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17 janvier 2023 2 17 /01 /janvier /2023 07:51

 

Benyamin Netanyahou malgré ses affaires de corruption remporte les élections législatives du 1er novembre 2022. Avec une nouvelle coalition qui totalise 64 sièges sur 120 à la Knesset, il est à nouveau premier ministre d'Israël. Son parti, le Likoud obtient 32 sièges et les partis d'extrême droite totalisent 32 sièges également (1). La caractéristique essentielle de tous ces partis est la négation absolue des droits du peuple palestinien sur sa terre. Leur obsession est de faire de la Palestine l'Etat exclusif du "peuple juif". C'est une "Promesse" divine faite au peuple élu. Tous les dirigeants israéliens, religieux ou laïcs, de droite, d'extrême droite ou de gauche instrumentalisent ce mythe pour mieux escamoter l'histoire réelle du sionisme qui est avant tout un projet colonialiste. Mais un colonialisme qui ne ressemble à aucun autre.

La déclaration Balfour reconnue par La Société des Nations (SDN) plaçait en effet les palestiniens dans une situation bien particulière. Ils doivent faire face à la fois aux britanniques et aux sionistes. Les premiers étaient chargés de préparer la colonisation de la Palestine par les seconds. Comme disait l'écrivain Arthur Koestler, "une nation a solennellement promis à une seconde le territoire d’une troisième." (2)

Contrairement à toutes les autres colonisations, le rapport de force ici est triangulaire. Dans le régime colonial classique, le colonisé, l'opprimé affronte directement le colonisateur, l'oppresseur. En Palestine, la partie ne pouvait se jouer qu'à trois. Les palestiniens n'avaient d'autres choix que de se dresser, dans un combat très inégal, contre la Grande-Bretagne puissance mandataire et contre la colonisation sioniste qui cherche à les déposséder de leur terre et à les remplacer. Les dirigeants arabes, quant à eux, sont restés spectateurs et se sont contentés de demander aux anglais de jouer les arbitres.

Mais pour mieux comprendre l'essence du colonialisme sioniste et son exclusivisme, il faut peut-être se référer à un leader sioniste nettement moins hypocrite que la plupart des dirigeants israéliens. Il s'agit de Vladimir Jabotinsky (1880-1940), le fondateur du courant "révisionniste". Dans un article intitulé "Le mur d'acier" publié dans la revue Rassviet le 4 novembre 1923, Jabotinsky écrit :

" (...) Peu importe les mots. La colonisation porte en elle sa propre définition, totale et inéluctable. Elle est comprise par chaque juif et par chaque Arabe. La colonisation ne peut avoir qu'un seul objectif. Pour les Arabes palestiniens, cet objectif est inadmissible. Telle est la nature des choses. Changer cette nature est impossible. La colonisation ne peut être menée que contre la volonté des Arabes palestiniens. La colonisation sioniste, même la plus restreinte, doit ou bien cesser, ou bien être menée contre la volonté de la population indigène. Par conséquent, cette colonisation ne peut continuer et se développer que sous la protection d'une force indépendante de la population locale, d'un mur d'acier que la population locale ne peut forcer. Telle est, in toto, notre politique envers les Arabes. La formuler d'une autre manière relève de l'hypocrisie. (...) Tout cela ne signifie pas qu'un accord soit impossible. C'est l'accord volontaire qui est impossible. Tant qu'ils auront une lueur d'espoir de pouvoir se débarrasser de nous, ils ne vendront pas cette lueur pour n'importe quelles douces paroles ou quelques friandises, parce que ce ne sont pas des grippe-sous, mais une nation, peut-être quelque peu dépenaillée, mais encore vivante. Un peuple vivant ne fait de concessions aussi énormes sur des questions aussi importantes que lorsqu'il ne lui reste plus aucun espoir. C'est seulement lorsque aucune brèche ne sera laissée dans notre mur d'acier que les groupes extrémistes perdront leur empire et que l'influence passera du côté des groupes modérés. Et c'est alors seulement que ces groupes modérés pourront venir à nous avec des propositions de concessions mutuelles sur des questions pratiques, telle une garantie contre l'expulsion ou une égalité avec une autonomie nationale... Mais la seule voie pour parvenir à un tel accord est le mur d'acier, c'est-à-dire le renforcement, en Palestine, d'un gouvernement sur lequel les Arabes n'auront aucune influence, d'aucune sorte, d'un gouvernement contre lequel les Arabes lutteront. En d'autres termes, pour nous, la seule voie qui mène à un accord est le refus absolu de toute sorte d'accord."(3)

Ce texte a au moins le mérite d'être clair et sans hypocrisie sur le but final du sionisme : la colonisation doit se poursuivre d'une manière implacable contre la volonté des palestiniens à l'abri d'un "mur d'acier".

Si le courant "révisionniste" était minoritaire et peu influent à ses débuts, aujourd'hui il domine et détermine largement la politique israélienne fondée sur la stratégie du "mur d'acier". Tous les dirigeants sionistes, à un degré ou à un autre, sont acquis aux conceptions de Jabotinsky. Rappelons que le père de Benyamin Netanyahou était membre de l’Union mondiale des sionistes révisionnistes et un fervent adepte de Jabotinsky dont il était le secrétaire personnel. Benzion Netanyahou a élevé ses enfants dans la fidélité des idées de Jabotinsky (4).

Cet héritage idéologique familial, Netanyahou l'applique avec un zèle singulier. Son nouveau gouvernement multiplie déjà les provocations contre les palestiniens et proclame haut et fort le droit inaliénable et exclusif du "peuple juif" sur toute la terre palestinienne. C'est un gouvernement de continuité et non de changement ou de rupture. C'est un produit authentique du sionisme. Le visage sans fard du sionisme que les gouvernements successifs de gauche arrivaient plus ou moins à masquer, apparaît avec la nouvelle coalition au grand jour.

Avec ce gouvernement, les démolitions de maisons, les expulsions, la colonisation de ce qui reste des terres palestiniennes vont probablement s'accélérer. Car l'existence même du peuple palestinien est incompatible avec leur rêve du "Grand Israël". La haine du palestinien qui constitue un obstacle vivant à leur projet exclusiviste et la violence que cela implique s'inscrivent dans cette longue tradition du sionisme en général et des révisionnistes en particulier. La Haganah, l'Irgoun et le Betar sont intimement liés à Jabotinsky et son "mur d'acier" (5).

 

Le poète palestinien Tawfik Zayyad dont la poésie se confond avec cette "terre violée" de la Palestine ressentait, peut être plus que les autres poètes palestiniens, la tragique histoire de la Palestine et de son peuple qui lutte toujours pour sa survie. Dans un de ces poèmes (6) il écrivait :

Ici nous resterons

Gardiens de l'ombre des orangers et des oliviers

Si nous avons soif nous presserons les pierres

Nous mangerons de la terre si nous avons faim mais nous ne partirons pas !!

Ici nous avons un passé un présent et un avenir

 

Mohamed Belaali

 

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(1)https://www.gov.il/en/departments/units/25-election-commitee/govil-landing-page

(2))https://www.monde-diplomatique.fr/publications/manuel_d_histoire_critique/a53242

(3) Cité par Lotfallah Soliman, " Pour une histoire profane de la Palestine". La Découverte, 1989 page 34.

