Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 décembre 2023 2 05 /12 /décembre /2023 08:36

Dupond-Moretti, ministre de la justice en exercice, accusé du délit "de prise illégale d'intérêts" est traduit devant la Cour de justice de la République. Cette juridiction d’exception "a considéré que l’élément matériel des prises illégales d’intérêts était établi", mais ne condamne pas pour autant le garde des Sceaux. Comprenne qui pourra. Un autre ministre lui aussi en exercice, Olivier Dussopt, comparaît devant le tribunal correctionnel de Paris pour "favoritisme" : 10 mois de prison avec sursis et 15 000 euros d'amende ont été requis contre lui. Nicolas Sarkozy est de nouveau devant les juges de la cour d'appel de Paris pour le procès sur "le financement illégal" de sa campagne présidentielle. Et puis un revenant : Jérôme Cahuzac ancien ministre du budget (chargé entre autres de la lutte contre la fraude fiscale), est de retour sur la scène politique et médiatique alors qu'il a été condamné en 2018 à quatre ans de prison, dont deux fermes pour fraude fiscale, blanchiment de fraude fiscale et pour déclaration mensongère de son patrimoine ! Quelle misère morale et politique. Qu'elle est jolie la république bourgeoise !

Mais ces affaires ne sont que l'arbre qui cache la forêt. Le nombre d'hommes politiques impliqués dans les "affaires" est impressionnant. Il est tout simplement impossible d'établir une quelconque liste exhaustive des scandales politico-financiers qui secouent régulièrement tous les échelons de l'Etat. Sans remonter jusqu'aux diamants centrafricains de Giscard, on peut citer à titre d'exemples seulement quelques noms de dirigeants politiques empêtrés dans des affaires : Alain Carignon, Alain Juppé, Bernard Tapie, Patrick Balkany, Claude Guéant, Serge Dassault, Thomas Thévenoud, François de Rugy, Richard Ferrand, Jean-Paul Delevoye, Charles Pasqua, François Léotard, François Fillon, Jacques Chirac etc. etc. Il ne s'agit là que de quelques exemples qui ne doivent pas masquer le caractère récurrent et structurel de la corruption qui règne dans les plus hautes sphères de l’État.

Les institutions de cette république bourgeoise, qualifiée pourtant "d'irréprochable" et "d'exemplaire", non seulement sont complices de ces agissements, mais permettent et favorisent la multiplication des opportunités de corruption et des scandales en tout genre. Car les scandales financiers, corruption, privilèges et autres affaires, sont intimement liés au fonctionnement même de la démocratie bourgeoise qui les produit et reproduit de manière permanente. Nicolas Sarkozy par exemple a été condamné à plusieurs reprises. L'ex-président concentre à lui seul une demi douzaine d'affaires entre ses mains : l'affaire Tapie, l'affaire Karachi, l'affaire Bettencourt, l'affaire libyenne, l'affaire des sondages et l'affaire des écoutes téléphoniques. Et même ceux qui ont été condamnés, poursuivis ou inquiétés par la justice, se font régulièrement élire ! Alain Juppé reste un exemple éloquent. Mais Juppé n'est pas un cas isolé. On peut citer également, entre autres, Patrick Balkany, Jean-François Copé, Jean-Pierre Bechter, Maryse Joissains , Brigitte Barèges, André Santini, Gaston Flosse, Jacques Mellick, Pierre Bedier etc. Aujourd'hui on peut être un homme politique corrompu jusqu'à la moelle épinière et gagner les élections, c'est un trait caractéristique de la démocratie bourgeoise. Mieux, la corruption des hommes politiques est d'autant plus brutale, plus cynique que la République est plus démocratique.

D'autres exemples montrent que les "affaires" sont au cœur même de la démocratie bourgeoise. Le cas Cahuzac, qui aujourd'hui veut revenir sur la scène politique, est exemplaire à cet égard. C'est lui qui déclarait à l'Assemblée nationale et même "les yeux dans les yeux" devant le président de la République, "Je n'ai pas, et je n'ai jamais eu un compte à l'étranger, ni maintenant, ni avant" pour reconnaître ensuite posséder un compte bancaire en Suisse et frauder le fisc quelques mois plus tard !

Ces scandales ne relèvent pas d'une affaire de morale, mais le produit d'un système économique dont les intérêts de classes constituent son fondement matériel. Elle est l'émanation des activités économiques, des comportements matériels des hommes. Lutter contre les scandales, les affaires, les fraudes etc., en invoquant la morale est une illusion et par dessus le marché une hypocrisie. Toutes ces gesticulations autour de la moralisation de la vie publique, de la nécessité d'une lutte implacable contre les dérives de l'argent ne sont que des balivernes idéalistes derrière lesquelles la classe dirigeante tente de dissimuler sa véritable nature, un instrument au service du capital.

En guise de la république "irréprochable" et "exemplaire", on a plutôt une république corrompue livrée, pieds et poings liés, au capital, aux cabinets de conseils, aux ministres millionnaires qui la violent chaque jour sous le regard stupéfait des plus démunis. Les travailleurs découvrent que ces corrompus, qui de surcroît cachent souvent leur magot dans les paradis fiscaux pour échapper à l'impôt, possèdent des patrimoines sans commune mesure avec leurs salaires de prolétaires. Combien de siècles de labeur et de souffrance au travail faut-il à un smicard par exemple pour atteindre le patrimoine déclaré et non déclaré de ces ministres ? Et ce sont ces mêmes possédants qui exigent des salariés de travailler toujours plus et leur imposent toujours plus de sacrifices. Le cynisme et le mépris pour le peuple de ces hommes et de ces femmes corrompus n'ont d'égal que leur soumission à la classe qui les a hissés à la tête de l'Etat.

