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7 janvier 2025 2 07 /01 /janvier /2025 08:34

 

   Je reproduis ce texte écrit juste après les attentats du 7 janvier 2015.

 

Le sept, le huit et le neuf janvier 2015, dix-sept personnes sont tombées sous les balles des fanatiques religieux. Journalistes, dessinateurs, policiers, agent de nettoyage et de simples citoyens ont été froidement et lâchement assassinés par trois hommes se réclamant du groupe terroriste Al Qaeda. Ce massacre doit être dénoncé avec force et sincérité. Ce crime ne doit laisser aucun homme, aucune femme indifférent et insensible à la douleur des familles.

Alors que le sang des victimes n'a pas encore séché, une étrange atmosphère s'est abattue sur la France. Rarement récupération politique, hypocrisie et cynisme ont atteint une telle intensité. Dans les médias, l'hystérie est à son paroxysme.

Au nom de "l'unité nationale" et au nom de "la liberté d'expression", on étouffe toute velléité et toute possibilité d'exprimer librement une pensée différente. Toute voix discordante est suspectée, marginalisée et subtilement réprimée. On doit tous, sans exception, être Charlie. La raison doit entrer en sommeil. Elle se réveillera peut-être plus tard. Pour l'instant seule compte la soumission totale à l'union sacrée contre le terrorisme. Une forme lente de fascisation des esprits s'installe insidieusement.

Les hérétiques n'ont pas leur place dans ce beau concert d'unanimité. Leurs pensées en elles- mêmes constituent une offense, un affront et une insulte au discours dominant.

Qui a créé le terrorisme et les terroristes ? Qui les arme, les finance, les entraîne ? Quel est le rôle des États-Unis, de l'Arabie Saoudite, du Qatar, de la Turquie et des gouvernements européens notamment français ? Qui a créé de toute pièce les "rebelles syriens, libyens" et les "moudjahidins de la liberté c.a.d les Talibans ? Beaucoup d'interrogations qui sont aujourd'hui occultées et maintenues dans l'ombre. La foule doit rester dans l'ignorance. Et comme disait Orwell "L'ignorance c'est la force" !

L'unité doit être complète, parfaite, totale. Les hommes, les femmes, les enfants, les jeunes et les moins jeunes doivent marcher ensemble derrière le chef de l’État. Pas de place pour les hérétiques Car "nous devons être nous-mêmes conscients que notre meilleure arme, c’est notre unité, l’unité de tous nos concitoyens face à cette épreuve. Rien ne peut nous diviser, rien ne doit nous opposer, rien ne doit nous séparer" disait François Hollande (1). Le président de la République demande, sans exception aucune, à tous les citoyens, partis politiques, syndicats, associations etc. de descendre dans la rue pour marcher main dans la main derrière Hollande, Sarkozy, Merkel, Rajoy, Cameron, les représentants de l'Union européenne, du secrétaire général de l'OTAN (bras armé de l'impérialisme), Netanyahou, Lieberman (deux criminels de guerre) et bien d'autres dirigeants responsables directement ou indirectement de l'existence même du terrorisme qui a tué, à Paris, froidement dix-sept personnes innocentes et continue à semer la mort à travers toute la planète. "Les mauvaises graines qu’ils (les dirigeants) ont semées à travers la planète ont produit une moisson abondante de groupes dont la cruauté et la barbarie s’inspirent directement de celles de leurs maîtres. L’Arabie Saoudite par exemple, modèle de démocratie et du respect des droits de l’homme et surtout de la femme, décapite au sabre et en public chaque année des dizaines d’hommes. Or l’Arabie reste le soutien financier et idéologique (le wahhabisme) le plus décisif des nombreuses organisations djihadistes réactionnaires. Mais l'Arabie Saoudite est également pour l'impérialisme américain, en plus de ses richesses pétrolières, le rempart le plus solide contre toute idée et tout régime démocratique, progressiste et laïc" (2).

L'Islam, les musulmans, les enfants des travailleurs immigrés sont montrés du doigt et présentés par une partie de la population et par les médias comme responsables de la tuerie. Des mosquées ont été taguées, des vitrines kebab soufflées par des explosions, des voitures appartenant à des familles musulmanes criblées de balles, des personnes agressées physiquement un peu partout en France et en Corse. Le racisme et la haine sont ainsi attisés par les médias, les hommes politiques, certains romanciers et les forces d'extrême droite qui exploitent jusqu’à la moelle le massacre de Charlie Hebdo. L'attentat et la gigantesque manipulation politique et médiatique qui l'ont suivi n'ont fait qu'exacerber un racisme latent, plus ou mois refoulé.

L'amalgame entre Islam et terrorisme, l'islamophobie, le racisme ambiant sont des armes efficaces utilisées par la classe dominante, à travers le pouvoir politique et médiatique, pour mieux occulter sa responsabilité dans la situation économique et sociale désastreuse que connaît la France aujourd'hui. La désignation d'un bouc émissaire permet aussi de détourner les masses populaires des vrais problèmes qui les rongent au quotidien. Dans ce sens, l'attentat contre Charlie Hebdo constitue une véritable aubaine pour le gouvernement qui poursuivra, sans risque aucun, sa politique d'austérité entièrement au service du patronat. Les terroristes, sans le vouloir, lui rendent donc un immense service.

Malheureusement Charlie Hebdo, même si cela relève de son droit et de sa liberté, a beaucoup contribué au développement de cette ambiance détestable de stigmatisation et de mépris des musulmans de France.

Depuis le 11 septembre 2001 sous la houlette de Philippe Val et Caroline Fourest notamment, Charlie Hebdo n'a cessé de déverser sa haine contre les musulmans. Il a fait de l'islamophobie l'axe central de sa ligne éditoriale. Au fil du temps, Charlie Hebdo a perdu sa fibre contestataire pour devenir un simple canard islamophobe au service de l'ordre établi.

Mohamed Belaali

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(1)http://www.elysee.fr/chronologie/#e8251,2015-01-07,allocution-du-president-de-la-republique-a-la-suite-de-l-attentat-au-siege-de-charlie-hebdo

(2) http://www.belaali.com/2014/11/le-terrorisme-produit-authentique-de-l-imperialisme.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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20 décembre 2024 5 20 /12 /décembre /2024 08:54

 

En janvier 2007, Nicolas Sarkozy disait : "Je veux changer la pratique de la République. Je veux une République irréprochable" . Aujourd'hui, l'ancien président est condamné définitivement à trois ans de prison dont un ferme pour corruption et trafic d'influence dans l’affaire dite "des écoutes de Paul Bismuth". En effet, le 18 décembre 2024, la Cour de cassation vient de confirmer sa condamnation en première instance du 1er. Mars 2021. Rappelons également que Nicolas Sarkozy a déjà été condamné le 30 septembre 2021 à une année de prison ferme pour "financement illégal de campagne électorale". Ainsi l'ancien président de la République est condamné pour la deuxième fois à de la prison ferme dans deux affaires différentes. C'est historique ! Plusieurs autres affaires attendent encore Nicolas Sarkozy devant les tribunaux. En même temps, l'ancien chef de l'Etat a reçu d'innombrables soutiens y compris du pouvoir en place. Car dans cette république bourgeoise que certains qualifient " d'exemplaire" et "d'irréprochable", plus on est condamné pour affaires de corruption et plus on est soutenu !

La condamnation à deux reprises de Sarkozy n'est que l'arbre qui cache la forêt. Le nombre d'hommes politiques impliqués, à un degré ou à un autre, dans les affaires est impressionnant. Il est tout simplement impossible d'établir une quelconque liste exhaustive des scandales politico-financiers qui secouent régulièrement tous les échelons de l'Etat. Car ces "affaires" et ces scandales sont intimement liés au fonctionnement même du capitalisme qui les produit et reproduit de manière permanente. Il ne s'agit pas ici d'une affaire de morale, républicaine ou non, mais la conséquence d’un système économique dont les intérêts de classes constituent le fondement matériel. Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron ne disaient-ils pas : "Nous conjurerons le pire en remettant de la morale dans la politique" par "une vraie stratégie de moralisation de la vie publique" .