(4)https://www.monde-diplomatique.fr/1996/11/VIDAL/5873

(5)https://ujfp.org/lextreme-droite-dans-le-monde/

(6)https://www.belaali.com/2022/05/un-poete-palestinien-tawfik-zayyad.html

 

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3 janvier 2023 2 03 /01 /janvier /2023 07:57

Nous publions aujourd'hui, après d'autres écrits, une partie des conférences données par Marx devant le Conseil Général de l'Association Internationale des Travailleurs (AIT) les 20 et 27 juin 1865 en réponse à John Weston, membre influent de l'AIT et représentant des travailleurs anglais (1). Weston affirmait qu'une augmentation générale des salaires ne pouvait améliorer la situation des salariés. Selon lui, toute augmentation du niveau des salaires se traduirait par une hausse du prix moyen des marchandises et par conséquent le pouvoir d'achat des travailleurs resterait le même. Une hausse générale du taux du salaire, précise-t-il, n'a donc aucune utilité pour les ouvriers car "les prix des marchandises sont déterminés ou réglés par les salaires".

Marx tout en réfutant les conceptions de Weston, montre "qu'une hausse générale des salaires entraînerait une baisse générale du taux du profit, mais qu'elle serait sans effet sur les prix moyens des marchandises".

La théorie de Weston et des économistes bourgeois constituait et constitue encore aujourd'hui non seulement une arme efficace entre les mains des patrons contre les ouvriers, mais aussi une justification théorique de leur exploitation. Elle correspond aux intérêts des capitalistes dont l'une des priorités reste la compression des salaires.

Macron serviteur zélé de la classe dominante refuse obstinément d'augmenter les salaires. La loi sur le pouvoir d'achat du 16 août 2022 en est un exemple éloquent. De son côté, le patron des patrons, Geoffroy Roux de Bézieux va dans le même sens en affirmant qu' "une augmentation des salaires, c'est aussi une augmentation des prix". Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, tient lui aussi le même discours.

La réfutation par Marx des conceptions de Weston est non seulement très acuelle, mais constitue aussi une véritable arme entre les mains de la classe ouvrière éclairée face aux attaques quotidiennes des exploiteurs capitalistes. "La tendance générale de la production capitaliste, écrivait Marx, n'est pas d'élever le niveau moyen des salaires, mais de l'abaisser, c'est-à-dire de ramener, plus ou moins, la valeur du travail à sa limite la plus basse".

Mais au-delà du combat pour arracher aux capitalistes des hausses de salaires, Marx incite les travailleurs non seulement à combattre les conséquences inévitables du système, mais surtout à s'attaquer en même temps au régime du salariat qui lui est lié : "Les trade-unions agissent utilement en tant que centres de résistance aux empiétements du capital. Elles manquent en partie leur but dès qu'elles font un emploi peu judicieux de leur puissance. Elles manquent entièrement leur but dès qu'elles se bornent à une guerre d'escarmouches contre les effets du régime existant, au lieu de travailler en même temps à sa transformation et de se servir de leur force organisée comme d'un levier pour l'émancipation définitive de la classe travailleuse, c'est-à-dire pour l'abolition définitive du salariat".

 

Voici le chapitre 14 des conférences regroupées dans " Salaires, prix et profit" :

 

"La lutte entre le Capital et le Travail et ses résultats"

 

"Après avoir montré que la résistance périodiquement exercée de la part de l'ouvrier contre la réduction des salaires et les efforts qu'il entreprend périodiquement pour obtenir des augmentations de salaires sont inséparablement liés au système du salariat et sont provoqués par le fait même que le travail est assimilé aux marchandises et soumis par conséquent aux lois qui règlent le mouvement général des prix; après avoir montré, en outre, qu'une hausse générale des salaires entraînerait une baisse générale du taux du profit, mais qu'elle serait sans effet sur les prix moyens des marchandises ou sur leurs valeurs, maintenant il s'agit finalement de savoir jusqu'à quel point, au cours de la lutte continuelle entre le capital et le travail, celui-ci a chance de l'emporter.

Je pourrais répondre de façon générale et vous dire que le prix du marché du travail, de même que celui de toutes les autres marchandises, s'adaptera, à la longue, à sa valeur; que, par conséquent, en dépit de toute hausse et de toute baisse, et quoi que fasse l'ouvrier, il ne recevra finalement en moyenne que la valeur de son travail, qui se résout dans la valeur de sa force de travail, laquelle est déterminée, à son tour, par la valeur des moyens de subsistance nécessaires à sa conservation et à sa reproduction, et dont la valeur est finalement réglée par la quantité de travail qu'exige leur production.

 

(...) Ces quelques indications suffiront à montrer que le développement même de l'industrie moderne doit nécessairement faire pencher toujours davantage la balance en faveur du capitaliste contre l'ouvrier et que, par conséquent, la tendance générale de la production capitaliste n'est pas d'élever le niveau moyen des salaires, mais de l'abaisser, c'est-à-dire de ramener, plus ou moins, la valeur du travail à sa limite la plus basse. Mais, telle étant la tendance des choses dans ce régime, est-ce à dire que la classe ouvrière doive renoncer à sa résistance contre les atteintes du capital et abandonner ses efforts pour arracher dans les occasions qui se présentent tout ce qui peut apporter une amélioration temporaire à sa situation ? Si elle le faisait, elle se ravalerait à n'être plus qu'une masse informe, écrasée, d'êtres faméliques pour lesquels il n'y aurait plus de salut. Je pense avoir montré que ses luttes pour des salaires normaux sont des incidents inséparables du système du salariat dans son ensemble, que, dans 99 cas sur 100, ses efforts pour relever les salaires ne sont que des tentatives pour maintenir la valeur donnée au travail, et que la nécessité d'en disputer le prix avec le capitaliste est en connexion avec la condition qui l'oblige à se vendre elle-même comme une marchandise. Si la classe ouvrière lâchait pied dans son conflit quotidien avec le capital, elle se priverait certainement elle-même de la possibilité d'entreprendre tel ou tel mouvement de plus grande envergure.

En même temps, et tout à fait en dehors de l'asservissement général qu'implique le régime du salariat, les ouvriers ne doivent pas s'exagérer le résultat final de cette lutte quotidienne. Ils ne doivent pas oublier qu'ils luttent contre les effets et non contre les causes de ces effets, qu'ils ne peuvent que retenir le mouvement descendant, mais non en changer la direction, qu'ils n'appliquent que des palliatifs, mais sans guérir le mal. Ils ne doivent donc pas se laisser absorber exclusivement par les escarmouches inévitables que font naître sans cesse les empiétements ininterrompus du capital ou les variations du marché. Il faut qu'ils comprennent que le régime actuel, avec toutes les misères dont il les accable, engendre en même temps les conditions matérielles et les formes sociales nécessaires pour la transformation économique de la société. Au lieu du mot d'ordre conservateur: "Un salaire équitable pour une journée de travail équitable", ils doivent inscrire sur leur drapeau le mot d'ordre révolutionnaire: "Abolition du salariat".

Après cet exposé très long et, je le crains, bien fatigant, mais qu'il me fallait faire pour traiter de façon satisfaisante mon sujet, je conclurai en proposant d'adopter la résolution suivante:

  1. Une hausse générale du niveau des salaires entraînerait une baisse générale du taux des profits, mais ne toucherait pas en somme au prix des marchandises.

