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28 décembre 2017 4 28 /12 /décembre /2017 10:52

 

La Catalogne doit disposer de l'entière liberté d'organiser la consultation de la population par référendum sur la question de l'indépendance. Seule la population catalane doit décider librement et démocratiquement de son destin. Or le Gouvernement espagnol refuse catégoriquement cette possibilité et maintient par la force la Catalogne dans l'Espagne. C'est ainsi que la population a été brutalement empêchée par la police espagnole de s'exprimer lors du référendum du premier octobre 2017. Pour le très conservateur Rajoy, la Catalogne est une région rebelle qu'il faut soumettre par la force. Étrange démocratie qui a peur d'un référendum et lui oppose violence et brutalité. Étrange droit qui nie le droit des populations à disposer d'elles-mêmes. Pour Mariano Rajoy, qui ne parle que de la démocratie et du droit, la Catalogne doit rester espagnole malgré la volonté de sa population !

 

Cette violence, digne de la dictature franquiste, n'a cependant pas découragé une partie de la population (42,3 % selon le gouvernement catalan) à participer au référendum d'autodétermination. Le « oui » à l'indépendance l'a emporté avec 90% des voix selon la même source : «En ce jour d'espoir et de souffrances, les citoyens catalans ont gagné le droit d'avoir un État indépendant sous la forme d'une République (...) Mon gouvernement va, dans les jours qui viennent, transmettre les résultats du scrutin de ce jour au Parlement, garant de la souveraineté de notre peuple, afin qu'il puisse agir conformément à la loi référendaire» déclarait Carles Puigdemont président de la Catalogne (1). Effectivement, le vendredi 27 octobre, le parlement catalan vote la résolution de l'indépendance en l'absence d'une partie des députés (Parti socialiste, Parti Populaire et Ciudadanos). « Nous constituons la République catalane, comme État indépendant et souverain, de droit, démocratique et social » dit le préambule de cette résolution.

De son côté et presque au même moment, le Sénat, dominé par les conservateurs du Parti Populaire, autorise Mariano Rajoy à utiliser l'article 155 de la constitution espagnole suspendant du même coup le statut d'autonomie de la Catalogne : destitution de l' exécutif et dissolution du parlement. La télévision, les médias, la police et les administrations sont désormais sous la tutelle de Madrid. Neuf membres du gouvernement catalan ont été placés en détention provisoire (2). Dans la foulée, Rajoy annonce la tenue des élections régionales pour le 21 décembre 2017.

 

 

Le président Carles  Puigdemont et quatre autres ex-conseillers de la Generalitat (gouvernement catalan) ont quitté la Catalogne pour aller se réfugier à Bruxelles. Le gouvernement espagnol mené par Mariano Rajoy a lancé contre eux un mandat d'arrêt européen pour «rébellion, sédition, malversation, abus de fonction et désobéissance».

De son côté,  Pablo Casado chargé de la communication du Parti Populaire déclarait «L'histoire, il ne faut pas la répéter, nous espérons que demain on ne déclarera rien parce que celui qui déclarerait (un Etat indépendant) pourrait finir comme celui qui le déclara il y a 83 ans» (3).

Casado fait allusion ici à Lluis Companys, ce brillant avocat du Parti de la Gauche Républicaine de Catalogne (Esquerra Republicana de Catalunya, l'ERC) et figure marquante de l'indépendance de la Catalogne. Companys a eu l'audace de proclamer le 6 octobre 1934 « l’Etat Catalan de la République fédérale espagnole ». Le lendemain, l'armée espagnole prend le contrôle de la Generalitat et la justice espagnole condamne Companys à 30 ans de prison. En février 1936, le Front populaire arrive au pouvoir et libère Compays qui sera élu président de la Generalitat. En juillet 1936, la guerre civile éclate après un coup d’État militaire. En 1939, aidé par l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste, le général Franco gagne la guerre. La dictature franquiste s'impose dans toute l'Espagne et la Generalitat de Catalogne est abolie.Vaincus, beaucoup de républicains ont pris le chemin de l'exil vers la France dont Lluis Companys et son épouse Carme Ballester. La Gestapo l'arrête le 13 août 1940 et le livre à la police de Franco. Il sera fusillé le 15 octobre 1940 au château de Montjuïc, à Barcelone. Précisons que le leader actuel de l'ERC, Oriol Junqueras, est derrière les barreaux sur les ordres de Rajoy.

La bataille pour l'indépendance a permis de voir le visage hideux de l’État bourgeois espagnol incapable de donner la parole aux habitants de la Catalogne pour décider eux-mêmes de leur destin. La droite néo franquiste soutenue par le Parti socialiste ouvrier espagnol et Ciudadanos n'avait rien d'autre à proposer pour régler le problème catalan que la répression brutale en s'appuyant sur l'article 155 de la constitution de 1978 qui porte dans ses entrailles les traces de la dictature franquiste.