On peut adopter les lois que l’on veut contre la corruption, les affaires et les privilèges, mener toutes les enquêtes possibles, on peut même diminuer et limiter leur importance, mais on ne peut pas les éliminer. Car leur existence et celle de la démocratie bourgeoise sont tellement imbriquées l’une dans l’autre que l’on ne peut supprimer l’une sans éliminer l’autre. Le véritable scandale n'est pas la corruption, mais l'existence de cette classe dominante corrompue et parasite qui vit du travail des autres.

Mohamed Belaali

-------------------------

(1))https://www.dalloz-actualite.fr/flash/cjr-relaxe-eric-dupond-moretti-tout-en-pointant-une-situation-objective-de-conflit-d-interets

 

Partager cet article
Repost0
24 novembre 2023 5 24 /11 /novembre /2023 16:35

 

 

«Pourquoi ai-je attendu ce jour pour le dire,
vieilli, et de ma dernière encre :
La puissance atomique d'Israël menace
une paix du monde déjà fragile ? (…)

parce que je suis las de l'hypocrisie de l'Occident».

Ainsi s'exprimait Günter Grass prix Nobel de littérature dans un poème publié en avril 2012 par le quotidien Süddeutsche Zeitung (1). Günter Grass n'annonce en fait rien de nouveau en affirmant courageusement que l'État sioniste d'Israël, soutenu aveuglément par l'impérialisme américain et européen, menace la paix du monde.

Les puissances oppressives occidentales et le sionisme politique ont ensemble enfanté un monstre qui ne cesse de grandir et menace la paix dans le monde. Le comportement barbare et bestial du gouvernement israélien à Gaza (plus de 20 000 morts dont une majorité de femmes et d'enfants) montre le vrai visage de l'Etat sioniste et de la «civilisation» capitaliste. Günter Grass avait raison de s'inquiéter du danger que représente l'Etat d'Israël et de l'hypocrisie de l'occident capitaliste. Avant lui, Albert Einstein, Hannah Arendt et bien d'autres personnalités juives dénonçaient déjà en 1948 le «Parti de la liberté», ancêtre du Likoud dont Netanyahou est l'héritier, car «très proche des partis nazis et fascistes par son organisation, ses méthodes, sa philosophie politique et son attrait social»(2).

Il faut rappeler pour mémoire que dès le premier tiers du XIXe siècle, le Royaume-Uni développait déjà l'idée de créer un «foyer juif en Palestine» pour servir ses propres intérêts stratégiques (3). Le sionisme politique a grandi et prospéré sous l'aile protectrice de l'impérialisme britannique, puissance économique et coloniale de l'époque. L'antisémitisme européen, le génocide nazi, le mépris des arabes palestiniens ont grandement contribué au développement du sionisme qui n'était, jusqu'à la déclaration Balfour (1917), qu'un mouvement politique minoritaire chez les juifs. Chaïm Weizmann, premier président de l'État d'Israël, écrivait dans ses mémoires : «Il était toujours plus facile de parler à cœur ouvert aux non-juifs qu'aux juifs occidentaux; il y avait moins de chance d'être mal compris»(4). Ce sont les intérêts économiques et stratégiques donc de l'Angleterre et, partant, de la bourgeoisie anglaise qui sont, tout du moins au début, derrière le fait colonial israélien et ce qu'il est devenu aujourd'hui c'est-à-dire un véritable danger non seulement pour les peuples de cette région «bourrée» de pétrole, mais pour le monde entier.

Israël est un État au-dessus de tous les États. Il est aussi au-dessus des lois, des conventions et de toutes les résolutions des Nations Unies. Israël a trop de pouvoir grâce aux soutiens inconditionnels des Etats-Unis et de l'Europe. Il ne supporte ni contradiction, ni critique. Toute contestation, toute opposition et toute dénonciation de l'entité sioniste aussi minime soit-elle est impitoyablement réprimée et l'antisionisme se confond désormais avec l'antisémitisme.

Aujourd'hui plus qu'hier encore, l'accusation de l'antisémitisme est devenue l'arme fatale. Derrière chaque critique de l'Etat d'Israël se cache un antisémite! Il faut vaille que vaille soutenir Israël. Au nom de cet Etat, on étouffe toute velléité et toute possibilité d'exprimer librement une pensée différente. La liste de militants et militantes, de penseurs, de poètes, d'artistes, d'universitaires, de journalistes, d'hommes et de femmes politiques, accusés d'antisémitisme est impressionnante. Même l'extrême droite profondément antisémite, devenue aujourd'hui amie de Netanyahou, utilise elle aussi l'antisémitisme comme arme contre ses adversaires progressistes et antiracistes. Donald Trump, Viktor Orban, Mattéo Salvini, Javier Milei, Geert Wilders, Marine Le Pen, Eric Zemmour etc. sont parmi les plus fervents défenseurs de l'Etat hébreu et n'hésitent pas à coller l'étiquette d'antisémite sur le front de toutes celles et ceux qui critiquent le gouvernement d'Israël. Le musulman remplace aujourd'hui le juif d'hier qu'elle a tant haï et persécuté.