  2. La tendance générale de la production capitaliste n'est pas d'élever le salaire normal moyen, mais de l'abaisser.

  3. Les trade-unions agissent utilement en tant que centres de résistance aux empiétements du capital. Elles manquent en partie leur but dès qu'elles font un emploi peu judicieux de leur puissance. Elles manquent entièrement leur but dès qu'elles se bornent à une guerre d'escarmouches contre les effets du régime existant, au lieu de travailler en même temps à sa transformation et de se servir de leur force organisée comme d'un levier pour l'émancipation définitive de la classe travailleuse, c'est-à-dire pour l'abolition définitive du salariat."

 

Karl Marx, Salaire, prix et profit.

Source : https://www.marxists.org/francais/marx/works/1865/06/km18650626.htm

 

Mohamed Belaali

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(1) Ces conférences n'ont jamais été publiées du vivant de Marx. C'est sa fille Eleanor qui les a publiées en 1898 sous le titre Value, Price and Profit avec une préface d'Edward Aveling.

 

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13 décembre 2022 2 13 /12 /décembre /2022 07:58

En janvier 2007, Nicolas Sarkozy disait : "Je veux changer la pratique de la République. Je veux une République irréprochable" (1). Aujourd'hui l'ancien président de la République est jugé pour toute une série "d'affaires" (Bygmalion, financement libyen, «Azibert», Karachi etc...). Il a même été condamné deux fois à de la prison ferme dans deux affaires différentes. C'est historique ! Et plusieurs autres "affaires" attendent encore Nicolas Sarkozy devant les tribunaux. Mais ce passage à répétition devant les juges n'est que l'arbre qui cache la forêt. Le nombre d'hommes et de femmes politiques impliqués, à un degré ou à un autre, dans les "affaires" est impressionnant. Voici une liste non exhaustive qui ne doit pas masquer le caractère récurrent et structurel de la corruption qui règne dans toutes les sphères de l’État. Sans remonter aux diamants centrafricains de Giscard, on peut citer pêle-mêle à titre d'exemple seulement quelques responsables politiques :

 

Raymond Barre, Jacques Médecin, Michel Mouillot, Christine Boutin, Christian Blanc, Christian Estrosi, Alain Joyandet, Eric Worth, Jérôme Cahuzac, Alain Juppé, André Santini, Claude Guéant, le couple Balkany, Serge Dassault, Jean-Michel Baylet, Jean-Noël Guérini, Jean-François Copé, Edouard Balladur, Jacques Chirac, Jean-Pierre Bechter, Maryse Joissains, Gaston Flosse, Jacques Mellick, Charles Pasqua, Pierre Bedier, Aquilino Morelle, Alain Carignon, Bernard Tapie, Thomas Thévenoud, Georges Tron, François Léotard, François Fillon, Léon Bertrand, François Bayrou, François de Rugy, Richard Ferrand, Laura Flessel, Jean-Paul Delevoye, Sylvie Goulard, Marielle de Sarnez, Françoise Nyssen, Alexis Kohler, Jean-Christophe Lagarde, Caroline Cayeux etc. etc.

 

D'autres noms viendront allonger cette liste déjà longue. Car ces "affaires" et ces scandales sont intimement liés au fonctionnement même du système capitaliste qui les produit et reproduit de manière permanente. Il ne s'agit pas ici d'une affaire de morale, républicaine ou non, mais la conséquence d’un système économique dont les intérêts de classes constituent le fondement matériel. Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron ne disaient-ils pas : "Nous conjurerons le pire en remettant de la morale dans la politique" (2) par "une vraie stratégie de moralisation de la vie publique" (3).

 

"La moralisation de la vie publique" (4), "la nécessité d'une lutte implacable contre les dérives de l'argent" (5) etc. ne sont en réalité que de grossiers mensonges derrière lesquels la classe dirigeante tente de dissimuler ses pratiques mafieuses pour mieux leurrer les classes populaires. Invoquer la morale dans le cadre du système actuel est non seulement une illusion, mais par dessus le marché une grande hypocrisie.

 

Aujourd'hui, en guise de la république "irréprochable" et "exemplaire", on a plutôt une république corrompue livrée, pieds et poings liés, au capital, aux cabinets de conseils, aux ministres millionnaires qui la violent chaque jour sous le regard stupéfait des plus démunis. Les travailleurs découvrent que ces corrompus, qui de surcroît cachent souvent leur magot dans les paradis fiscaux pour échapper à l'impôt, possèdent des patrimoines sans commune mesure avec leurs propres salaires. Combien de siècles de labeur et de souffrance au travail faut-il à un smicard par exemple pour atteindre le patrimoine déclaré et non déclaré de ces ministres? Et ce sont ces mêmes possédants qui exigent des salariés de travailler toujours plus et leur imposent toujours plus de sacrifices. Le cynisme et le mépris pour le peuple de ces hommes et de ces femmes corrompus n'ont d'égal que leur soumission aux puissants. Qu'elle est belle la république bourgeoise !

 

On peut adopter les lois que l’on veut contre la corruption, les affaires et les privilèges, mener toutes les enquêtes possibles, on peut même diminuer et limiter leur importance, mais on ne peut pas les éliminer. Car leur existence et celle du capitalisme sont tellement imbriquées l’une dans l’autre que l’on ne peut supprimer l’une sans éliminer l’autre. Les lois et les mesures prises pour lutter contre la corruption ne sont que des paravents derrière lesquels la bourgeoisie dissimule ses forfaits. Le problème n’est donc pas l’existence de la corruption, des scandales financiers, des affaires et autres privilèges, mais celle du capitalisme qui les engendre. Il y a eu dans le passé des scandales, il y a aujourd’hui des scandales et il y aura dans l’avenir d’autres scandales tant que ce système existe. Le véritable scandale, c’est le capitalisme lui-même.

 

Mohamed Belaali

 

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(1)https://www.lemonde.fr/idees/article/2012/04/26/la-republique-irreprochable-pour-memoire_1691151_3232.html

(2)https://www.lemonde.fr/idees/article/2012/04/26/la-republique-irreprochable-pour-memoire_1691151_3232.html

(3).https://www.dailymotion.com/video/x5do11u

(4)https://www.vie-publique.fr/loi/20774-loi-confiance-dans-la-vie-politique-moralisation-de-la-vie-publique

(5)https://www.vie-publique.fr/discours/187662-francois-hollande-10042013-moralisation-de-la-vie-politique-fraude

 

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24 octobre 2022 1 24 /10 /octobre /2022 07:36

A l'époque où le journalisme est devenu une vulgaire marchandise soumise aux vicissitudes du marché et un instrument de propagande entre les mains des puissants, il est utile de montrer à travers l'exemple de John Reed que cette profession peut être aussi un moyen efficace au service des luttes sociales sans renoncer pour autant à la vérité du terrain.