 

La Catalogne doit pouvoir disposer du droit à la libre séparation d'avec l’État espagnol c'est à dire le droit à l'indépendance politique en organisant librement et démocratiquement un référendum. Ignorer ce droit ne changera rien au fond du problème. Il ne s'agit pas de faire ici l'apologie du chauvinisme, du nationalisme, du séparatisme, du morcellement et de la formation des petits États ici ou là. Le socialisme est étranger à cette vision bourgeoise et réactionnaire du monde : «Le socialisme, disait Lénine, a pour but, non seulement de mettre fin au morcellement de l'humanité en petits États et à tout particularisme des nations, non seulement de rapprocher les nations, mais aussi de réaliser leur fusion » (4).

 

La lutte pour l'indépendance politique est éminemment un combat de classes. Le droit à l'autodétermination doit être analysé à travers le prisme des intérêts spécifiques des salariés. La séparation doit tendre vers la réalisation des intérêts de la classe des exploités indépendamment de leur nationalité et de leur culture. Le droit à l'autodétermination n'a de sens que s'il est utilisé comme tremplin à l'union, mais une union volontaire, de tous les travailleurs non seulement de Catalogne, mais de toute l'Espagne.

 

Malheureusement, la bataille pour le droit à la séparation politique est menée par des dirigeants bourgeois. Les travailleurs catalans n'ont absolument rien à attendre de cette séparation conduite par des hommes politiques opportunistes et corrompus comme Jordi Pujol ou Artur Mas et aujourd'hui par Carles Puigdemont leur dauphin (5).

La droite catalane ne s'est convertie à l'indépendance, venue essentiellement de la rue, que pour mieux cacher les multiples scandales de corruption de ses dirigeants (6) et détourner les travailleurs et les couches populaires des vrais problèmes qui les rongent au quotidien comme le chômage et la précarité.

Adeptes des politiques d'austérité, les dirigeants catalans font appel à l'Union européenne pour trouver une solution avec Madrid : «L’Europe, s’il vous plaît, sauvez nous» clamait désespérément Marta Madrenas, maire indépendantiste de Gérone. «Les citoyens se demandent pourquoi l'Europe reste sans réaction devant tous ces abus de démocratie» s'interrogeait naïvement Puigdemont devant les maires catalans réunis à Bruxelles (7). Puigdemont et ceux qui l'entourent savent pourtant que l’Union européenne et toutes les institutions qui gravitent autour d’elle sont un exemple éloquent de déni de démocratie. S'il y a une institution réellement non démocratique c'est bien l'Union européenne.Toute l’histoire de l’Union n’est que mépris et trahison des volontés des peuples : «Les Irlandais devront revoter» déclarait avec force Nicolas Sarkozy le 15 juillet 2008 après le rejet par le peuple irlandais du Traité de Lisbonne qui reprenait l’essentiel d’un autre traité rejeté lui aussi par les français et les néerlandais en 2005 (8).

L'Union européenne est réfractaire à tout processus permettant aux peuples de s'exprimer librement.

Il est donc illusoire voire absurde d 'espérer un quelconque soutien de l'Union européenne à la cause catalane. L'Europe a toujours apporté son soutien aux gouvernements de Madrid dont les dirigeants appliquent avec un zèle singulier ses politiques d'austérité.

Toujours à Bruxelles où il s'est réfugié, Puigdemont tenait également à remercier ses amis de la N-VA, le parti nationaliste et xénophobe flamand pour son soutien à la cause catalane (9). La population catalane, par contre, est descendue massivement dans la rue pour apporter son soutien aux réfugiés ( 10) que le ministre de l'intérieur belge Jan Jambon de la N-VA voulait badger pour mieux les contrôler (11).

 

Mais le véritable danger c'est Rajoy qui tente d'instrumentaliser la question catalane pour consolider son propre parti, empêtré lui aussi dans des affaires de corruption, en jouant sur la fibre nationaliste tout en se cachant derrière l'ordre constitutionnel (12). Rajoy doit se montrer ferme et intransigeant envers les catalans non seulement pour concurrencer Ciudadanos l'autre formation de droite qui a plus de poids en Catalogne que le Parti Populaire, mais surtout pour affirmer son leadership sur les courants les plus conservateurs de son propre parti qui n'ont jamais vraiment rompu avec l'idéologie nationaliste réactionnaire chère à Franco. Pour cette partie de la droite espagnole, l'unité nationale ne doit souffrir d' aucune nuance ni d'aucune exception. Tout séparatisme constitue une atteinte grave à l'intégrité de la patrie, «España una, grande y libre» (13).

Mariano Rajoy sait également qu'il peut s'appuyer pour atteindre ses objectifs sur la monarchie espagnole, elle aussi corrompue jusqu'à la moelle épinière, très en phase avec ce discours nationaliste d'autant plus que les catalans réclament une République de surcroît sociale (14). Dans son discours du 3 octobre 2017, Felipe VI apporte son ferme soutien au gouvernement de Rajoy et accuse les séparatistes de menacer la stabilité et l'unité de l'Espagne (15). Il n'est pas étonnant dans ces conditions, même si le phénomène reste encore timide, de voir fleurir dans toute l'Espagne y compris dans les quartiers populaires les drapeaux espagnols suspendus aux balcons et aux fenêtres des immeubles (16).