L'autre machine de guerre du sionisme est le terrorisme. La raison, la critique, doivent entrer en sommeil. Seule compte la soumission totale à l'union sacrée contre le terrorisme. La résistance à la politique de l'Etat d'Israël est systématiquement qualifiée de terrorisme. Même si la résistance à l'occupant est un droit naturel reconnu par les Nations Unies, le peuple palestinien est réduit à des «bandes de terroristes» qui menacent l'existence même d'Israël ! Cette obstination à taire toute critique de l'entité sioniste ne peut s'expliquer que par cette farouche volonté d'escamoter l'histoire de la Palestine et les crimes perpétrés hier et aujourd'hui par Israël avec la complicité absolue des Etats-Unis et de l'Europe contre le peuple palestinien. Les massacres d’Israël se font «dans les murmures ou dans un silence total (...)» écrivait Jean Genet dans «Quatre heures à Chatila» (5).

Les peuples et en particulier les travailleurs n'ont nul besoin des guerres et des bombes. Ils ont besoin d'un monde débarrassé justement de l'impérialisme et du sionisme politique, ennemis du progrès et de la paix. L'impérialisme et le sionisme politique ont répandu la mort un peu partout et semé trop de malheurs sur cette terre. L'entente et la fraternité entre les peuples du monde entier sont une condition vitale pour mettre un terme à l'hégémonie impérialiste et son rejeton sioniste.

 

Mohamed Belaali

 

------------

(1)https://docs.google.com/file/d/0B8uZlrsvNCkKd3JReW1acEFVSzQ/edit?pli=1

(2)https://www.marxists.org/reference/archive/einstein/1948/12/02.htm

(3) Voir sur ce point, l'excellent livre de Lotfallah Soliman: «Pour une histoire profane de la Palestine». Éditions La Découverte, 1989.

(4) Weizmann Chaïm « Naissance d'Israël», Gallimard, Paris, 1957, page 183, cité par L. soliman, op.cit, page 26.

(5) Jean Genet, L’ennemi déclaré. Textes et entretiens. Gallimard. Page 243.

 

Partager cet article
Repost0
19 novembre 2023 7 19 /11 /novembre /2023 11:28

 

Le mouvement des Gilets jaunes, qui est né et s'est développé en dehors de toute organisation politique ou syndicale, est d'abord une révolte contre la situation économique et sociale désastreuse dans laquelle se trouve une large frange de la population. C'est une révolte contre cette politique de paupérisation ultra-libérale menée tambour battant par les gouvernements successifs. La radicalité du mouvement n'est que le corollaire de la brutalité des politiques économiques et sociales imposées par la minorité d'exploiteurs à l'immense majorité de la population. C'est un rejet massif non seulement de ces politiques, mais aussi du président de la République serviteur zélé de la classe dominante. La force et l'originalité du mouvement des Gilets jaunes résident dans son existence même et dans sa magnifique résistance à l'une des plus brutales et des plus féroces bourgeoisies au monde. Le mouvement des Gilets jaunes est un produit authentique de la lutte des classes qui secoue la société française aujourd'hui.

Les Gilets jaunes ont surgi sur la scène politique française au moment où le capitalisme semble domestiquer les différentes organisations politiques et syndicales. En effet, les directions de ces organisations, à quelques exceptions près, semblent dépassées et assistent en spectateurs comme si elles n'étaient pas concernées par ce conflit ouvert. Elles sont davantage dans un processus de «pacification et de régulation des conflits» que dans une stratégie de lutte de classe. Les directions des grandes centrales syndicales ont honteusement tourné le dos au mouvement et laissé les Gilets jaunes seuls face à un pouvoir réactionnaire et extrêmement violent. Institutionnalisées, ces directions se sont progressivement éloignées des préoccupations sociales et politiques de celles et ceux qui subissent au jour le jour non seulement les affres du chômage et de la précarité, mais aussi le despotisme patronal.

Le combat des Gilets jaunes constituait, dans une certaine mesure, un refus et une révolte contre l'immobilisme des directions syndicales et politiques qui sont réduites à gérer avec le pouvoir le système en place alors même que la tendance générale du capitalisme n'est pas d'améliorer les conditions de celles et ceux qui produisent la richesse, mais à les dégrader. Dans ce sens, leur silence peut être interprété comme un soutien indirect au pouvoir en place.

Le combat des Gilets jaunes n'est pas seulement pour améliorer momentanément les conditions

d’existence des travailleurs, des salariés, bref de tous les exploités pour rendre la société capitaliste supportable, mais de lutter pour une nouvelle société : «Conscients que nous avons à combattre un système global, nous considérons qu'il faudra sortir du capitalisme» (1). Au-delà des revendications économiques légitimes, la lutte des Gilets jaunes est un combat politique de classe contre classe. «Macron démission » scandaient les manifestants tous les samedis. Dès les premières manifestations, les Gilets jaunes sont allés crier leur colère et leur indignation sur les lieux même du pouvoir. «Emmanuel Macron oh tête de c. on vient te chercher chez toi» chantaient à pleins poumons les Gilets jaunes. Leur combat ne se limite donc pas seulement à des revendications immédiates mais s'attaque aussi aux conditions dans lesquelles les injustices de classe se reproduisent. Les Gilets jaunes ont compris que derrière cette injustice et cette dégradation générale des conditions de vie que subissent les classes populaires, se cache la classe des oppresseurs qui a hissé brutalement Macron à la tête de l'Etat. «Macron, robin des rois», «président des riches » ou encore «Rends l’ISF d’abord !» clamaient les Gilets jaunes.