 

Le 17 octobre 1920 est décédé à Moscou, à l'âge de 33 ans, le journaliste révolutionnaire John Reed. L'auteur des "Dix jours qui ébranlèrent le monde" est né dans une riche famille à Portland, en Oregon, le 22 octobre 1887. Son grand-père a fait fortune dans le commerce des fourrures, son père dans la vente à grande échelle de matériel agricole. Diplômé de Harvard qu'il quitte en 1910, il rejoint en 1913 The Masses, magazine progressiste à la fois politique et culturel. Il couvre alors une série de grèves ouvrières comme celle des travailleurs de la soie dans la ville de Paterson dans le New Jersey. Dans «Guerre à Paterson», il écrit : "Il y a la guerre à Paterson. Mais c'est une sorte de guerre curieuse. Toute la violence est l'œuvre d'un seul côté - les propriétaires de l'usine" (1).

Ses témoignages sur les combats ouvriers lui ont valu des séjours répétés dans les prisons fédérales.

Cette première rencontre avec des travailleurs en grève lui a au moins permis de comprendre que le journalisme peut être un moyen efficace au service des luttes sociales non seulement aux États-Unis mais partout à travers le monde.

Quelques temps après, John Reed part pour le Mexique afin de couvrir pour Metropolitan Magazine de New York la révolution mexicaine menée par Pancho Villa. Le témoignage de Reed sur ce soulèvement populaire porte sur une courte période (quatre mois). Mais c'est peut-être la période la plus intense, la plus chargée d'espoir où Pancho Villa est considéré déjà comme une légende vivante. Dans ses chroniques, Reed mêle à la fois le souci d'une information objective et sa profonde sympathie pour les insurgés mexicains. En 1914 John Reed fait paraître "Le Mexique insurgé", somme d'articles et chroniques de cette expérience mexicaine. Une adaptation partielle du livre de Reed est portée à l'écran en 1973 par Paul Leduc : "Reed, Mexico Insurgente" (2).

En juillet 1914 toujours dans Metropolitan, Reed publie une longue lettre "The Colorado War" où il décrit avec minutie la grève et le massacre de Ludlow dans le sud du Colorado. Vingt-six ouvriers et leurs familles ont été abattus à la mitrailleuse par la garde nationale et les hommes de Rockefeller. L'historien Howard Zinn dit de cette grève des mineurs qu'elle fut "l'un des plus durs et des plus violents conflits entre les travailleurs et le capital industriel de l'histoire des États-Unis" (3).

Mais c'est surtout sa rencontre avec la révolution d'octobre 1917 qui va révéler les qualités journalistiques de Reed. Dans son magnifique livre les "Dix jours qui ébranlèrent le monde", il décrit avec passion et enthousiasme les événements historiques qui vont changer la face du monde. Il a su capter et transmettre les revendications et les aspirations humaines les plus simples et les plus fondamentales des ouvriers, des soldats et des paysans russes : "la paix, la terre, le pain, la fraternité, tout le pouvoir aux soviets...". Voici comment Reed décrit les premiers moments de la Révolution : «Quelque chose s’était brusquement éveillé en tous ces hommes. L’un parlait de la révolution mondiale en marche, un autre de l’ère nouvelle de fraternité, où tous les peuples ne seront plus qu’une grande famille (…) Mus par une commune impulsion, nous nous trouvâmes soudain tous debout, joignant des voix dans l’unisson et le lent crescendo de l’Internationale. Un vieux soldat grisonnant sanglotait comme un enfant. Alexandra Kollontaï rentrait ses larmes. Le chant roulait puissamment à travers la salle, ébranlant les fenêtres et les portes et allant se perdre dans le calme du ciel" (4).

 

Reed ne se contente pas seulement de rapporter des faits au jour le jour, il prend résolument partie pour les révolutionnaires. Il est à la fois témoin consciencieux et acteur de cette immense révolution: "Au cours de la lutte, mes sympathies n'étaient pas neutres écrit-il. Mais, en retraçant l'histoire de ces grandes journées, j'ai voulu considérer les événements en chroniqueurs consciencieux, qui s'efforce de fixer la vérité" (5).

Dans la préface du livre de Reed, Lénine écrivait : "Après avoir lu avec un immense intérêt et la même attention jusqu'au bout le livre de John Reed, Dix jours qui ébranlèrent le monde, je recommande du fond du cœur cette œuvre aux ouvriers de tous les pays. Je voudrais que ce livre soit répandu à des millions d'exemplaires et traduit dans toutes les langues, car il donne un tableau exact et extraordinairement vivant d'événements qui ont une si grande importance pour comprendre ce qu'est la révolution prolétarienne, ce qu'est la dictature du prolétariat»"(6).

La vie de Reed et les "Dix jours qui ébranlèrent le monde" sont portés à l'écran en 1981 par Warren Beatty. «Reds», ce passionnant film avec Diane Keaton et Jack Nicholson, entre autres, a largement contribué à faire connaître au grand public le journaliste et révolutionnaire John Reed.

 

Le 17 octobre 1920, John Reed le journaliste, le révolutionnaire et l'internationaliste s'est éteint à l'hôpital Marinski de Moscou emporté à l'âge de 33 ans par le typhus. Il repose à coté d'autres révolutionnaires sur la Place Rouge contre le mur du Kremlin. Sur sa tombe on peut lire "John Reed, délégué à la IIIe Internationale, 1920».

 

Mohamed Belaali

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(1)https://www.marxists.org/archive/reed/1913/masses06.htm

(2)https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Reed,_Mexico_insurgente

(3)Howard Zinn, « Une histoire populaire des États-Unis », Agone, 2002, p. 403

(4) «Dix jours qui ébranlèrent le monde. Éditions Tribord, 2010, pages 228/229

(5) John Reed, «Les dix jours qui ébranlèrent le monde», page 33

(6)John Reed, « Dix jours qui ébranlèrent le monde », page 25.

 

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17 octobre 2022 1 17 /10 /octobre /2022 06:54

Le 17 octobre 1961 l'Etat français, à travers sa police, massacrait en plein Paris des centaines de travailleurs algériens qui manifestaient dignement et pacifiquemnt contre le couvre-feu raciste qu'on leur imposait. Une folie coloniale de plus.

"Il est conseillé de la façon la plus pressante aux travailleurs algériens de s'abstenir de circuler la nuit dans les rues de Paris et de la banlieue parisienne" écrivait Maurice Papon préfet de police de Paris.

Les ouvriers algériens et leurs familles ont décidé, vaille que vaille, de manifester dans la capitale coloniale. C'est leur manière de contribuer à l'édification de la nouvelle nation algérienne.

La police a tiré sur la foule. Des manifestants ont été jetés dans la Seine qui a, des jours durant, charrié leurs cadavres. Les blessés ont été emmenés sans ménagement au Palais des sports et au Stade Pierre-de-Coubertin comme au Stade de Santiago de Chili en 1973 où l'on entassait les opposants au général Pinochet.

17 octobre 1961, c'est peut-être le plus grand massacre d'ouvriers après la Commune de Paris.

Un lourd silence s'est alors abattu sur ce crime d'Etat. Livres, témoignages, films, reportages, documents historiques, dossiers de presse, archives etc. pendant des décennies ont été saisis et interdits. La radio et la télévision ont été bridées. La mémoire du 17 octobre a été occultée pour mieux refouler l'ensemble des crimes coloniaux.

Il faut peut-être beaucoup de temps pour que la bourgeoisie française, responsable de ce massacre, ose montrer son visage hideux. Comme disait Frantz Fanon dans Les damnés de la terre, cette bourgeoisie qui aime tant parler de l'homme et des droits de l'homme"tout en le massacrant partout où elle le rencontre, à tous les coins de ses propres rues, à tous les coins du monde".