Les institutions de cette république bourgeoise non seulement sont complices de ces agissements, mais permettent et favorisent la multiplication des opportunités de corruption et des scandales en tout genre. Et toutes les déclarations et les gesticulations autour de "la moralisation de la vie publique", de "la nécessité d’une lutte implacable contre les dérives de l’argent, de la cupidité et de la finance occulte", de "la transparence de la vie publique", de "la lutte contre la grande délinquance économique et financière" etc.. ne sont en réalité que de grossiers mensonges derrière lesquels la classe dirigeante tente de dissimuler ses pratiques mafieuses pour mieux leurrer les classes populaires. Invoquer la morale dans le cadre du système actuel est non seulement une illusion, mais par dessus le marché une grande hypocrisie.

Sans remonter jusqu'aux diamants centrafricains de Giscard, on peut citer à titre d'exemple seulement quelques noms de dirigeants politiques empêtrés, à un titre ou à un autre, dans des affaires : Alain Carignon, Alain Juppé, Jérôme Cahuzac, Patrick Balkany, Claude Guéant, Serge Dassault, Thomas Thévenoud, François de Rugy, Richard Ferrand, Jean-Paul Delevoye, Charles Pasqua, François Léotard, François Fillon, Jacques Chirac etc. etc. Il ne s'agit là que de quelques exemples qui ne doivent pas masquer le caractère récurrent et structurel de la corruption qui règne dans les plus hautes sphères de l’État. D'autres noms viendront allonger cette liste déjà longue. Marine Le Pen par exemple, dans le procès des assistants parlementaires du RN, le parquet a requis contre elle cinq ans de prison dont deux ferme et cinq ans d’inéligibilité. Elle sera fixée sur son sort le 31 mars 2025.

On peut adopter les lois que l’on veut contre la corruption, les affaires et les privilèges, mener toutes les enquêtes possibles, on peut même diminuer et limiter leur importance, mais on ne peut pas les éliminer. Car leur existence et celle du capitalisme sont tellement imbriquées l’une dans l’autre que l’on ne peut supprimer l’une sans éliminer l’autre. Les lois et les mesures prises pour lutter contre la corruption ne sont que des paravents derrière lesquels la bourgeoisie dissimule ses forfaits. Le problème n’est donc pas l’existence de la corruption, des scandales financiers, des affaires et autres privilèges, mais celle du capitalisme qui les engendre. Le véritable scandale, c’est le capitalisme lui-même.

 

Mohamed Belaali

 

 

 

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17 novembre 2024 7 17 /11 /novembre /2024 09:25

 

Six ans déjà ! Le mouvement des Gilets jaunes a surgi sur la scène politique française le 17 novembre 2018. Il est né et s'est développé en dehors de toute organisation politique ou syndicale. Le mouvement est apparu au moment où le capitalisme semblait domestiquer les différentes organisations politiques et syndicales. En effet, les directions de ces organisations, à quelques exceptions près, semblaient dépassées et assistaient en spectatrices comme si elles n'étaient pas concernées par ce conflit ouvert. Car elles sont davantage dans un processus de "pacification et de régulation des conflits" que dans une stratégie de lutte de classe. Le combat des Gilets jaunes constitue, dans une certaine mesure, un refus et une révolte contre l'immobilisme des directions syndicales et politiques qui sont réduites à gérer avec le pouvoir le système en place alors même que la tendance générale du capitalisme n'est pas d'améliorer les conditions de celles et ceux qui produisent la richesse, mais à les dégrader.

Le mouvement des Gilets jaunes est d'abord la conséquence d'une situation économique et sociale désastreuse dans laquelle se trouvait et se trouve toujours une large frange de la population. C'était une révolte contre cette politique de paupérisation ultra-libérale menée tambour battant par les gouvernements successifs. Ils exprimaient le ras le bol général d'une majorité de la population face à la classe au pouvoir. Le mouvement fédérait en son sein les mécontents de tout bord. C'était inévitable dans un mouvement aussi large.

La radicalité du Mouvement n'était que le corollaire de la brutalité des politiques économiques et sociales imposées par la minorité d'exploiteurs à l'immense majorité de la population. C'est un rejet massif non seulement de ces politiques, mais aussi du président de la République serviteur zélé de la classe dominante. La force et l'originalité du mouvement des Gilets jaunes résidaient dans son existence même et dans sa longue et magnifique résistance à l'une des plus brutales et des plus féroces bourgeoisies au monde. Il est le produit authentique de la lutte des classes qui secouait la société française.

Dès les premières manifestations, les Gilets jaunes sont allés crier leur colère et leur indignation sur les lieux même du pouvoir. "Emmanuel Macron oh tête de c. on vient te chercher chez toi" chantaient à pleins poumons les Gilets jaunes. Leur combat ne se limitait donc pas seulement à des revendications immédiates mais s'attaquait aussi aux conditions dans lesquelles les injustices de classe se reproduisent. Les Gilets jaunes ont compris que derrière cette injustice et cette dégradation générale des conditions de vie que subissent les classes populaires, se cache la classe des oppresseurs qui a hissé brutalement Macron à la tête de l'Etat. "Macron, robin des rois", "président des riches" ou encore "Rends l’ISF d’abord !" clament les Gilets jaunes.

Effrayée par la détermination de ce mouvement populaire et par sa farouche volonté de ne plus s'inscrire dans le jeu du pouvoir, la classe dirigeante n'a pas hésité à mener une véritable guerre contre les Gilets jaunes. Même l'armée a été appelée à la rescousse. Car lorsque le conflit s'aiguise, la classe dominante n'a d'autres choix que d'utiliser la violence pour perpétuer sa domination. Et plus la lutte perdure et prend de l'ampleur, plus la répression devient intense et brutale : rien de plus normal dans une société fondée sur la lutte des classes. Le combat des Gilets jaunes a eu au moins le mérite de mettre en pleine lumière non seulement la brutalité de l’État, mais aussi les valeurs hypocrites de la république bourgeoise : État de droit, droits de l'homme, séparation des pouvoirs, liberté de s'exprimer, de manifester, de circuler et tutti quanti.

Pour briser le Mouvement des Gilets jaunes, la bourgeoisie française a mobilisé tout son appareil répressif, judiciaire et médiatique. Les Gilets jaunes sont probablement le Mouvement le plus réprimé dans l'histoire récente de la France. Les chiffres parlent d'eux-mêmes :

- 2 décès,

- 315 blessures à la tête,

- 24 éborgnés,

- 5 mains arrachées .

L'étude menée auprès des CHU de France et publiée dans la revue scientifique "The Lancet" montre une forte hausse du nombre de personnes éborgnées avec les LBD depuis la révolte des Gilets jaunes.

Le Ministère de l'intérieur compte, quant à lui, 2 448 blessés, 561 signalements déposés à l'IGPN, 313 enquêtes judiciaires de l'IGPN, 8 enquêtes administratives, 23 enquêtes judiciaires de l'IGGN, 180 enquêtes transmises au Parquet, 19 071 tirs de LBD, 1 428 tirs de grenades lacrymogènes instantanées, 5 420 tirs de grenades de désencerclement , 474 gendarmes blessés et 1 268 policiers blessés .

Cette violence d'Etat condamnée par le Défenseur des Droits , Amnesty International , l'ONU, le Parlement européen , le Conseil de le l'Europe reste impunie.