Effrayée par la détermination de ce mouvement populaire et par sa farouche volonté de ne plus s'inscrire dans le jeu du pouvoir, la classe dirigeante n'a pas hésité à mener une véritable guerre contre les Gilets jaunes. Même l'armée a été appelée à la rescousse. Car lorsque le conflit s'aiguise, la classe dominante n'a d'autres choix que d'utiliser la violence pour perpétuer sa domination. Et plus la lutte perdure et prend de l'ampleur, plus la répression devient intense et brutale : rien de plus normal dans une société fondée sur la lutte des classes. Le combat des Gilets jaunes a eu au moins le mérite de mettre en pleine lumière non seulement la brutalité de l’État, mais aussi les valeurs hypocrites de la république bourgeoise : État de droit, droits de l'homme, séparation des pouvoirs, liberté de s'exprimer, de manifester, de circuler et tutti quanti.

Pour briser le Mouvement des Gilets jaunes, la bourgeoisie française a mobilisé tout son appareil répressif, judiciaire et médiatique. Les Gilets jaunes sont probablement le Mouvement le plus réprimé dans l'histoire récente de la France. Les chiffres parlent d'eux-mêmes :

  • 2 décès,

  • 315 blessures à la tête,

  • 24 éborgnés,

  • 5 mains arrachées (2).

L'étude menée auprès des CHU de France et publiée dans la revue scientifique « The Lancet »  montre une forte hausse du nombre de personnes éborgnées avec les LBD depuis la révolte des Gilets jaunes (3).

Le Ministère de l'intérieur compte, quant à lui, 2 448 blessés, 561 signalements déposés à l'IGPN, 313 enquêtes judiciaires de l'IGPN, 8 enquêtes administratives, 23 enquêtes judiciaires de l'IGGN, 180 enquêtes transmises au Parquet, 19 071 tirs de LBD, 1 428 tirs de grenades lacrymogènes instantanées, 5 420 tirs de grenades de désencerclement , 474 gendarmes blessés et 1 268 policiers blessés (4).

Cette violence d'Etat condamnée par le Défenseur des Droits (5) , Amnesty International (6), l'ONU  (7), le Parlement européen (8), le Conseil de le l'Europe (9) reste impunie.

Le pouvoir n'a nullement le souci de la vie et de l'intégrité physique des révoltés, mais s'inquiète grandement des constructions, des bâtiments, «de la brique et du mortier» (10).

Macron et son gouvernement considèrent que la violence et la brutalité utilisées contre les Gilets jaunes sont justes alors que la moindre vitrine cassée par les révoltés constitue par elle-même un crime.

A cette brutalité policière, s'ajoute une violence judiciaire inédite :

- Environ 11000 personnes placées en garde à vue.
- 4700 affaires ont fait l’objet de renvoi devant les tribunaux, dont un peu moins de la moitié dans le cadre d’une procédure de comparution immédiate.
- Un peu plus de 3000 condamnations ont déjà été prononcées. Un tiers de ces condamnations ont donné lieu à des peines d’emprisonnement ferme.
- Environ 440 mandats de dépôt ont été décernés (exécution d’une peine ou détention provisoire) (11).

Une nouvelle loi est votée par le parlement le 12 mars 2019 qui se rajoute à l'arsenal juridique répressif qui existe déjà (lois antiterroristes, état d'urgence désormais inscrit dans le droit commun...). Mais cette fois elle ne concerne pas des terroristes mais des hommes et des femmes qui ont décidé de prendre leur destin en main, les Gilets jaunes. Il s'agit de la loi «anticasseurs» imposée par le pouvoir et qui constitue une attaque sans précédent contre le droit de manifester même si son article 3 a été censuré par le conseil constitutionnel.

Et comme cette répression physique et judiciaire ne suffit pas, la classe au pouvoir a utilisé une autre arme non moins violente que les LBD ou les condamnations à des peines d’emprisonnement ferme; il s'agit de la propagande médiatique pour stigmatiser et discréditer le Mouvement aux yeux de « l'opinion publique » nationale et internationale. Président de la République, Gouvernement, journalistes, intellectuels, experts...défilent sur les plateaux de télévisions et stations de radio pour déverser leur haine de classe : une «foule haineuse», des «bœufs», des casseurs », des «nervis», des «salopards d’extrême droite et extrême gauche», des «fascistes», des «conspirationnistes», des «antisémites» etc. Certains vont même jusqu'à appeler les forces de l'ordre et l'armée à se servir des armes : «qu’ils se servent de leurs armes une bonne fois ! […] On a la quatrième armée du monde, elle est capable de mettre fin à ces saloperies» (12). Cela fait penser aux Versaillais qui voulaient à tout prix détruire les Communards !

Non satisfaits d'avoir éborgné, mutilé et stigmatisé les Gilets jaunes, Macron et son gouvernement ont exigé des médecins de les ficher lorsqu'ils arrivaient blessés aux urgences. La classe dirigeante voulait ainsi transformer les médecins en complices, en simples supplétifs de la police : le secret professionnel, la déontologie et l’éthique médicale n'ont de valeur que lorsqu'ils servent ses propres intérêts (13).

Partout on a interdit aux Gilets jaunes de manifester et notamment dans les centres-villes. Leurs ronds-points ont été souvent occupés par la police et leurs cabanes systématiquement détruites (14).

Mais malgré cette politique de terreur, les Gilets jaunes ont tenu longtemps tête au pouvoir. Aucun mouvement dans l'histoire récente de la France n'a mobilisé autant d'hommes et de femmes sur une aussi longue durée. Les Gilets jaunes sont en quelque sorte comme ces plantes sauvages qui traversent les murs les plus solides. Toutefois, cette détermination et cette colère sont restées insuffisantes pour permettre le bouleversement radical de la société capitaliste. Le mouvement des Gilets jaunes ne pouvait le faire qu’en s’alliant avec la classe ouvrière, seule classe réellement révolutionnaire de par sa position dans le processus de production.