 

Mohamed Belaali

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9 octobre 2022 7 09 /10 /octobre /2022 07:46

 

"Toute notre action est un cri de guerre contre l'impérialisme et un appel vibrant à l'unité des peuples contre le grand ennemi du genre humain : les Etats-Unis".

Ernesto Che Guevara

 

Le 9 octobre 1967, Ernesto Che Guevara a été exécuté à la Higuera par l'armée bolivienne encadrée par la CIA américaine. Pour l'impérialisme yankee, le Che était devenu l'homme à abattre. Non seulement il représentait un danger pour les intérêts de la bourgeoisie américaine parce que la révolution a triomphé à Cuba à moins de 150 km des Etats-Unis, mais aussi et surtout parce que son combat contre l'impérialisme était total, planétaire. Le Che a bien compris que l'impérialisme était le véritable ennemi des peuples. Combattre l'impérialisme partout à travers le monde était pour lui "le plus sacré des devoirs" (1) . L'impérialisme américain et sa puissance restent le danger principal de l'humanité, "le grand ennemi du genre humain " disait le Che.

Ernesto Che Guevara était persuadé que la défaite de l'impérialisme passe nécessairement par le triomphe de la révolution mondiale. La victoire ne sera jamais complète tant que d'autres peuples restent soumis à la domination impérialiste La révolution cubaine n'était pour lui qu'un tremplin pour d'autres bouleversements à travers la planète. L'internationalisme non seulement reste un devoir pour tout révolutionnaire, mais surtout une nécessité stratégique dans la lutte anti-impérialiste.

Mais le Che ne se contentait pas seulement de discourir et de théoriser la lutte contre l'impérialisme. Il a mené personnellement un combat aussi héroïque que désespéré contre l'impérialisme américain que ce soit dans la Sierra Maestra cubaine, dans le maquis congolais ou encore dans la forêt et les montagnes boliviennes. Il ne suffit pas "de souhaiter le succès à la victime de l’agression, mais de partager son sort, de l’accompagner dans la mort ou dans la victoire" (2).

La pratique et la théorie étaient pour le Che étroitement liées et tellement imbriquées l'une dans l'autre qu'elles ne forment qu'un tout inséparable. Son intégrité, sa sincérité et son honnêteté, de l'avis même de ses ennemis, étaient totales. Sa vie, brève mais intense, se confondait avec ses idées. Il a été jusqu'au bout de ses convictions révolutionnaires, "dans une révolution on triomphe ou on meurt (si elle est véritable)" disait-il (3). Le pouvoir, le prestige, les honneurs... ne l'ont jamais corrompu. Son mode de vie gênait et irritait tous les bureaucrates qui s'installent confortablement dans leurs nouveaux postes de commandement.

Dans son combat permanent contre l'impérialisme yankee, Ernesto n'a pas hésité à troquer son poste de ministre de l'industrie contre celui de guérillero dans les maquis congolais et bolivien; "d’autres terres du monde réclament le concours de mes modestes efforts" disait-il (4).

Pour sa famille, il n'a légué aucun bien matériel. A ses enfants, il ne leur a laissé qu'une lettre dans laquelle il leur conseillait "d'étudier beaucoup" mais avant tout, ajoute-t-il "soyez surtout capables de sentir, au plus profond de vous-mêmes, toute injustice commise contre quiconque en quelque partie du monde. C’est la plus belle qualité d’un révolutionnaire" (5).

Aujourd'hui l'impérialisme américain contre lequel s'est élevé le Che sème encore la terreur et la désolation à travers le monde. Il est toujours aussi déterminé que par le passé à détruire et à anéantir tout gouvernement, toute opposition et toute résistance qui menace ses intérêts économiques et stratégiques. Il est la négation du Droit des nations à disposer d'elles-mêmes. l'impérialisme yankée dans sa forme guerrière est devenu un monstre dont les conséquences ont atteint des dimensions épouvantables.

Le combat mené par le Che à son époque et dans d'autres conditions contre l'impérialisme américain n'a jamais été aussi actuel qu'aujourd'hui. La résistance se poursuivra inévitablement, dans des conditions différentes, tant que la violence et l'oppression impérialistes existeront.

 

Le Che est mort, mais son souvenir restera, pour celles et ceux qui luttent contre l'impérialisme et contre toutes les formes d'injustices, "enfoui tel un trésor dans la partie la plus profonde, la plus secrète et la plus riche de leur être, réchauffant leur courage, attisant leur énergie" (6).

 

Mohamed Belaali

 

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(1)En los nuevos campos de batalla llevaré la fe que me inculcaste, el espíritu revolucionario de mi pueblo, la sensación de cumplir con el más sagrado de los deberes: luchar contra el imperialismo dondequiera que esté: esto reconforta y cura con creces cualquier desgarradura» :

http://www.cuba.cu/gobierno/discursos/1965/esp/f031065e.html

(2)https://www.marxists.org/francais/guevara/works/1967/00/tricontinentale.htm

(3)http://www.cuba.cu/gobierno/discursos/1965/esp/f031065e.html

(4)http://www.cuba.cu/gobierno/discursos/1965/esp/f031065e.html

 

(5)http://www.cubadebate.cu/especiales/2017/10/04/che-a-sus-hijos-su-padre-ha-sido-un-hombre-que-actua-como-piensa/#.XY25EUYzaUk

(6)Ahmed Ben Bella premier président de l'Algérie indépendante. Le Monde diplomatique, octobre 1997.

 

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29 septembre 2022 4 29 /09 /septembre /2022 06:17

En avril 2022, une trêve fragile de deux mois renouvelable est signée au Yémen entre les belligérants. C'est une lueur d'espoir pour ce pays ravagé par sept ans de guerre depuis l'intervention militaire saoudienne en mars 2015. Les conséquences sont terribles : 377 000 victimes (1) et "70% de la population, dépendent de l’aide humanitaire pour leur survie et quatre millions de personnes sont déplacées au sein des frontières du pays" (2). Les hommes ne sont malheureusement pas les seules victimes de cette folie guerrière qui a détruit une partie importante de l’héritage culturel et architectural yéménite, patrimoine mondial de l'humanité. Ici comme ailleurs, la religion (chiites contre sunnites) est instrumentalisée pour mieux dissimuler la réalité profane, économique et politique, qui constitue la véritable base de cette guerre.

 

Les États-Unis, la France, le Royaume Uni, les armées du Golfe et les forces égyptiennes notamment participent directement ou indirectement à cette agression armée appelée «Tempête décisive». L'Arabie Saoudite utilise au Yémen des armes fabriquées et vendues par les États-Unis qui sont extrêmement dangereuses pour les civils et interdites par des traités internationaux (3). Rappelons aussi que les armes vendues par la France à l'Arabie Saoudite sont massivement utilisées au Yémen (4).