Le pouvoir n'a nullement le souci de la vie et de l'intégrité physique des révoltés, mais s'inquiète grandement des constructions, des bâtiments, "de la brique et du mortier" (1). Macron et son gouvernement considèrent que la violence et la brutalité utilisées contre les Gilets jaunes sont justes alors que la moindre vitrine cassée par les révoltés constitue par elle-même un crime.

A cette brutalité policière, s'ajoute une violence judiciaire inédite :

- Environ 11000 personnes placées en garde à vue.
- 4700 affaires ont fait l’objet de renvoi devant les tribunaux, dont un peu moins de la moitié dans le cadre d’une procédure de comparution immédiate.
- Un peu plus de 3000 condamnations ont déjà été prononcées. Un tiers de ces condamnations ont donné lieu à des peines d’emprisonnement ferme.
- Environ 440 mandats de dépôt ont été décernés (exécution d’une peine ou détention provisoire).

Une nouvelle loi est votée par le parlement le 12 mars 2019 qui se rajoute à l'arsenal juridique répressif qui existe déjà (lois antiterroristes, état d'urgence désormais inscrit dans le droit commun...). Mais cette fois elle ne concerne pas des terroristes mais des hommes et des femmes qui ont décidé de prendre leur destin en main, les Gilets jaunes. Il s'agit de la loi "anticasseurs" imposée par le pouvoir et qui constitue une attaque sans précédent contre le droit de manifester même si son article 3 a été censuré par le conseil constitutionnel.

Et comme si cette répression physique et judiciaire ne suffisait pas, la classe au pouvoir a utilisé une autre arme non moins violente que les LBD ou les condamnations à des peines d’emprisonnement ferme; il s'agit de la propagande médiatique pour stigmatiser et discréditer le mouvement aux yeux de "l'opinion publique" nationale et internationale. Président de la République, Gouvernement, journalistes, intellectuels, experts...défilent sur les plateaux de télévisions et les stations de radio pour déverser leur haine de classe : une "foule haineuse", des "bœufs", des "casseurs" des "nervis", des "salopards d’extrême droite et extrême gauche", des "fascistes", des "conspirationnistes", des "antisémites" etc. Certains comme Luc Ferry vont même jusqu'à appeler les forces de l'ordre et l'armée à se servir des armes : "qu’ils se servent de leurs armes une bonne fois ! […] On a la quatrième armée du monde, elle est capable de mettre fin à ces saloperies". Cela fait penser aux Versaillais qui voulaient à tout prix détruire les Communards !

Non satisfaits d'avoir éborgné, mutilé et stigmatisé les Gilets jaunes, Macron et son gouvernement ont exigé des médecins de les ficher lorsqu'ils arrivaient blessés aux urgences. La classe dirigeante voulait ainsi transformer les médecins en complices, en simples supplétifs de la police : le secret professionnel, la déontologie et l’éthique médicale n'ont de valeur que lorsqu'ils servent ses propres intérêts.

Partout on a interdit aux Gilets jaunes de manifester et notamment dans les centres-villes. Leurs ronds-points ont été souvent occupés par la police et leurs cabanes systématiquement détruites.

Mais malgré cette politique de terreur, les Gilets jaunes ont tenu longtemps tête au pouvoir. Aucun mouvement dans l'histoire récente de la France n'a mobilisé autant d'hommes et de femmes sur une aussi longue durée. Les Gilets jaunes étaient en quelque sorte comme ces plantes sauvages qui traversent les murs les plus solides. Toutefois, cette détermination et cette colère sont restées insuffisantes pour permettre le bouleversement radical de la société capitaliste. Le mouvement des Gilets jaunes ne pouvait le faire qu’en s’alliant avec la classe ouvrière, seule classe réellement révolutionnaire de par sa position dans le processus de production.

La lutte des Gilets jaunes dépassait le cadre étroit des revendications corporatistes. Elle s'inscrivait dans une perspective plus large, celle d'un combat politique de classe contre classe. Le mouvement des Gilets jaunes avait réveillé de profondes espérances, mais il n'a pas pu mener une résistance collective, structurée avec une direction consciente et déterminée.

Le mouvement des Gilets jaunes, malgré ses faiblesses et ses contradictions, restera un événement majeur dans cette lutte qui fait rage entre les dominants et les dominés. Il est entré dans l'histoire avec une aura qui lui est propre.

Il est grand temps que tous les exploités, tous les progressistes, tous les citoyens appauvris, méprisés se réveillent et préparent, dans des conditions nouvelles, de nouveaux combats contre les injustices de classe et la misère sociale.

 

Mohamed Belaali

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(1)K Marx : "Le Paris ouvrier, en accomplissant son propre, son héroïque holocauste, a entraîné dans les flammes des immeubles et des monuments. Alors qu'ils mettent en pièces le corps vivant du prolétariat, ses maîtres ne doivent plus compter rentrer triomphalement dans les murs intacts de leurs demeures. Le gouvernement de Versailles crie : Incendiaires ! (...) La bourgeoisie du monde entier qui contemple complaisamment le massacre en masse après la bataille, est convulsée d'horreur devant la profanation de la brique et du mortier!" Dans "La guerre civile en France". Editions sociales, p.84.

https://www.marxists.org/francais/ait/1871/05/km18710530d.ht

 

 

 

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15 novembre 2024 5 15 /11 /novembre /2024 16:07

Aujourd'hui vendredi 15 novembre 2024, la justice vient d'ordonner la libération du militant Georges Ibrahim Abdallah emprisonné depuis 1984 :  "Par décision en date du jour, le tribunal d'application des peines a admis Georges Ibrahim Abdallah au bénéfice de la libération conditionnelle à compter du 6 décembre prochain, subordonnée à la condition de quitter le territoire national et de ne plus y paraître"

"Ma libération est un détail. Face à la situation du monde, aux attaques répétées contre le droit des peuples et leur liberté" a déclaré Georges Abdallah.

Le Parquet national antiterroriste a annoncé faire appel de cette décision.

 

 

 

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13 novembre 2024 3 13 /11 /novembre /2024 08:19

 

 «Jamais en France un prisonnier politique n’a été détenu aussi longtemps que  Georges Ibrahim Abdallah».

Jean-Louis Chalanset *

 

Le 15 novembre 2024, le tribunal d'application des peines est appelé à se prononcer sur la onzième demande de libération de Georges Ibrahim Abdallah incarcéré depuis 1984. Précisons que Georges Abdallah est libérable depuis 1999. Mais pour l'Etat français, il doit rester et mourir en prison. Il faut populariser son combat ainsi que celui des collectifs qui le soutiennent et qui se trouvent aujourd'hui aux quatre coins du monde pour le sauver de cette lente mort carcérale.

Georges Ibrahim Abdallah est un militant communiste né au Liban le 2 avril 1951 dans une famille maronite (1). Georges a grandi dans ce pays tourmenté, frontalier d'Israël. Cette proximité est source de conflits et de malheurs pour le Liban et sa population. Israël est un État créé et élevé sur les terres d'un autre peuple. Transformé en exilé et en réfugié, le peuple palestinien est réduit à errer à travers le monde et à survivre dans des camps de concentration sous des tentes. Une partie importante de ces réfugiés s'est installée sur la côte libanaise de Tyr à Beyrouth après La Nakba (désastre, catastrophe) de 1948. Mais l’État hébreux ne se contente pas d'arracher le peuple palestinien à sa terre, il le poursuit partout où il peut se trouver. C'est ainsi qu'il a attaqué les camps de réfugiés en 1972 et envahi le sud Liban en 1978 ainsi que Beyrouth en 1982. Ben Gourion ne disait-il pas qu’il fallait "attaquer sur tout le front et non seulement à l’intérieur de l’Etat d’Israël ou aux frontières de la Palestine, mais de rechercher l’ennemi et de l’écraser partout où il peut être" (2). Le destin de Georges Ibrahim Abdallah est intimement lié à la Palestine et aux souffrances de son peuple qu'Israël tente aujourd'hui d'exterminer (plus de 43 000 morts).

