Zineb REDOUANE 80 ans, Ali Ziri 69 ans, Cédric Chouviat 42 ans, Mohamed Boukrourou 41 ans, Abou Bakari Tandia 38 ans, Amadou Koumé 33 ans, Pascal Taïs 32 ans, Abdelkarim Aouad 30 ans, Wissam El-Yamni 30 ans, Mickaël Simon 27 ans, Mohammed Saoud 26 ans, Abdelilah El Jabri 25 ans, Lamine Dieng 25 ans, Adama Traoré 24 ans, Steve Maia Canico 24 ans, Malik Oussekine 22 ans, Hakim Ajimi 22 ans, Rémi Fraisse 21 ans, Zied et Bouna 17 et 15 ans… La liste des hommes morts du fait de la police, dans les commissariats, lors des interpellations etc. est longue, trop longue. Et il ne s'agit là que de quelques victimes connues et répertoriées.
Entre 1977 et 2020, la police a tué 746 personnes (1). Récemment, nous rapporte la presse, "en moins de 24 heures, deux personnes ont été tuées par des tirs policiers, lors de deux refus d'obtempérer" (2).
En 2017, la loi relative à la sécurité publique a nettement assoupli la notion de la légitime défense (3). Depuis cette date, le nombre de personnes abattues par la police a été multiplié par 5 (4).
Ces assassinats sont banalisés, légitimés et institutionnalisés par l'Etat.
La mission essentielle de la police n'est pas la sécurité publique mais le maintien de l'ordre politique, garanti par l’État, instrument d'oppression de la classe dominante. Ces crimes ordinaires de l'Etat français se suivent et se ressemblent. Il y aura malheureusement dans l'avenir d'autres crimes tellement la police est intimement liée à l'Etat.
Les assassinats, les mutilations et d'une manière générale la répression et la violence exercées sur les jeunes des cités, partie intégrante de la classe ouvrière, et sur le mouvement social dans sa globalité montrent bien que le rôle confié par la bourgeoisie à la police est de briser toute contestation, toute résistance aussi minime soit-elle à l'ordre établi. C'est dans ce cadre qu'il faut comprendre toute cette surenchère sécuritaire, cette militarisation de la police et ce renforcement extraordinaire de ses pouvoirs.
Aucune république, aucune monarchie même la plus démocratique, ne peut se passer de la violence pour maintenir la majorité de la population dans la soumission. L'existence du suffrage universel, du gouvernement, du parlement et de toutes les institutions qui gravitent autour de l’État ne change rien au fond du problème : l’État reste ce qu'il est réellement c'est-à-dire un appareil qui réprime par la violence toute contestation de l'ordre établi. La terrible répression exercée sur les Gilets jaunes est un exemple éloquent à cet égard. Il ne peut en être autrement dans une société de classes où l’État possède le monopole de la violence. L’État au service du peuple, de l'ordre public, de l'intérêt général etc. ne sont que des grossiers mensonges véhiculés par la classe dirigeante pour mieux justifier ses privilèges et sa domination.
L’État français peut en totale impunité tuer, éborgner les manifestants, arracher leurs mains, les défigurer ou tout simplement les éliminer physiquement. Ni la justice, ni l' Inspection Générale de la Police Nationale, le Conseil d’État, le Défenseur des Droits, l'ONU, le Parlement européen , le Conseil de l'Europe et toutes les autres institutions nationales et internationales ne sont en mesure d'arrêter cette violence de classe.
Derrière la violence policière il y a l’État et derrière l’État il y a le capital.
Mohamed Belaali
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(1)https://bastamag.net/webdocs/police/
(3)https://www.assemblee-nationale.fr/14/dossiers/securite_publique.asp