Le patrimoine culturel du Yémen est lui aussi pris pour cible. Des zones entières inscrites pourtant au patrimoine mondial de l'humanité sont ravagées par des raids aériens de la coalition (5). Les vieux quartiers de Sanaa, capitale du Yémen et plusieurs fois millénaires, n'ont pas échappé à la violence destructrice des avions américains pilotés par des saoudiens. Désormais l'ancienne ville de Sanaa et Shibam sont classées par l'UNESCO comme patrimoine mondial en péril (6). Ces destructions de l'héritage culturel du peuple yéménite et patrimoine mondial de l'humanité ressemblent étrangement aux crimes perpétrés par l'armée américaine contre l'histoire et la mémoire d'un autre pays qui a vu naître sur son sol de brillantes et splendides civilisations, il s'agit de la Mésopotamie c'est à dire l'Irak d'aujourd'hui ou tout du moins ce qu'il en reste : "C’est sur cette terre que l’écriture et le calcul, entre autres, furent inventés. Mais la Mésopotamie c’est aussi Babylone et ses jardins suspendus (septième merveille du monde), Hammourabi et son code, Nabuchodonosor II et sa conception architecturale etc. etc" (7). L'impérialisme et ses alliés locaux non seulement sont les ennemis des peuples mais aussi de leur culture, de leur histoire et de leur mémoire.

Pour l'Arabie Saoudite, le Yémen n'est que le prolongement de son propre territoire. Les affaires intérieures du Yémen sont les affaires intérieures de l'Arabie Saoudite. Le Yémen doit rester un pays totalement inféodé au royaume wahhabite. On rapporte que sur son lit de mort, l'émir Abdelaziz Ibn Saoud (1880-1953), fondateur de l'Arabie «moderne» avec l'aide des britanniques, disait que "le bonheur du Royaume est dans le malheur du Yémen". Ce racontar est probablement faux, mais il n'en demeure pas moins significatif et représentatif des relations complexes et conflictuelles entre les deux pays.

Précisons que le Yémen est la seule république au milieu des monarchies pétrolières riches et puissantes. Le Yémen, appelé autrefois l'«Arabie heureuse» pour sa prospérité, est aujourd'hui l’un des pays les plus pauvres de la planète. Il est relégué, pour son Indicateur de développement humain (IDH), aux dernières places par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) (8).

Mais le Yémen c’est aussi le détroit de Bāb al-Mandab (porte des lamentations en arabe) qui commande l’entrée à la mer Rouge et surtout le Golfe d’Aden qui sépare le continent africain du continent asiatique et constitue de ce fait une voie maritime importante pour les échanges mondiaux. Autant dire que le Yémen représente un intérêt stratégique évident pour l'Arabie Saoudite et bien sûr pour les États-Unis très présents dans la région à travers leurs bases militaires notamment. La position géostratégique et ses nombreuses potentialités ont toujours fait du Yémen un pays convoité par les puissances étrangères et déchiré par des conflits internes entre conservateurs et progressistes qui l'ont rendu instable et difficilement gouvernable. De ce fait le Yémen constitue aussi une source d'inquiétude et une menace non seulement pour le Royaume saoudien mais aussi pour les autres dynasties du Golfe qui redoutent que d'éventuelles révoltes politiques et des revendications démocratiques ne s'étendent à toute la région.

En 2011 le soulèvement populaire au Yémen comme dans tout le monde arabe contre les régimes d'un autre âge a poussé l'Arabie Saoudite, avec l'aval des américains, à intervenir pour briser l'élan formidable des révoltes pacifiques du peuple yéménite dans toute sa diversité. Rappelons pour mémoire que ce soulèvement a réussi à renverser le président Ali Abdallah Saleh au pouvoir depuis 1978. L'écrasement du soulèvement populaires au Yémen par la contre-révolution incarnée par l'Arabie Saoudite avec la complicité de l'impérialisme américain a créé les conditions matérielles propices au développement de l'obscurantisme, du terrorisme et de la guerre civile.

Profitant du chaos qui règne au Yémen depuis l'écrasement des révoltes populaires, les Houthis s'emparent de Sanaa et obligent le président Abd Rabbo Mansour Hadi, installé au pouvoir par l'Arabie Saoudite, à démissionner mettant de facto un terme à l'accord de Riyad dont ils étaient exclus. L'Arabie et les monarchies du Golfe ne peuvent tolérer l'installation à Sanaa d'un pouvoir qu'elles accusent d'être à la solde de l'Iran. Dans la nuit du mercredi à jeudi 26 mars 2015, l'Arabie Saoudite intervient, une fois encore, au Yémen. Dans cette région du monde, l'Arabie Saoudite joue le rôle de rempart contre tout changement démocratique et progressiste.

 

Le Royaume wahhabite se saisit ainsi de la religion pour mieux étendre son influence et sa puissance dans la région. La religion est au service des ambitions politiques et des intérêts économiques. L'Islam est ainsi utilisé comme couverture et comme idéologie de légitimation pour, en dernière analyse, perpétuer le pouvoir et les privilèges de la dynastie des Al Saoud.

 

Mohamed Belaali

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(1)https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/yemen/yemen-le-conflit-a-fait-377-000morts_4859887.html

(2)https://www.unhcr.org/be/urgence-au-yemen

(3)https://www.hrw.org/fr/news/2016/05/06/yemen-recours-par-larabie-saoudite-des-armes-sous-munitions-de-fabrication

(4)https://www.arte.tv/sites/story/reportage/yemen-des-armes-made-in-france/

(5)https://www.lorientlejour.com/article/940026/operation-detruire-lheritage-culturel-du-moyen-orient-.html

(6)https://fr.unesco.org/news/vieille-ville-sana-ancienne-ville-shibam-son-mur-enceinte-yemen-ajoutees-liste-du-patrimoine

(7)https://www.belaali.com/article-les-ravages-de-la-guerre-imperialiste-en-irak-48981793.htm

(8)https://hdr.undp.org/system/files/documents/global-report-document/hdr2021-22overviewfrpdf.pdf

 

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19 septembre 2022 1 19 /09 /septembre /2022 06:41

Pour combattre l'idéologie dominante, il serait peut-être utile de revenir à la pensée révolutionnaire de Marx et d'Engels. La lecture ou la relecture de leur œuvre scientifique reste indispensable pour lutter, entre autres, contre les ravages de cette idéologie totalitaire. C'est une invitation à la réflexion et en même temps un outil formidable de combat contre un système qui échappe de plus en plus à la volonté des hommes.

Après la Critique de l'économie politique de 1859 et quelques passages de l'Idéologie Allemande, nous publions aujourd'hui un extrait du Manifeste du Parti Communiste de 1847, écrit historique de portée universelle. Malgré ses 175 ans, le Manifeste est toujours une arme redoutable face aux attaques économiques et idéologiques incessantes de la classe dominante.

 

 

 

" II : Prolétaires et communistes

 

Quelle est la position des communistes par rapport à l'ensemble des prolétaires ?

Les communistes ne forment pas un parti distinct opposé aux autres partis ouvriers.

Ils n'ont point d'intérêts qui les séparent de l'ensemble du prolétariat.

Ils n'établissent pas de principes particuliers sur lesquels ils voudraient modeler le mouvement ouvrier.

Les communistes ne se distinguent des autres partis ouvriers que sur deux points : 1. Dans les différentes luttes nationales des prolétaires, ils mettent en avant et font valoir les intérêts indépendants de la nationalité et communs à tout le prolétariat. 2. Dans les différentes phases que traverse la lutte entre prolétaires et bourgeois, ils représentent toujours les intérêts du mouvement dans sa totalité.