Sa trajectoire politique est totalement déterminée par la tragédie du peuple palestinien.

Nationaliste et progressiste arabe, Georges Ibrahim Abdallah milite d'abord dans le Parti national social syrien (PNSS), composante importante du Mouvement national libanais dirigé par Kamal Joumblatt. Communiste, il rejoint les rangs du Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP) crée en 1967 par Georges Habache dont il était proche. L'accord du Caire de 1969 donnait à la Résistance palestinienne le droit d'attaquer Israël à partir du Sud-Liban. Georges Ibrahim Abdallah est d'ailleurs blessé lors de l'invasion par l'armée israélienne de cette partie du Liban en 1978 (opération Litani). En juin 1982 alors que le pays est en pleine guerre civile, Israël, avec la complicité de Washington et des phalanges chrétiennes libanaises, envahit à nouveau le Liban et assiège Beyrouth-Ouest où la résistance palestinienne et toute la gauche libanaise combattaient côte à côte leur ennemi commun Israël.

Le jeudi 16 septembre 1982 les milices phalangistes pénètrent, avec l’aide de l’armée israélienne, les camps de réfugiés palestiniens Sabra et Chatila de Beyrout-Ouest. Selon les sources, le nombre de victimes civiles palestiniennes atrocement mutilées et massacrées dans ces deux camps varie entre 700 et 3500 morts. L'intervention militaire israélienne au Liban proprement dite (Paix en Galilée) a fait 20 000 morts civils libanais et palestiniens. Ni Israël, ni les phalanges chrétiennes responsables de cette moderne barbarie n'ont été condamnés bien évidemment.

C'est dans ce contexte qu'il faut situer l'action des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL) et d'autres organisations palestiniennes qui ont décidé de frapper les intérêts sionistes et américains partout à travers le monde. Effectivement en janvier 1982 les FARL, dont la justice française soupçonne Georges Ibrahim Abdallah d'en être le dirigeant, revendiquent l'assassinat de Charles Robert Ray attaché militaire adjoint à l'ambassade américaine à Paris et membre de la CIA. En avril de la même année, elles revendiquent un deuxième attentat.Yvan Barsimantov, agent du Mossad et secrétaire adjoint à l’ambassade d’Israël à Paris, tombait lui aussi sous les balles des FARL : "Nous, Fraction Armée Révolutionnaire Libanaise, nous nous adressons à tous ceux qui condamnent la terreur et le terrorisme, à tous ceux qui militent pour l’abolition de la société d’exploitation et de guerre. Nous avons exécuté YACOV BARSIMANTOV. Nous, nous attaquons ceux qui organisent le génocide du peuple Palestinien. Nous, nous sauvegardons la vie des innocents même au péril de notre propre sécurité". Selon le journal libanais Al Akhbar, l'exécution d'Yvan Barsimantov est le fait de Jacqueline Esber, alias «Camarade Rima» militante communiste des FARL décédée en novembre 2016 au Liban à l'âge de 57 ans.

Le 24 octobre 1984, Georges Ibrahim Abdallah est arrêté pour détention de faux papiers d'identité, un passeport délivré légalement par les autorités algériennes. Selon Jacques Attali, Georges Ibrahim Abdallah " n’est inculpé que de faux et usage de faux. Il dispose d’un vrai-faux passeport algérien" (3). Aujourd'hui Georges Ibrahim Abdallah est toujours en prison. Il est devenu le plus vieux prisonnier politique d'Europe. Son procès a connu de multiples rebondissements et plusieurs chefs d'accusation. Finalement la justice française le condamne en 1987 à perpétuité pour complicité dans les assassinats en 1982 de deux diplomates agents de la CIA et du Mossad.

Dans un premier temps Georges Ibrahim Abdallah était défendu par Me. Jean-Paul Mazurier qui a publié avec Laurent Gally, journaliste à Libération, un livre où il reconnaît qu'il travaillait aussi pour les renseignements français (4) ! Toutes les demandes de libération conditionnelle formulées par Georges Ibrahim Abdallah , dix au total, ont été rejetées alors qu'il était libérable depuis 1999 selon le code pénal français qui rend cette libération possible après quinze ans de détention. Les gouvernements américain et israélien s'opposent farouchement à sa libération. Les États-Unis par exemple, non seulement exercent une pression directe sur le gouvernement français, mais se sont constitués également partie civile dans le procès, phénomène rare dans les annales de la justice. Même l'ancien directeur de la DST Yves Bonnet, qui a participé aux négociations pour libérer Gilles Sidney Peyrolles fils de l'écrivain Gilles Perrault enlevé par les FARL au Liban en échange de la libération de Georges Ibrahim Abdallah, trouve " (...) anormal et scandaleux de maintenir encore Georges Ibrahim Abdallah en prison. Je considère qu'il avait le droit de revendiquer les actes commis par les FARL comme des actes de résistance. Après on peut ne pas être d'accord, c'est un autre débat. Mais il faut se souvenir du contexte, aussi, des massacres de Sabra et Chatila dont les coupables n'ont jamais été punis". Précisons que dans cette affaire de tractations menée par Yves Bonnet, seul Gilles Sidney Peyrolles a été libéré. Georges Ibrahim Abdallah, lui, est toujours en prison. Rien ne peut se faire sans le consentement du pouvoir politique. C'est une justice totalement dépendante du gouvernement. La séparation des pouvoirs, chère à Montesquieu, reste une chimère. Le cas de Georges Ibrahim Abdallah est une preuve vivante de cette imbrication des pouvoirs judiciaire et exécutif. Le procès de Georges Ibrahim Abdallah ainsi que son destin se jouent davantage au palais de l’Élysée que dans le palais de justice. Car il ne s'agit pas d'un procès judiciaire mais politique !

Georges Ibrahim Abdallah est un prisonnier politique. Il n'a jamais renié ses convictions communistes et internationalistes ni son combat contre le sionisme et l'impérialisme américain. Et ce sont justement ces convictions et ce combat que les États-Unis, Israël et la France s'acharnent à briser en maintenant arbitrairement en détention un homme qui leur tient tête. Selon les mots mêmes de Georges Kiejman avocat des Etats-Unis dans ce procès, « Georges Ibrahim Abdallah, c'est quelqu'un de très digne, mais qui se présente aujourd'hui encore comme un militant prêt à reprendre le combat politique». A travers Georges Ibrahim Abdallah c'est en réalité la résistance à Israël que l'on condamne. Georges Ibrahim Abdallah n'est pas condamné selon les règles du droit, il est séquestré par un État dont la soumission aux intérêts sionistes n'est plus à démontrer. Pour la bourgeoisie française et ses gouvernements successifs, le marxiste Georges Ibrahim Abdallah doit mourir en prison.

Les bourgeoisies occidentales sont complices des régimes locaux d'un autre âge qui répriment, pourchassent, emprisonnent et parfois assassinent les militants progressistes et à fortiori communistes dans le monde arabe. Rappelons que ce sont ces mêmes bourgeoisies qui ont sauvé ces régimes de l'effondrement lors des soulèvements populaires de 2011.Voir fleurir des idées laïques dans cette région tourmentée du monde leur est insupportable. Mais en condamnant toutes les voies et toutes les issues progressistes, les bourgeoisies occidentales ont ouvert la boîte de Pandore libérant des monstres qui essaiment et sèment la mort un peu partout dans le monde. Elles s’accommodent davantage avec les idées réactionnaires et obscurantistes qu'avec celles du progrès et des lumières. En plantant une lame au cœur du monde arabe c'est à dire un État au dessus des autres et qui viole au quotidien le droit international, les bourgeoisies occidentales ont en même temps créé sans le vouloir la résistance laïque et progressiste non seulement en Palestine mais aussi dans tout le monde arabe. Cette situation leur est intolérable et inacceptable. Il faut donc soutenir les régimes les plus rétrogrades pour dresser un rempart conte toute résistance communiste ou tout simplement progressiste aussi minime soit-elle. Georges Ibrahim Abdallah fait partie de ces générations de militants marxistes qu'il faut partout traquer, arrêter et emprisonner même si la menace qu'elles représentent est plus que surestimée.