La lutte des Gilets jaunes dépassait le cadre étroit des revendications corporatistes. Elle s'inscrivait dans une perspective plus large, celle d'un combat contre les injustices de classe et la misère sociale. Le mouvement des Gilets jaunes a réveillé de profondes espérances, mais il n'a pas pu mener une résistance collective, structurée avec une direction consciente et déterminée. Le mouvement des Gilets jaunes, malgré ses faiblesses et ses contradictions, restera un événement majeur dans cette lutte qui fait rage entre les dominants et les dominés. Il est entré dans l'histoire avec une aura qui lui est propre.

 

Mohamed Belaali

 

----------------------------------------

 

(1)https://giletsjaunes-coordination.fr/wp-content/uploads/2019/06/ada-appel-de-la-2e-assembleee-des-assembleees-des-gilets-Jaunes.pdf

(2)https://www.mediapart.fr/studio/panoramique/allo-place-beauvau-cest-pour-un-bilan

(3)https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(19)31807-0/fulltext

(4) https://www.mediapart.fr/studio/panoramique/allo-place-beauvau-cest-pour-un-bilan

(5)http://www.assemblee-nationale.fr/presidence/Rapport-MO-09-01-18.pdf

(6)https://www.amnesty.fr/liberte-d-expression/actualites/usage-excessif-de-la-force-lors-des-manifestations

(7)https://www.ohchr.org/FR/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=24166&LangID=F

(8)http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do

(9)https://www.coe.int/fr/web/commissioner/-/maintaining-public-order-and-freedom-of-assembly-in-the-context-of-the-yellow-vest-movement-recommendations-by-the-council-of-europe-commissioner-for-

(10)K Marx : «Le Paris ouvrier, en accomplissant son propre, son héroïque holocauste, a entraîné dans les flammes des immeubles et des monuments. Alors qu'ils mettent en pièces le corps vivant du prolétariat, ses maîtres ne doivent plus compter rentrer triomphalement dans les murs intacts de leurs demeures. Le gouvernement de Versailles crie : Incendiaires ! (...) La bourgeoisie du monde entier qui contemple complaisamment le massacre en masse après la bataille, est convulsée d'horreur devant la profanation de la brique et du mortier !» Dans «La guerre civile en France». Editions sociales, p.84.

https://www.marxists.org/francais/ait/1871/05/km18710530d.htm

(11)https://www.streetpress.com/sujet/1568288596-en-prison-comme-440-gilets-jaunes-ils-racontent

(12)https://www.dailymotion.com/video/x70bgv3

(13)http://www.belaali.com/2019/05/le-fichage-des-blesses-jaunes.html

(14)https://lvsl.fr/carte-destruction-cabanes-gilets-jaunes/

Partager cet article
Repost0
2 novembre 2023 4 02 /11 /novembre /2023 19:18

La déclaration Balfour (du nom du ministre des Affaires étrangères britannique Arthur Balfour) du 2 novembre 1917 a constitué une étape décisive de la domination anglaise sur la Palestine et de la création de l'Etat d'Israël en 1948. Elle prévoyait "de favoriser l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif".

Mais les anglais ont fait des promesses contradictoires aux juifs (minoritaires en Palestine) et aux arabes palestiniens, uniquement pour préserver leurs intérêts dans la région. Ainsi la dépouille de l'Empire ottoman est partagée entre deux puissances coloniales, l'Angleterre et la France. Le mandat sur la Syrie et le Liban a été confié à la France, l'Irak et la Palestine, dont les frontières ont été tracées d'une manière arbitraire, à l'Angleterre. Le charcutage de la région est ratifié par la Société des Nations (SDN) en 1922.

Il faut insister sur le fait que le sionisme n'a jamais été un mouvement majoritaire chez les juifs et que la Grande Bretagne instrumentalisait la question juive uniquement pour ses propres intérêts stratégiques.

La déclaration Balfour, le mandat britannique sur la Palestine, l'antisémitisme européen et le génocide nazi ont permis aux organisations sionistes, minoritaires au début, d'étendre leur hégémonie sur les juifs du monde entier.

Leur obsession est de faire de la Palestine l'Etat exclusif du "peuple juif". C'est une "Promesse" divine faite au peuple élu. Tous les sionistes instrumentalisent ce mythe pour mieux escamoter l'histoire réelle du sionisme qui est avant tout un projet colonialiste. Mais un colonialisme qui ne ressemble à aucun autre. Il plaçait les palestiniens dans une situation bien particulière. Ils doivent faire face à la fois aux britanniques et aux sionistes. Les premiers étaient chargés de préparer la colonisation de la Palestine par les seconds. Comme disait l'écrivain Arthur Koestler, "une nation a solennellement promis à une seconde le territoire d’une troisième." (1)

Contrairement à toutes les autres colonisations, le rapport de force ici est triangulaire. Dans le régime colonial classique, le colonisé, l'opprimé affronte directement le colonisateur, l'oppresseur. En Palestine, la partie ne pouvait se jouer qu'à trois. Les palestiniens n'avaient d'autres choix que de se dresser, dans un combat très inégal, contre la Grande-Bretagne puissance mandataire et contre la colonisation sioniste qui cherche à les déposséder de leur terre et à les remplacer. Les dirigeants arabes, quant à eux, sont restés spectateurs et se sont contentés de demander aux anglais de jouer les arbitres.

Aujourd'hui, les palestiniens se battent contre Israël, mais aussi contre les Etats-Unis et l'Union européenne. Les régimes arabes, comme avant, restent spectateurs du génocide qui se déroule sous nos yeux à Gaza.

