conscience de ce qu'ils sont réellement dans cette société, une simple marchandise qui s'achète et se vend sur le marché : "Ces ouvriers, contraints de se vendre au jour le jour, sont une marchandise, un article de commerce comme un autre".
La pensée révolutionnaire de Marx est en quelque sorte la lumière, le guide qui montre le chemin de la libération très obscurci par l'hégémonie idéologique de la classe dominante.
"Les prolétaires n'y ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à y gagner".
Mohamed Belaali
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(*) https://www.marxists.org/francais/marx/works/1847/00/kmfe18470000b.htm
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