Il faut sauver Georges Ibrahim Abdallah des griffes de cette classe toujours prompte à accorder son pardon à des hommes politiques qui ont servi ses intérêts. Le cas, parmi tant d'autres, de Maurice Papon est éloquent à cet égard. Rappelons pour mémoire que cet homme est responsable, avec la complicité de l’État français, du massacre de plusieurs dizaines d'algériens en octobre 1961 (5), de celui de Charonne en février 1962 et condamné en 1998 à 10 ans de réclusion criminelle pour "complicité de crimes contre l'humanité" pour avoir organisé l'arrestation et la déportation de 1560 juifs . Maurice Papon n'a finalement passé qu' à peine trois ans en prison. Il est mort paisiblement pendant son sommeil en 2007. Georges Ibrahim Abdallah, lui, doit rester et mourir en prison. Seule une lutte organisée et efficace peut renverser le rapport de force et le sauver de cette lente mort carcérale à laquelle l'a condamné cette classe hideuse . Il faut populariser son combat ainsi que celui des collectifs qui le soutiennent et qui se trouvent aujourd'hui aux quatre coins du monde. Il faut partout dénoncer cette injustice et exiger la libération de Georges Ibrahim Abdallah. La bourgeoisie française qui espère le voir mourir en prison, doit comprendre que "les révolutionnaires ne meurent Jamais"(6)

 

Mohamed Belaali

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(1)Les maronites sont des chrétiens d'orient. Ils constituent la plus importante communauté chrétienne du Liban. L’Eglise maronite naît au IVe siècle sous l’impulsion de Saint Maron.

Voir :http://www.lesclesdumoyenorient.com/Le-Liban-chretien-Bref-historique.html

(2)Ben Gourion, Rebirth and destiney of Israël. Cité par Lotfallah Soliman dans «Pour une histoire profane de la Palestine ». La Découverte, p. 120.

(3) Jacques Attali, Verbatim, tome l. Deuxième partie Chronique des années 1983-1986, Fayard,

Paris, 1993, p. 1 180.

(4)"L’Agent noir. Une Taupe dans l’Affaire Abdallah", Robert Laffont, Paris, 1986.

(5)Jean-Luc Einaudi «La bataille de Paris, 17 octobre 1961». Éditions du Seuil, 1991.

https://www.youtube.com/watch?v=0D6MAtV2jkI&feature=youtu.be

(6)Georges Habache :"Les révolutionnaires ne meurent jamais". Fayard, 2008

 

 

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9 novembre 2024 6 09 /11 /novembre /2024 08:11

 

Sans l'Occident capitaliste, Israël n'aurait jamais pu mener cette guerre d'extermination contre le peuple palestinien. Sans les Etats-Unis et dans leur sillage l'Europe, Israël n'aurait jamais pu poursuivre avec arrogance sa fureur sanglante. Et rien ne semble pouvoir arrêter cette moderne barbarie. Mais c'était plus ou moins prévisible. Ce n'est une surprise, malgré l'ampleur des crimes, que pour ceux qui fermaient volontairement les yeux sur l'histoire du sionisme qui, depuis sa fondation au congrès de Bâle en 1897, portait en lui les germes de la négation totale des palestiniens. Il ne s'agit pas d'une nouvelle stratégie, mais d'un projet né bien avant l'existence de l'Etat d'Israël : le colonialisme sioniste. "Une terre sans peuple pour un peuple sans terre" dit le slogan sioniste.

Chaïm Arlosoroff (1899-1933) directeur politique de l'Agence juive, sioniste convaincu et venant de l'extrême gauche écrivait en 1932 dans une lettre à Chaïm Weismann premier président de l'Etat d'Israël : " Dans les circonstances actuelles, le sionisme ne peut pas être réalisé sans une période transitoire au cours de laquelle la minorité juive exercerait un pouvoir révolutionnaire organisé, où l'appareil de l'Etat, l'administration et l'établissement militaire seraient concentrés entre les mains de la minorité, afin d'éliminer le danger de la domination de la majorité non juive et supprimer toute rébellion contre nous (...). Il y a une chose à laquelle je suis profondément attaché. Je n'accepterai jamais la faillite du sionisme".

Vladimir Jabotinsky (1880-1940), un leader sioniste nettement moins hypocrite que la plupart des dirigeants israéliens, écrivait Dans un article intitulé "Le mur d'acier" du 4 novembre 1923 : "La colonisation porte en elle sa propre définition, totale et inéluctable. Elle est comprise par chaque juif et par chaque Arabe. La colonisation ne peut avoir qu'un seul objectif. Pour les Arabes palestiniens, cet objectif est inadmissible. Telle est la nature des choses. Changer cette nature est impossible. La colonisation ne peut être menée que contre la volonté des Arabes palestiniens."

La colonisation sioniste de la Palestine est ainsi intrinsèquement incompatible avec l’existence du peuple palestinien dont la détermination à vouloir vivre en paix sur sa terre malgré les guerres, les tueries de masse, la déportation, les dévastations, reste totale. Les palestiniens constituent de ce fait un obstacle vivant à la réalisation du "Grand Israël". Leur attachement indéfectible à leur terre n'a d'égal que la farouche volonté d'Israël de les exterminer. Il faut donc les exterminer ou tout du moins les chasser loin de leur terre, la Palestine. "Expulsez-les" disait déjà Ben Gourion en parlant de ces mêmes palestiniens.

Prise au piège de sa propre logique exterminatrice, la société israélienne, élevée depuis sa création dans la haine et surtout dans le mépris du palestinien, produit non seulement des fanatiques mais choisit pour la diriger des hommes et des femmes, quelle que soit par ailleurs leur coloration politique, qu'elle juge capables d'aller jusqu'au bout de leur mission c'est-à-dire anéantir toute entité et toute identité palestinienne : David Ben Gourion, Golda Méir, Menahem Begin, Shimon Pérès, Benyamin Netanyahou etc. etc. Les noms de ces hommes sont intimement liés à des lieux aujourd'hui connus de tout le monde : Deir-Yassine (1948), Kafr Qassem (1956), Sabra et Chatila (1982), Jénine (2002), Gaza (2008, 2012, 2014, 2018 et 2023) pour ne citer que ceux là. Car le Grand Israël ne peut être construit justement que sur les cadavres palestiniens.

Le modèle d'extermination qui fonde cet Etat, structure l'ensemble des rapports de la société israélienne. Une société fermée, raciste, sans opposition ou presque, nourrie de mythes bibliques et qui s'habitue de plus en plus aux souffrances qu'elle inflige tous les jours aux palestiniens, qui devient insensible à leurs malheurs, sourde à leurs cris de douleurs et aveugle à leur présence.

Pour mener à bien sa sinistre entreprise d'extermination, le sionisme a toujours su s'appuyer sur les superpuissances de l'époque. Hier, il s'est développé sous l'aile protectrice de la Grande-Bretagne; aujourd'hui, il est porté à bout de bras par les Etats-Unis.

L'Etat d'Israël est un pur produit du colonialisme européen et plus précisément britannique qui s'est par ailleurs partagé avec le colonialisme français la dépouille de l'Empire ottoman. C'est à la conférence de San Remo en 1920 que ces deux puissances coloniales européennes se sont partagé le butin. La France s'est emparée du Liban et de la Syrie, l'Angleterre de l'Irak et de la Palestine après l'incorporation de la déclaration Balfour qui prévoyait "de favoriser l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif". La déclaration Balfour, le mandat britannique sur la Palestine, l'antisémitisme européen et le génocide nazi ont permis aux organisations sionistes, minoritaires au début, d'étendre leur hégémonie sur les juifs du monde entier. Leur obsession est de faire de toute la Palestine l'Etat exclusif du "peuple juif". C'est une "Promesse divine" faite au "peuple élu".