 

Mohamed Belaali

 

-------------------------------------

(1)https://www.monde-diplomatique.fr/publications/manuel_d_histoire_critique/a53242

 

Partager cet article
Repost0
31 octobre 2023 2 31 /10 /octobre /2023 16:10

Il est peut-être utile de lire ou de relire les idées de Lénine sur la guerre et notamment sur les guerres défensives et offensives. Ce vieux texte (1915) possède encore la force de nous éclairer sur les temps obscurs de notre tragique actualité.

 

"La différence entre guerre offensive et guerre défensive

 

L'époque de 1789 1871 a laissé des traces profondes et des souvenirs révolutionnaires. Avant le renversement du régime féodal, de l'absolutisme et du joug national étranger, il ne pouvait absolument pas être question de voir se développer la lutte du prolétariat pour le socialisme. Parlant du caractère légitime de la guerre “ défensive ” à propos des guerres de cette époque, les socialistes ont toujours eu en vue, très précisément, ces objectifs qui se ramènent à la révolution contre le régime médiéval et le servage. Les socialistes ont toujours entendu par guerre “ défensive ” une guerre “ juste ” dans ce sens (comme a dit exactement un jour W. Liebknecht). C'est seulement dans ce sens que les socialistes reconnaissaient et continuent de reconnaître le caractère légitime, progressiste, juste, de la “ défense de la patrie ” ou d'une guerre “ défensive ”. Par exemple, si demain le Maroc déclarait la guerre à la France, l'Inde à l'Angleterre, la Perse ou la Chine à la Russie, etc., ce seraient des guerres “ justes ”, “ défensives ”, quel que soit celui qui commence, et tout socialiste appellerait de ses vœux la victoire des Etats opprimés , dépendants, lésés dans leurs droits, sur les “ grandes ” puissances oppressives, esclavagistes, spoliatrices.

Mais imaginez qu'un propriétaire de 100 esclaves fasse la guerre à un autre propriétaire qui en possède 200, pour un plus “ juste ” partage des esclaves. Il est évident qu'appliquer à un tel cas la notion de guerre “ défensive ” ou de “ défense de la patrie ” serait falsifier l'histoire; ce serait, pratiquement, une mystification des simples gens, de la petite bourgeoisie, des gens ignorants, par d'habiles esclavagistes. C'est ainsi qu'aujourd'hui la bourgeoisie impérialiste trompe les peuples au moyen de l'idéologie  “ nationale ” et de la notion de défense de la patrie dans la guerre actuelle entre esclavagistes, qui a pour enjeu l'aggravation et le renforcement de l'esclavage".

https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1915/08/vil19150800b.htm

 

 

Partager cet article
Repost0
18 octobre 2023 3 18 /10 /octobre /2023 06:58

Les visages déformés, le linge blanc tâché de sang dans lequel les enfants sont enveloppés, les crânes fracassés, les chairs transpercées, les corps déchiquetés, les cadavres noirs et gonflés dispersés à travers des rues désertées et à côté de leurs mères mortes, des enfants affamés et abandonnés, voilà quelques aspects des tueries collectives que l'Etat d'Israël continue à commettre à Gaza totalement assiégée.

Le nombre élevé de victimes dont une partie non négligeable de femmes et d’enfants, les blessés, les mutilés à vie, les armes utilisées, le bombardement d'hôpitaux, les destructions de maisons, d’immeubles et autres infrastructures nécessaires à la vie, le degré de brutalité et de cruauté atteint, le tout avec l’aide des Etats-Unis, de l’Union Européenne et de la plupart des régimes arabes, est très inquiétant pour l’avenir de la région. La facilité avec laquelle les dirigeants de ce monde, à quelques exceptions près, acceptent de se soumettre totalement et aveuglément à l’Etat d’Israël constitue en soi un véritable danger pour le monde.

Les massacres des palestiniens ne datent pas d'aujourd'hui. L’histoire de l' Etat d'Israël est chargée de crimes que l’on peut cacher, mais que personne ne peut nier. Mais cet aspect de l' histoire est escamoté et occulté. L'histoire d'Israël apparaît alors "comme une épopée menée de bout en bout par la volonté irréductible d'un "peuple" tout entier mobilisé pour mettre un terme à sa "dispersion" qui aura duré deux mille ans" (1).

Tous les grands dirigeants du sionisme (Herzl, Weizmann, Ben Gourion, Jabotinsky etc.) malgré leurs divergences sur les moyens, avaient le même but final : faire de toute la Palestine l’Etat du "peuple juif". Le sionisme politique, depuis sa fondation au congrès de Bâle en 1897, porte en lui les germes de la négation des palestiniens. "Une terre sans peuple pour un peuple sans terre" dit le slogan sioniste. Le Grand Israël est incompatible avec l’existence même du peuple palestinien : il constitue l’obstacle vivant à la réalisation de ce grand rêve. Il faut donc l’exterminer ou tout du moins le chasser loin de sa terre, la Palestine. "Expulsez-les" disait déjà Ben Gourion en 1948 en parlant de ces mêmes palestiniens.

La grande Bretagne et le sionisme politique ont enfanté un monstre qui a grandi sous l'aile protectrice des Etats-Unis et de l'Union européenne et menace la paix dans le monde.

Aucun enseignement digne de ce nom n’a été tiré du passé. Aucune leçon n’a été retenue du présent. A force de mépriser les leçons de l’histoire, on risque de reproduire d’autres tragédies peut-être plus violentes et plus sanglantes encore.