Pratiquement, les communistes sont donc la fraction la plus résolue des partis ouvriers de tous les pays, la fraction qui stimule toutes les autres; théoriquement, ils ont sur le reste du prolétariat l'avantage d'une intelligence claire des conditions, de la marche et des fins générales du mouvement prolétarien.

Le but immédiat des communistes est le même que celui de tous les partis ouvriers : constitution des prolétaires en classe, renversement de la domination bourgeoise, conquête du pouvoir politique par le prolétariat.

Les conceptions théoriques des communistes ne reposent nullement sur des idées, des principes inventés ou découverts par tel ou tel réformateur du monde.

Elles ne sont que l'expression générale des conditions réelles d'une lutte de classes existante, d'un mouvement historique qui s'opère sous nos yeux. L'abolition des rapports de propriété qui ont existé jusqu'ici n'est pas le caractère distinctif du communisme.

Le régime de la propriété a subi de continuels changements, de continuelles transformations historiques.

La Révolution française, par exemple, a aboli la propriété féodale au profit de la propriété bourgeoise

Ce qui caractérise le communisme, ce n'est pas l'abolition de la propriété en général, mais l'abolition de la propriété bourgeoise.

Or, la propriété privée d'aujourd'hui, la propriété bourgeoise, est la dernière et la plus parfaite expression du mode production et d'appropriation basé sur des antagonismes de classes, sur l'exploitation des uns par les autres.

En ce sens, les communistes peuvent résumer leur théorie dans cette formule unique : abolition de la propriété privée.

On nous a reproché, à nous autres communistes, de vouloir abolir la propriété personnellement acquise, fruit du travail de l'individu, propriété que l'on déclare être la base de toute liberté, de toute activité, de toute indépendance individuelle.

La propriété personnelle, fruit du travail et du mérite ! Veut-on parler de cette forme de propriété antérieure à la propriété bourgeoise qu'est la propriété du petit bourgeois du petit paysan ? Nous n'avons que faire de l'abolir, le progrès de l'industrie l'a abolie et continue à l'abolir chaque jour.

Ou bien veut-on parler de la propriété privée d'aujourd'hui, de la propriété bourgeoise ?

Mais est-ce que le travail salarié, le travail du prolétaire crée pour lui de la propriété ? Nullement. Il crée le capital, c'est-à-dire la propriété qui exploite le travail salarié, et qui ne peut s'accroître qu'à la condition de produire encore et encore du travail salarié, afin de l'exploiter de nouveau. Dans sa forme présente, la propriété se meut entre ces deux termes antinomiques; le Capital et le Travail. Examinons les deux termes de cette antinomie.

Etre capitaliste, c'est occuper non seulement une position purement personnelle, mais encore une position sociale dans la production. Le capital est un produit collectif : il ne peut être mis en mouvement que par l'activité en commun de beaucoup d'individu, et même, en dernière analyse, que par l'activité en commun de tous les individus, de toute la société.

Le capital n'est donc pas une puissance personnelle; c'est une puissance sociale.

Dès lors, si le capital est transformé en propriété commune appartenant à tous les membres de la société, ce n'est pas une propriété personnelle qui se change en propriété commune. Seul le caractère social de la propriété change. Il perd son caractère de classe.

Arrivons au travail salarié.

Le prix moyen du travail salarié, c'est le minimum du salaire, c'est-à-dire la somme des moyens de subsistance nécessaires pour maintenir en vie l'ouvrier en tant qu'ouvrier. Par conséquent, ce que l'ouvrier s'approprie par son labeur est tout juste suffisant pour reproduire sa vie ramenée à sa plus simple expression. Nous ne voulons en aucune façon abolir cette appropriation personnelle des produits du travail, indispensable à la reproduction de la vie du lendemain, cette appropriation ne laissant aucun profit net qui confère un pouvoir sur le travail d'autrui. Ce que nous voulons, c'est supprimer ce triste mode d'appropriation qui fait que l'ouvrier ne vit que pour accroître le capital, et ne vit qu'autant que l'exigent les intérêts de la classe dominante. Dans la société bourgeoise, le travail vivant n'est qu'un moyen d'accroître le travail accumulé. Dans la société communiste le travail accumulé n'est qu'un moyen d'élargir, d'enrichir et d'embellir l'existence des travailleurs ".

 

PROLETAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS

 

Sources : https://www.marxists.org/francais/marx/works/1847/00/kmfe18470000b.htm

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15 septembre 2022 4 15 /09 /septembre /2022 05:48

Zineb REDOUANE 80 ans, Ali Ziri 69 ans, Cédric Chouviat 42 ans, Mohamed Boukrourou 41 ans, Abou Bakari Tandia 38 ans, Amadou Koumé 33 ans, Pascal Taïs 32 ans, Abdelkarim Aouad 30 ans, Wissam El-Yamni 30 ans, Mickaël Simon 27 ans, Mohammed Saoud 26 ans, Abdelilah El Jabri 25 ans, Lamine Dieng 25 ans, Adama Traoré 24 ans, Steve Maia Canico 24 ans, Malik Oussekine 22 ans, Hakim Ajimi 22 ans, Rémi Fraisse 21 ans, Zied et Bouna 17 et 15 ans… La liste des hommes morts du fait de la police, dans les commissariats, lors des interpellations etc. est longue, trop longue. Et il ne s'agit là que de quelques victimes connues et répertoriées.

Entre 1977 et 2020, la police a tué 746 personnes (1). Récemment, nous rapporte la presse, "en moins de 24 heures, deux personnes ont été tuées par des tirs policiers, lors de deux refus d'obtempérer" (2).

En 2017, la loi relative à la sécurité publique a nettement assoupli la notion de la légitime défense (3). Depuis cette date, le nombre de personnes abattues par la police a été multiplié par 5 (4).

Ces assassinats sont banalisés, légitimés et institutionnalisés par l'Etat.

La mission essentielle de la police n'est pas la sécurité publique mais le maintien de l'ordre politique, garanti par l’État, instrument d'oppression de la classe dominante. Ces crimes ordinaires de l'Etat français se suivent et se ressemblent. Il y aura malheureusement dans l'avenir d'autres crimes tellement la police est intimement liée à l'Etat.

Les assassinats, les mutilations et d'une manière générale la répression et la violence exercées sur les jeunes des cités, partie intégrante de la classe ouvrière, et sur le mouvement social dans sa globalité montrent bien que le rôle confié par la bourgeoisie à la police est de briser toute contestation, toute résistance aussi minime soit-elle  à l'ordre établi. C'est dans ce cadre qu'il faut comprendre toute cette surenchère sécuritaire, cette militarisation de la police et ce renforcement extraordinaire de ses pouvoirs.

Aucune république, aucune monarchie même la plus démocratique, ne peut se passer de la violence pour maintenir la majorité de la population dans la soumission. L'existence du suffrage universel, du gouvernement, du parlement et de toutes les institutions qui gravitent autour de l’État ne change rien au fond du problème : l’État reste ce qu'il est réellement c'est-à-dire un appareil qui réprime par la violence toute contestation de l'ordre établi. La terrible répression exercée sur les Gilets jaunes est un exemple éloquent à cet égard. Il ne peut en être autrement dans une société de classes où l’État possède le monopole de la violence. L’État au service du peuple, de l'ordre public, de l'intérêt général etc. ne sont que des grossiers mensonges véhiculés par la classe dirigeante pour mieux justifier ses privilèges et sa domination.