La colonisation sioniste de la Palestine n'aurait donc jamais pu exister sans l'aide décisive de l'Etat

colonial britannique. L'Angleterre et le sionisme politique ont enfanté ensemble un monstre qui ne cesse de grandir au point de devenir un véritable danger pour la paix dans le monde. Mais là encore ce n'est pas un fait nouveau même si les situations historiques ne sont jamais identiques. L'occident capitaliste a vu naître sur ses propres terres dans les années vingt et trente, après la boucherie de 1914/1918, des monstres dont on continue aujourd’hui encore à dénoncer la barbarie.

Il faut dire que l'histoire de cet occident capitaliste, celle de l'Europe et des Etats-Unis n'est en réalité qu'une suite de guerres, de massacres, d'exterminations, de pillages et d'asservissement des peuples. Traite négrière, esclavage, colonialisme, néocolonialisme etc., sont ses produits les plus authentiques. Dans Les Damnés de la terre, Frantz Fanon écrivait : " L'Occident a voulu être une aventure de l'Esprit. C'est au nom de l'Esprit, de l'esprit européen s'entend, que l'Europe a justifié ses crimes et légitimé l'esclavage dans lequel elle maintenait les quatre cinquièmes de l'humanité. (...) Il y a deux siècles, une ancienne colonie européenne s'est mise en tête de rattraper l'Europe. Elle y a tellement réussi que les Etats-Unis d'Amérique sont devenus un monstre où les tares, les maladies et l'inhumanité de l'Europe ont atteint des dimensions épouvantables.

En effet, ce sont les américains aujourd'hui, après les anglais, qui arment, financent et encouragent Israël à poursuivre son génocide à Gaza. Ils sont devenus comme disait Martin Luther King "Le plus grand pourvoyeur de violence dans le monde aujourd'hui". Précisons également que cette violence exercée notamment sur des civils sans défense a toujours fait partie intégrante des stratégies des guerres américaines. Les Philippines, la Corée, le Japon, l'Indonésie, le Vietnam, la Yougoslavie, l'Afghanistan, l'Irak, la Lybie etc., tous ces pays ont connu des massacres de civils lors des interventions militaires des Etats-Unis.

Mais malgré l'oppression et les drames dont l'Amérique et l'Europe accablent le monde, leur domination engendre, paradoxalement, les conditions nécessaires pour l'émergence d'un nouvel ordre mondial post-occidental. Le refus de très nombreux pays du Sud de s'aligner sur les positions américaines et européennes concernant les grands dossiers internationaux notamment sur la Palestine et l'Ukraine, leur volonté de réorganiser le système international, de se débarrasser de l'hégémonie du dollar dans les échanges mondiaux, montre à l'évidence qu'un monde multipolaire est en gestation. Les BRICS (46% de la population mondiale et 36 % de la production mondiale) incarnent dans une certaine mesure les aspirations de ces pays à rééquilibrer les rapports de force d'un ordre mondial largement dominé encore par l'Occident. Quant à la Palestine, les BRICS condamnent fermement Israël et l'accusent même, lors de l'ouverture d'un sommet virtuel extraordinaire consacré à la situation à Gaza, de "crimes de guerre" et de "génocide" et réclament "un cessez-le-feu immédiat et complet". La situation à Gaza "doit nous inciter à unir nos efforts (…) pour mettre fin à cette injustice historique" affirment les pays membres des BRICS. Dans la déclaration finale du sommet de Kazan en 2024, le groupe réaffirme son "soutien à l’admission de l’État de Palestine en tant que membre à part entière des Nations Unies, en lien avec notre engagement indéfectible en faveur d’une solution à deux États, fondée sur le droit international". Précisons toutefois que le terme de génocide n'a pas été mentionné dans cette déclaration contrairement à celle du sommet virtuel de 2023. Il faut dire que les BRICS, un groupe de pays très hétérogène dont beaucoup entretiennent des relations étroites avec Israël, ne cherchent nullement à constituer une alternative à la domination occidentale ni à remettre radicalement en cause la mondialisation capitaliste. Ils œuvrent plutôt à la construction d'un système multilatéral pour rééquilibrer les rapports de pouvoir au niveau mondial comme le dit clairement la déclaration de Kazan :"Nous nous attachons à renforcer notre partenariat stratégique au profit de nos populations en œuvrant à la défense de la paix, d’un ordre international plus juste, d’un système multilatéral réformé et renouvelé". Mais malgré leur hétérogénéité et leurs divergences, les BRICS jouissent d'une grande force d'attraction pour les pays émergeants. La situation géopolitique très dégradée notamment en Palestine avec le soutien inconditionnel de l'Occident capitaliste à Israël, sa logique du "deux poids, deux mesures" sur de nombreux dossiers internationaux ont accéléré la contestation de cet ordre néocolonial et poussé de nombreux pays à rejoindre le groupe désormais appelé BRICS+.

Toutefois, même si la Palestine est bien présente dans ce processus de construction d'un nouvel ordre multipolaire, et malgré que les Etats-Unis et l'Europe connaissent un certain isolement au niveau mondial à cause de leur soutien sans limites à Israël, les BRICS, dans l'état actuel des rapports de force, ne sont pas en mesure d'influer sur la politique américaine au Moyen-Orient.

Pour les palestiniens il ne leur reste que la tragique réalité. Ils ne peuvent compter, comme toute leur histoire le démontre, que sur eux-mêmes et sur le soutien et la solidarité des peuples du monde entier.

 

Mohamed Belaali

 

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30 octobre 2024 3 30 /10 /octobre /2024 07:50

La mort est devenue une triste et vulgaire marchandise qui se vend et s'achète sur un marché fleurissant. Les croque-morts réalisent d'énormes profits en prenant en charge intégralement le défunt et sa famille tout en exploitant la douleur de leurs clients. Le développement de la crémation ne fait que renforcer cette marchandisation croissante de la mort. Le profit s'est ainsi installé entre les vivants et les morts rendant "leurs liens" de plus en plus inhumains.

 

Longtemps l'activité funéraire était le monopole des communes. Depuis la loi Sueur du 8 janvier 1993, elle est désormais contrôlée par le marché. La mort fut ainsi privatisée !

Les sociétés de pompes funèbres se développent, entre autres, au rythme du vieillissement de la population et du nombre de décès. Les projections de l'INSEE concernant cette évolution sont éloquentes : le nombre de personnes de plus de 60 ans doublera et celui des décès passera de 530 000 en 2005 à 770 000 en 2049 soit une augmentation de 45 %. Les entreprises funéraires exploitent bien évidemment un besoin auquel tout le monde est confronté !

La demande sur ce marché rentable ne peut que continuer à croître. Il représente déjà près de trois milliards d'euros en 2023 et les perspectives d'avenir sont prometteuses. Il s'agit donc d'un marché dynamique et si l'on peut dire vivant. Mais c'est aussi un marché où la concurrence est, paradoxalement, absente. Or la loi du 8 janvier 1993 avait pour objectif majeur l'abolition du monopole communal de l'activité funéraire pour lui substituer la concurrence des opérateurs privés. La loi Sueur voulait également protéger les familles fragilisées par le deuil contre d'éventuelles pratiques opaques et abusives des prix. Là encore l'échec est total. Selon la Cour des comptes "l’ouverture à la concurrence de ce secteur depuis 1993 n’a pas eu de répercussions positives en termes de prix pour les consommateurs et que les dispositions du code général des collectivités territoriales qui exigent que des modèles de devis soient déposés dans les mairies des communes de plus de 5 000 habitants ne sont pas respectées".