 

Mohamed Belaali

-----------------------------------

(1) Cité par Lotfallah Soliman dans "Pour une histoire profane de la Palestine". La Découverte, p. 6.


 

Partager cet article
Repost0
12 octobre 2023 4 12 /10 /octobre /2023 15:31

 

Une étrange atmosphère règne en France. Rarement terreur intellectuelle, lynchage médiatique, manipulation et cynisme politique n'ont atteint une telle intensité. Dans les médias, l'hystérie est à son paroxysme.

Au nom d'Israël, on étouffe toute velléité et toute possibilité d'exprimer librement une pensée différente. Toute voix discordante est suspectée, marginalisée et réprimée. On doit vaille que vaille soutenir Israël.

La raison, la critique, doivent entrer en sommeil. Seule compte la soumission totale à l'union sacrée contre le terrorisme. L'unité doit être complète, parfaite, totale. Tout le monde doit marcher derrière le chef de l'Etat : "La lutte contre le terrorisme est une cause commune que nous continuerons de porter avec Israël et tous nos alliés internationaux. Rien ne le justifie, rien ne l'explique".

Les hérétiques n'ont pas leur place dans ce beau concert d'unanimité. Leurs pensées constituent une offense, une insulte et un affront au discours dominant.

La fascisation de la vie politique et des esprits s'installe lentement et insidieusement préparant ainsi l'avènement d'un pouvoir despotique.

Peu importe que l'Etat d'Israël mène actuellement à Gaza une guerre qui ressemble étrangement à une guerre d'extermination.

Peu importe que les palestiniens soient arrachés à leur terre et transformés en exilés, en réfugiés.

Peu importe qu'Israël soit un Etat au-dessus des lois, viole tous les jours les conventions internationales et toutes les résolutions de l'ONU.

Peu importe qu'Israël soit dirigé par des extrémistes et des fanatiques religieux.

Peu importe les crimes et les massacres d'Israël parmi les plus cruels qu'aient connu le XX et le XXI siècle.

Peu importe que l'histoire du sionisme soit escamotée, occultée. Il faut que les foules restent dans l'ignorance. Et comme disait Orwell "l'ignorance c'est la force".

Pourtant, des fissures fines et encore minuscules apparaissent sur le visage hideux de cet État. Il faut les élargir pour que cette terre de Palestine, tant aimée et tant disputée, devienne toujours une terre de paix.

 

Mohamed Belaali

 

Partager cet article
Repost0
30 septembre 2023 6 30 /09 /septembre /2023 06:56

Combien d’enfants, de femmes et d’hommes sont morts en Libye depuis le passage du puissant cyclone Daniel ? Personne ne le sait avec précision. Mais ce qui est sûr, c’est que leur nombre se chiffre par milliers. Combien de disparus, de sans abris, de déplacés ? On passe rapidement cette fois à des dizaines de milliers. Mais peut-on attribuer ce terrible désastre uniquement aux conditions climatiques aussi extrêmes soient-elles ? Comment expliquer l'absence quasi-totale des autorités libyennes, ou du moins ce qu'il en reste, malgré l'ampleur de la catastrophe et les avertissements répétés concernant notamment l'état de délabrement avancé des barrages situés dans le nord-est de la Libye ? On ne peut répondre à ces interrogations et comprendre cette gestion criminelle de la tragédie sans revenir à l'intervention militaire de l'Otan en Libye en 2011.

Profitant des soulèvements populaires dans le monde arabe, l’impérialisme américain et son caniche européen ont envahi militairement la Libye pour installer un régime qui servira leurs intérêts. Le régime de Kadhafi a été remplacé, au prix de milliers de morts, de destruction de l'infrastructure économique et de l'unité du peuple libyen, par des milices islamistes qui jusqu'à aujourd'hui encore continuent à s'affronter. Le peuple libyen était alors privé de sa révolution, de ses richesses et se trouvait dans la même situation tragique que celle des peuples irakien, yougoslave, afghan etc. Cette intervention militaire a brisé également cet immense espoir, soulevé par la révolution tunisienne et égyptienne dans les masses arabes opprimées, pour une société meilleure débarrassée de la domination impérialiste et de ses serviteurs locaux.

Aujourd'hui la Libye est un pays ravagé par une guerre interminable entre milices et gouvernements rivaux alimentée par des puissances étrangères qui ne cherchent qu' à défendre leurs intérêts géopolitiques et piller les richesses du peuple libyen. La violence, l'arbitraire et l'anarchie, au mauvais sens du terme, font partie intégrante du quotidien des libyens auxquels l'OTAN avait promis pourtant démocratie, liberté, respect des droits de l'homme et prospérité. Quelques années seulement après cette intervention, la situation économique d'une bonne partie de la population est désastreuse : Selon LVSL "En 2017, 60% de la population libyenne souffrait de malnutrition. 1,3 million de Libyens étaient en attente d’une aide humanitaire d’urgence, sur une population totale de 6,4 millions d’habitants. Cette situation catastrophique fait suite à l’intervention éclair de 2011 conduite par l’OTAN". Rappelons que la Libye avant l'intervention impérialiste était le pays le plus prospère de tout le continent africain.

Une des conséquences directes de cette intervention est l'éclatement de la nation libyenne, construction récente et fragile, en entités plus ou moins indépendantes du pouvoir central et dominées par des tribus s'entretuant mutuellement. Les minorités non-arabes, Berbères, Toubous et autres Touaregs revendiquent leurs spécificités culturelles et linguistiques. Les tensions avec les tribus arabes dominantes se règlent souvent les armes à la main faisant plusieurs dizaines de morts. L'unité et la souveraineté de la Libye ne sont désormais qu'un lointain souvenir. Aujourd'hui, la Libye est ainsi livrée en proie à une féroce meute de hyènes. Il faut dire que ce pays possède des ressources pétrolières, gazières et minières parmi les plus importantes au monde. Désormais les multinationales pétrolières peuvent pomper tels des vampires le pétrole libyen en toute quiétude.