L’État français peut en totale impunité tuer, éborgner les manifestants, arracher leurs mains, les défigurer ou tout simplement les éliminer physiquement. Ni la justice, ni l' Inspection Générale de la Police Nationale, le Conseil d’État, le Défenseur des Droits, l'ONU, le Parlement européen , le Conseil de l'Europe et toutes les autres institutions nationales et internationales ne sont en mesure d'arrêter cette violence de classe.

Derrière la violence policière il y a l’État et derrière l’État il y a le capital.

 

Mohamed Belaali

 

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(1)https://bastamag.net/webdocs/police/

(2)https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/police/violences-policieres/refus-d-obtemperer-plus-de-26-000-delits-en-2021-9-morts-depuis-le-debut-de-l-annee-ce-que-disent-les-statistiques-officielles_5349133.html

(3)https://www.assemblee-nationale.fr/14/dossiers/securite_publique.asp

(4)https://basta.media/refus-d-obtemperer-quatre-fois-plus-de-personnes-tuees-par-des-policiers-depuis-cinq-ans

 

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31 août 2022 3 31 /08 /août /2022 05:56

Le capitalisme mondialisé et financiarisé menace aujourd'hui plus que jamais la survie de l'humanité. Il ne s'agit pas seulement d'une nouvelle crise grave du système, mais aussi d'une menace réelle pour l'avenir des hommes sur cette terre. La population assiste impuissante à sa lente destruction ainsi que celle de son environnement. Elle constate effarée les ravages du capitalisme : saccage systématique de la planète, réchauffement climatique, exploitation de la force de travail de plus en plus violente, misère sociale exacerbée, menace constante d'une guerre nucléaire, épidémies à répétition, marchandisation et déshumanisation des rapports sociaux etc. etc. Mais les hommes qui ont produit ce système sont également capables de se dresser contre lui et le dépasser, mettant ainsi un terme à la "préhistoire" de l'humanité.

 

La classe dirigeante, la bourgeoisie est non seulement dans l'incapacité de faire face à cette situation sans précédent, mais elle amplifie cet état de fait. Son système, le capitalisme avec sa logique d'accumulation, transforme ces ravages et ces catastrophes en autant d'opportunités de profit, lui permettant ainsi de poursuivre son œuvre de destruction. De par sa nature, le capitalisme tend à envahir et à conquérir toutes les sphères pour en faire un marché.

Le capital non seulement produit du profit, mais le profit à son tour engendre le capital qui croît et se multiplie d'une manière irrationnelle et sans fin. Le processus peut donc se répéter à l'infini. Or les ressources naturelles, ou tout du moins une partie d'entre elles, sont finies. Le capitalisme est une machine qui est en train de dévorer l'homme et la planète qui ne sont pour lui que des moyens pour son extension et son développement. Il va sans dire que le système qui méprise l'homme ne peut respecter la nature.

Engels, cité par Rosa Luxemburg, disait "La société bourgeoise est placée devant un dilemme : ou bien passage au socialisme ou rechute dans la barbarie" (1). Si le socialisme n'est toujours pas là, la barbarie capitaliste et sa violence sur l'homme et la nature, par contre, se poursuivent toujours. Mais ce triomphe pourrait tout simplement mener à l'anéantissement de la vie sur terre. Les classes dirigeantes ne font que préserver et renforcer par leurs mesures dérisoires le système en donnant l'illusion qu'il est "réformable". Toutes les demi-mesures et toutes les réformes, si elles ont contribué à améliorer provisoirement la situation des esclaves modernes ne font, en dernière analyse, que perpétuer l'asservissement général engendré par le système.

Que faire alors contre cette marche suicidaire vers l'abîme ? Continuer sur cette voie tracée par une minorité d'exploiteurs qui mène au chaos, à la barbarie et à la destruction de l'homme et de la nature ou, au contraire, renverser l'ordre établi. Contrairement aux affirmations de l'idéologie dominante qui nie toute possibilité de transformation qualitative de la société, la révolution sociale et socialiste reste une alternative qui pourrait changer radicalement les relations entre l'homme et l'homme, entre l'homme et la nature.

Mais la marche en avant vers le socialisme ne peut résulter de la perfection de la démocratie bourgeoise, de la conciliation des classes etc. L'entente des classes est une chimère, une rêverie produite et entretenue par les classes exploiteuses. Elle est contredite chaque jour par les faits. La bourgeoisie qui concentre entre ses mains tous les pouvoirs n'est absolument pas prête à la "concertation" au " dialogue" etc. Elle ne reculera devant rien pour perpétuer son système de production et d'exploitation sur lequel elle repose. Et si la lutte des classes s'intensifie, s'aiguise et dure dans le temps, elle n'hésitera pas à recourir à la violence sous toutes ses formes y compris la plus abjecte, la guerre. Toute l'histoire des classes dominantes n'est que cruauté et férocité exercées sur les dominés pour se maintenir au pouvoir. Seule la révolution socialiste est en mesure d'enfanter une nouvelle société en mettant un terme à la résistance de la minorité d'exploiteurs.

Mais la révolution ne se décrète pas comme disait Engels une fois encore "(...) les révolutions ne se font pas arbitrairement et par décret, mais qu'elles furent partout et toujours la conséquence nécessaire de circonstances absolument indépendantes de la volonté et de la direction de partis déterminés et de classes entières" (2).

Mais si la révolution ne se décrète pas, elle se prépare. Et qui sont les mieux disposés à la préparer que celles et ceux qui subissent au quotidien l'exploitation et le despotisme du capital ? Les travailleurs, et d'une manière générale les salariés, non seulement sont le produit le plus authentique de la bourgeoisie, mais possèdent aussi les moyens de paralyser le pouvoir économique et partant politique de la minorité dominante. Les prolétaires d'aujourd'hui comme ceux d'hier n'ont aucun intérêt, aucun privilège dans la société bourgeoise. Ils y sont ravalés et traités en bêtes de somme. Il ont donc tout intérêt à renverser le régime bourgeois. Mais il ne suffit pas que les opprimés prennent conscience de leur situation d'exploités pour que la révolution se produise; il faut aussi et surtout que " "ceux d’en bas” ne veulent plus et que “ceux d’en haut” ne peuvent plus continuer de vivre à l’ancienne manière " (3).

Malheureusement "ceux d'en bas" sont affaiblis et se livrent de surcroît une concurrence fratricide sur le marché du travail qui brise leur unité et les empêche de construire des organisations et des directions capables d'affronter efficacement la minorité exploiteuse. Ajoutons à cela l'omniprésence de l'idéologie dominante qui, à travers les grands médias, les programmes scolaires et universitaires, les institutions religieuses, les industries culturelles etc., trompe, démoralise et prive la classe des travailleurs des instruments idéologiques nécessaires au renversement de l'ordre établi. Sans solidarité fraternelle des travailleurs et sans théorie révolutionnaire, "ceux d'en haut" continueront à vivre à " l'ancienne manière" et poursuivront leur œuvre de destruction.

 

Mohamed Belaali

 

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(1)https://www.marxists.org/francais/luxembur/junius/rljaf.html

(2) F. Engels "Principes du communisme", 1847.

(3) Lénine, "La maladie infantile du communisme (le "gauchisme") :
https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1920/04/g9.htm

 

 

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