Les familles frappées par le deuil ne peuvent donc compter sur la protection des gouvernements.

Le défunt et ses proches sont intégralement pris en charge par les entreprises funéraires. La liste de leurs prestations est impressionnante. Aucun aspect lié de près ou de loin à la mort ne leur échappe. Cela va de l'organisation des funérailles proprement dites avec leur «cortège» interminable de produits et de services, aux formalités administratives en passant par les contrats de prévoyance. Chaque article, chaque prestation est chèrement facturé. Concernant les contrats de prévoyance, contrats obsèques etc., la guerre fait rage, de votre vivant déjà, entre les sociétés de pompes funèbres, les banquiers, les compagnies d'assurance, les mutuelles santé et autres organismes de prévoyance. Ces institutions savent que la mort est un marché très lucratif. Les entreprises funéraires exploitent non seulement la vulnérabilité des familles dans des moments singuliers, mais aussi leur volonté d'accompagner dignement leur proche à sa dernière demeure.

Il faut préciser que l'offre et la demande sur ce marché ont beaucoup évolué. La thanatopraxie (technique qui consiste à embaumer le mort pour lui donner les apparences de la vie) par exemple est de plus en plus pratiquée. Selon la Fédération Nationale du Funéraire, 45 % des défunts reçoivent les soins de thanatopraxie. Les familles utilisent également les chambres funéraires, structures commerciales, pour le recueillement et les visites. Aujourd'hui de plus en plus de personnes décèdent à l'hôpital ce qui nécessite le transport du corps dans des véhicules spécialisés. Ces pratiques et bien d'autres, qui ne sont pas toutes obligatoires, augmentent nettement le prix final perpétuant ainsi, dans la mort, les inégalités sociales.

Certainement le marché évoluera vers de nouvelles prestations et donc de nouvelles tendances et pratiques, nécessaires ou non. Les marchands de la mort trouveront là une juteuse extension de leurs activités. Et avec leurs techniques marketing de plus en plus sophistiquées, ils imposeront leurs rites, leurs cérémonies et leurs lois à des familles souvent déchirées et déstabilisées par la douleur. Déjà, les pompes funèbres tentent d'exploiter les préoccupations des citoyens pour leur environnement. Le Voeu, un opérateur funéraire important, estime que "la France accumule un retard par rapport à ses voisins européens et anglo-saxons. Dans ces pays, la démarche respectueuse de l’environnement intègre déjà tous les aspects de la filière". Les pompes funèbres ne vont pas tarder à proposer à leurs clients des "obsèques vertes"! Là encore la mort se révèle être un marché fructueux.

La religion elle-même n'échappe pas à cette logique marchande. Quelques soient vos croyances et votre religion, les entreprises funéraires sont toujours là pour vous prendre en charge moyennant un prix le plus souvent élevé. Les rites catholiques, musulmans, juifs, bouddhiste etc. ne sont sur ce marché que des produits qui se vendent et s'achètent comme n'importe quel autre article de commerce. André Comte-Sponville disait dans L'Esprit de l'athéisme, "Ce que la religion apporte, lorsqu'on a perdu un être cher, ce n'est pas seulement une consolation possible; c'est aussi un rituel nécessaire, un cérémonial, même sans faste, comme une politesse ultime, face à la mort de l'autre, qui aiderait à l'affronter(...)" . On peut ajouter que ce cérémonial religieux non seulement se fait aujourd'hui avec un certain faste, mais surtout se transforme de plus en plus en rituel commercial !

Mais la tendance de fond reste la crémation tout du moins en France, car elle est déjà très développée dans des pays comme la Suède, le Danemark, la Grande Bretagne, la Suisse etc. où sa part dans l'ensemble des obsèques dépasse les 70 %. En France elle ne représente encore que 40 % et deviendra majoritaire à l'horizon 2030 selon la Fédération française de crémation (FFC).

Les crématoriums sont eux aussi en augmentation constante. Selon Meilleures Pompes Funèbres On est passé de 180 crématoriums en 2017 à 214 en 2023.

De belles perspectives de profit donc pour les pompes funèbres qui vendent toutes des obsèques avec crémation. En effet, les marchands de la mort organisent dans le moindre détail chacune des étapes de la cérémonie y compris la dispersion de vos cendres. Nonobstant une législation stricte sur ce dernier point, la loi du 19 décembre 2008 relative à la législation funéraire n'interdit nullement aux pompes funèbres d'accomplir ou plus précisément de vendre aux familles cette prestation. La loi stipule "Les restes des personnes décédées, y compris les cendres de celles dont le corps a donné lieu à crémation, doivent être traités avec respect, dignité et décence"; elle a simplement oublié que ces "restes" humains dans cette société, sont une marchandise livrée aux opérateurs privés dont l'unique but est de faire du profit.

Une autre pratique apparaît et se développe notamment dans les pays nordiques; il s'agit de la promession présentée comme plus écologique encore que la crémation. Cette fois ce n'est plus la chaleur qui va réduire votre corps en cendre, mais le froid. Le cadavre du défunt est transformé en poussière grâce à l'azote liquide. Ce procédé n'est pas encore autorisé en France. Il le sera probablement lorsqu'il deviendra rentable pour les pompes funèbres. L'écologie n'est qu'un prétexte que les entreprises funéraires n'hésiteront pas à exploiter comme elles le font déjà avec la crémation. Si cette technique peut être bénéfique pour notre planète, il n'en demeure pas moins que ce n'est pas là leur but qui reste toujours le même : faire du chiffre.

Le poète et philosophe abbasside Al Maari (973 – 1057) disait, en substance dans un de ses poèmes que "la tristesse à l'instant de la mort est autrement plus intense que la joie au moment de la naissance". Les marchands de la mort ne reculent devant rien pour arriver à leur fin. Ils exploitent, en plus de la force de travail de leur salariés, un sentiment singulier et commun à tous les hommes: la tristesse et la douleur liées à la perte d'un être cher. Le marché de la mort plus que celui de la naissance a donc un bel avenir devant lui. Il est le miroir d'une société marchande qui a perdu ses repères humains; il ne lui reste comme guide et comme horizon ultime que le profit.

 

Mohamed Belaali.

 

 

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17 octobre 2024 4 17 /10 /octobre /2024 16:59

Le 17 octobre 1961 l'Etat français, à travers sa police, massacrait en plein Paris des centaines de travailleurs algériens qui manifestaient dignement et pacifiquement contre le couvre-feu raciste qu'on leur imposait. Une folie coloniale de plus.

"Il est conseillé de la façon la plus pressante aux travailleurs algériens de s'abstenir de circuler la nuit dans les rues de Paris et de la banlieue parisienne" écrivait Maurice Papon préfet de police de Paris. Les ouvriers algériens et leurs familles ont décidé, vaille que vaille, de manifester dans la capitale coloniale. C'est leur manière de contribuer à l'édification de la nouvelle nation algérienne.

La police a tiré sur la foule. Des manifestants ont été jetés dans la Seine qui a, des jours durant, charrié leurs cadavres. Les blessés ont été emmenés sans ménagement au Palais des sports et au Stade Pierre-de-Coubertin comme au Stade de Santiago de Chili en 1973 où l'on entassait les opposants au général Pinochet.

17 octobre 1961, c'est peut-être le plus grand massacre d'ouvriers après la Commune de Paris.

Un lourd silence s'est alors abattu sur ce crime d'Etat. Livres, témoignages, films, reportages, documents historiques, dossiers de presse, archives etc. pendant des décennies ont été saisis et interdits. La radio et la télévision ont été bridées. La mémoire du 17 octobre a été occultée pour mieux refouler l'ensemble des crimes coloniaux.