On ne peut parler de la Libye sans évoquer le sort cruel réservé aux travailleurs immigrés notamment africains. Le dernier rapport des Nations Unies publié en mars 2022 constate que la torture est une pratique systématique et généralisée et "les personnes emprisonnées en Libye sont couramment détenues arbitrairement pendant des périodes prolongées. Elles seraient systématiquement torturées, violées ou menacées de viol, y compris sur des membres féminins de leur famille, et parfois tuées".

L'intervention impérialiste en Libye a fait des dizaines de milliers de victimes innocentes. Elle a détruit l'essentiel de l'infrastructure économique du pays. Elle a brisé l'unité de la nation libyenne. Barack Obama, Hillary Clinton, David Cameron et Nicolas Sarkozy, pour ne citer que ceux-là, ont du sang libyen sur les mains. Ils sont aujourd'hui, avec les ravages du cyclone Daniel, responsables même indirectement de cette tragédie qui a fait des milliers de morts et de disparus.

 

Mohamed Belaali

 

 

Partager cet article
Repost0
11 septembre 2023 1 11 /09 /septembre /2023 06:42

 

Les Etats-Unis commémorent aujourd'hui la tragédie du 11 septembre 2001 qui a coûté la vie à 3000 victimes. S'il faut bien évidemment parler du 11 septembre 2001 et dénoncer le massacre des innocents, il faut aussi parler du 11 septembre 1973 et rappeler, cinquante ans après, le rôle décisif des américains et de la bourgeoisie chilienne dans le coup d'Etat du général Pinochet qui a installé l'une des plus féroces et des plus cruelles dictatures au monde.

Mais on ne peut parler de la dictature de Pinochet sans évoquer le socialisme à la chilienne de Salvador Allende. Les deux hommes symbolisent deux modèles de société diamétralement opposés.

Allende était un révolutionnaire particulier. Il voulait réaliser le socialisme non pas par une révolution violente, mais d'une manière pacifique, par les urnes.

Le 3 novembre 1970, il gagne les élections et devient président de la République du Chili. Mais Salvador Allende n'est resté au pouvoir que trois ans. Il n'a pas pu réaliser "la voie chilienne vers le socialisme". En effet, le 11 septembre 1973, le général Augusto Pinochet, avec l'aide des Etats-Unis, met un terme par la violence à cette expérience du passage pacifique au socialisme. Le rêve "d'el compañero presidente" est brisé par la force brutale de la junte militaire.

Le général Pinochet prend le pouvoir. La dictature militaire remplace le socialisme démocratique. Assassinats, exécutions sans sommation, tortures ... sont devenus des pratiques quotidiennes. Les prisons et les commissariats sont débordés. Le Stade national de Santiago est transformé en centre de détention de masse. On y entasse des hommes et des femmes amenés des quartiers populaires par des bus et des camions militaires des semaines durant. C'est dans ce stade également que les militaires ont fait taire définitivement le chanteur Victor Jara : "Criblé de balles, les mains non pas tranchées mais broyées" écrivait sa femme dans "Victor Jara, un chant inachevé". La dictature a laissé derrière elle des milliers de morts, de disparus, d'exilés et de torturés.

Sur le plan économique, aidée par les "Chicago boys" disciples de Milton Friedman, la dictature a imposé une marchandisation totale de toutes les dimensions de la vie : la santé, l'éducation, l'électricité, l'eau, la mer, les communications etc. sont livrées au libre jeu du marché dominé par les multinationales américaines. Dictature, marché et capitalisme vont de pair. Le Chili est ainsi devenu le laboratoire des politiques néolibérales qui vont se généraliser un peu partout à travers la planète. Aujourd'hui en France, Macron poursuit avec un zèle très singulier ces mêmes politiques. Sur ce point précis, on peut dire qu'il est le digne successeur de Pinochet.

Fidèle à ses convictions, Allende a préféré mourir dignement que de se rendre à la junte militaire. Dans ses derniers moments, il s'adresse à son peuple : "Je paierai de ma vie la défense des principes qui sont chers à cette patrie (...) L’Histoire est à nous, c’est le Peuple qui la fait".

Le général Pinochet est mort paisiblement sur son lit d'hôpital militaire protégé par les Etats-Unis qui célèbrent aujourd'hui le 11 septembre...2001.

 

Mohamed Belaali

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
10 septembre 2023 7 10 /09 /septembre /2023 10:27

Solidarité et soutien à toutes les familles des victimes du séisme.

Beaucoup de villages n'ont reçu aucune aide 48 heures après le drame.

Les survivants qui ont tout perdu n'ont vu ni la sécurité civile, ni l'armée, ni les gendarmes, ni personne.

Seules l'entraide et la solidarité entre habitants, avec leurs modestes moyens, ont permis de sauver quelques vies humaines.

"Maintenant, nous sommes tous très pauvres. Plus de maison, plus rien à manger. Le travail, l’école, c’est fini… On a tout perdu" disait un habitant d'Amizmiz (1).

 

Mohamed Belaali

 

--------------------------------

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/09/10/seisme-au-maroc-a-amizmiz-pres-de-l-epicentre-personne-encore-n-est-venu-nous-aider_6188670_3212.html

 

Partager cet article
Repost0