Il faut peut-être beaucoup de temps pour que la bourgeoisie française, responsable de ce massacre, ose montrer son visage hideux. Comme disait Frantz Fanon dans Les damnés de la terre, cette bourgeoisie qui aime tant parler de l'homme et des droits de l'homme "tout en le massacrant partout où elle le rencontre, à tous les coins de ses propres rues, à tous les coins du monde".

Mohamed Belaali

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7 octobre 2024 1 07 /10 /octobre /2024 07:00

 

La folie génocidaire d'Israël est la conséquence directe du soutien inconditionnel des puissances occidentales oppressives comme les Etats-Unis et l'Europe. Israël, un État dirigé par un gouvernement d'extrémistes et de fanatiques, sème la mort à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Syrie et un peu partout dans cette région tourmentée. Et rien ne semble pouvoir arrêter sa fureur sanglante. Pire, plus il y a de morts, d'estropiés, d'affamés, de déplacés, de disparus, de torturés, hommes, femmes et enfants et plus l'occident arme, finance, protège et encourage Israël à poursuivre son "travail". "Tout le monde serait bien content qu’Israël finisse le boulot" disait le grand-rabbin de France Haïm Korsia (1).

Cette négation totale de la vie humaine a permis la banalisation de la mort, mais aussi l'effondrement de toutes les valeurs dont l'occident capitaliste continue encore à se targuer. Ses droits de l'homme présentés comme une maxime inviolable sont désormais enfouis sous les cadavres et les décombres de Gaza et de Beyrouth. C'est au nom de ces mêmes droits que les pires atrocités sont commises. La facilité avec laquelle les dirigeants occidentaux, à quelques exceptions près, acceptent de se soumettre totalement et aveuglément à l’Etat d’Israël constitue en soi un véritable danger pour le monde. Israël continue à briser d'innombrables vies sans qu'aucune limite ni aucune ligne rouge ne lui soit tracée par les américains et derrière eux l'ensemble des pays occidentaux. Israël, un État sans véritable opposition interne ni réelle pression externe, peut ainsi en toute impunité exterminer tout un peuple, affamer toute une nation et envahir des pays souverains. Les digues du droit, de la morale etc. que l'occident croyait solides s'écroulent les unes après les autres comme un château de cartes. La "civilisation" occidentale reste bien compatible avec les plus barbares des crimes contre l'humanité. "C’est un choc entre ceux qui glorifient la mort et ceux qui sanctifient la vie (...) La victoire de la vie sur la mort, la victoire du bien sur le mal. Tel est notre engagement solennel" disait Netanyahou dans un discours orwellien très applaudi par le Congrès américain le 25 juillet 2024 (2).

Mais Israël peut utiliser toute sa puissance militaire, tout détruire, il ne peut jamais tuer la cause palestinienne qui remonte toujours à la surface parce qu'elle est juste. Après chaque guerre, chaque dévastation, chaque tuerie de masse, Israël trouve face à lui les palestiniens prêts à nouveau à se battre pour leur droit à une existence nationale. L'histoire de ce peuple qui renaît de ses cendres est à la fois tragique et grandiose. Un peuple dont le nom évoque irrésistiblement les massacres les plus horribles du XX et du XXI siècles. Depuis sa création en 1948, Israël a mené plusieurs guerres contre les palestiniens, assassiné leurs dirigeants, multiplié les colonies, occupé quasiment toute la Palestine, mais il n'a jamais réussi à liquider la question nationale palestinienne. Malgré plus de trois quarts de siècle d'occupation, de massacres, de nettoyage ethnique et de déportation, les palestiniens sont toujours là. Leur détermination à vouloir vivre en paix sur leur terre reste totale. Chaque parcelle volée de cette terre palestinienne, chaque enfant, chaque femme, chaque homme tué, chaque maison détruite sont gravés dans leur mémoire collective blessée. Les poètes, mieux que quiconque peut-être, savent traduire cet attachement indéfectible à la terre et à la vie comme l'écrivait le poète palestinien Tawfik Zayyad :

Je graverai le numéro de chaque parcelle

de notre terre violée

et l’emplacement de notre village et ses limites

et ses maisons qu’ils ont dynamitées

et mes arbres qu’ils ont déracinés

et toutes les fleurs sauvages qu’ils ont arrachées

afin de me souvenir (3).

 

Mohamed Belaali

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(1)https://ujfp.org/apologie-de-genocide-lunion-juive-francaise-pour-la-paix-soutient-laction-introduite-contre-le-grand-rabbin-de-france-haim-korsia/

(2)https://fr.timesofisrael.com/texte-integral-de-lallocution-de-benjamin-netanyahu-devant-le-congres/

(3)https://www.belaali.com/2022/05/un-poete-palestinien-tawfik-zayyad.html

 

 

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10 septembre 2024 2 10 /09 /septembre /2024 06:57

 

 

Les Etats-Unis vont commémorer la tragédie du 11 septembre 2001 qui a coûté la vie à 3000 victimes. S'il faut bien évidemment parler du 11 septembre 2001 et dénoncer le massacre des innocents, il faut parler aussi du 11 septembre 1973 et rappeler, cinquante et un ans après, le rôle décisif des américains et de la bourgeoisie chilienne dans le coup d'Etat du général Pinochet qui a installé l'une des plus féroces et des plus cruelles dictatures au monde.

Mais on ne peut parler de la dictature de Pinochet sans évoquer le socialisme à la chilienne de Salvador Allende. Les deux hommes symbolisent deux modèles de société diamétralement opposés.

Allende était un révolutionnaire particulier. Il voulait réaliser le socialisme non pas par une révolution violente, mais d'une manière pacifique, par les urnes.

Le 3 novembre 1970, il gagne les élections et devient président de la République du Chili. Mais Salvador Allende n'est resté au pouvoir que trois ans. Il n'a pas pu réaliser "la voie chilienne vers le socialisme". En effet, le 11 septembre 1973, le général Augusto Pinochet, avec l'aide des Etats-Unis, met un terme par la violence à cette expérience du passage pacifique au socialisme. Le rêve "d'el compañero presidente" est brisé par la force brutale de la junte militaire.

Le général Pinochet prend le pouvoir. La dictature militaire remplace le socialisme démocratique. Assassinats, exécutions sans sommation, tortures ... sont devenus des pratiques quotidiennes. Les prisons et les commissariats sont débordés. Le Stade national de Santiago est transformé en centre de détention de masse. On y entasse des hommes et des femmes amenés des quartiers populaires par des bus et des camions militaires des semaines durant. C'est dans ce stade également que les militaires ont fait taire définitivement le chanteur Victor Jara : "Criblé de balles, les mains non pas tranchées mais broyées" écrivait sa femme dans "Victor Jara, un chant inachevé". La dictature a laissé derrière elle des milliers de morts, de disparus, d'exilés et de torturés.

Sur le plan économique, aidée par les "Chicago boys" disciples de Milton Friedman, la dictature a imposé une marchandisation totale de toutes les dimensions de la vie : la santé, l'éducation, l'électricité, l'eau, la mer, les communications etc. sont livrées au libre jeu du marché dominé par les multinationales américaines. Dictature, marché et capitalisme vont de pair. Le Chili est ainsi devenu le laboratoire des politiques néolibérales qui vont se généraliser un peu partout à travers la planète. Aujourd'hui en France, Macron poursuit avec un zèle très singulier ces mêmes politiques. Sur ce point précis, on peut dire qu'il est le digne successeur de Pinochet.

Fidèle à ses convictions, Allende a préféré mourir dignement que de se rendre à la junte militaire. Dans ses derniers moments, il s'adresse à son peuple : "Je paierai de ma vie la défense des principes qui sont chers à cette patrie (...) L’Histoire est à nous, c’est le Peuple qui la fait".

Le général Pinochet est mort paisiblement sur son lit d'hôpital militaire protégé par les Etats-Unis qui vont célébrer le 11 septembre...2001.

 

Mohamed Belaali

 

 

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