 

Le 21 décembre 2017 ont eu lieu les élections pour élire les 135 députés de Catalogne décidées d'une manière autoritaire par Rajoy et son gouvernement à la suite de la déclaration de l'indépendance de la République par le parlement catalan le 27 octobre 2017. Ces élections se sont déroulées alors que la plupart des dirigeants indépendantistes étaient exilés pour fuir la répression ou derrière les barreaux, cela en dit long sur la démocratie espagnole membre pourtant de l'Union européenne. Malgré ce contexte de tension et de répression, le taux de participation atteint quasiment les 82 % (81,93). Cette fois encore les indépendantistes ont réussi à obtenir la majorité absolue : 70 sièges sur les 135 que compte le parlement catalan. Cette victoire des indépendantistes constitue une défaite historique pour le premier ministre espagnol Mariano Rajoy qui passe de onze sièges à seulement trois. Il va sans dire que ces élections ne régleront en rien la question catalane tant que ce combat pour la libre séparation politique est mené par la bourgeoisie catalane.

 

 

La classe laborieuse doit profiter de cette brèche ouverte par la division entre les deux bourgeoisies pour mener sa lutte émancipatrice jusqu' à son terme. La classe ouvrière catalane, les jeunes, les migrants, les pauvres, bref tous les opprimés doivent se saisir de ce conflit qui oppose aujourd'hui la Catalogne à l'Espagne pour élargir et amplifier les manifestations de masse contre les classes dirigeantes catalanes et espagnoles. Ils ne doivent pas se contenter seulement des élections, des gesticulations et discours parlementaires, mais profiter de cette crise politique pour descendre massivement dans la rue, organiser des grèves et mener des actions d'envergure contre les bourgeoisies catalanes et espagnoles leurs ennemis communs. Les travailleurs catalans doivent mener leur combat pour la séparation politique indépendamment de leur bourgeoisie. La séparation doit être aussi avec cette classe qui les trompe avec ses discours sur «la patrie» ou «l'union sacrée» et qui n'hésitera pas à vouloir les entraîner dans une aventure nationaliste. La classe ouvrière catalane doit par contre déployer toute son énergie et toutes ses forces pour réaliser l'union de tous les travailleurs ibériques pour organiser ensemble, main dans la main, la riposte contre l’État espagnol qui les opprime.

 

Mohamed Belaali

 

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(1)http://www.rfi.fr/afrique/20171002-espagne-referendum-independance-catalogne-victoire-oui

(2)https://www.infolibre.es/noticias/politica/2017/11/02/la_jueza_envia_prision_por_rebelion_junqueras_otros_siete_exconsejeros_71433_1012.html.

(3)http://www.eldiario.es/politica/Declaraciones-Pablo-Casado_0_695381110.html

(4)https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/01/19160100.htm

(5)http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/07/29/la-descente-aux-enfers-de-jordi-pujol-ancien-president-de-la-catalogne_4464296_3214.html

(6)https://www.monde-diplomatique.fr/2017/11/BAUER/58050

(7) http://www.sudinfo.be/1982325/article/2017-11-07/carles-puigdemont-remercie-ses-amis-du-parti-flamand-n-va-dans-un-discours-a-bru .

(8)http://www.belaali.com/2016/06/brexit-quittons-cette-europe-dont-les-tares-ont-atteint-des-dimensions-effrayantes.html

(9)http://www.sudinfo.be/1982325/article/2017-11-07/carles-puigdemont-remercie-ses-amis-du-parti-flamand-n-va-dans-un-discours-a-bru

 

http://www.slate.fr/story/153257/theo-francken-belge-sulfureux-asile-puigdemont

 

(10)https://humanite.fr/espagne-manifestation-monstre-barcelone-pour-laccueil-des-refugies-632352

(11)https://www.humanite.fr/un-ministre-veut-un-badge-pour-refugies-588203

(12)https://www.lesechos.fr/28/04/2017/LesEchos/22435-056-ECH_le-parti-populaire-espagnol-dans-la-tourmente.htm

(13) http://books.openedition.org/pulm/773?lang=fr#ftn7

(14)http://www.lemonde.fr/m-actu/article/2016/01/20/cristina-de-borbon-symbole-d-une-monarchie-espagnole-a-bout-de-souffle_4850544_4497186.html

(15)https://www.francetvinfo.fr/monde/espagne/referendum-en-catalogne/video-referendum-en-catalogne-pour-le-roi-felipe-vi-le-gouvernement-regional-fait-preuve-d-une-deloyaute-inadmissible_2402290.html

(16)https://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/la-crise-catalane-a-t-elle-reveille-le-nationalisme-espagnol_1954373.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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14 juillet 2017 5 14 /07 /juillet /2017 16:51

Triste anniversaire ! Il y a un an, le 19 juillet 2016, un jeune homme de 24 printemps est mort entre les mains de la police, bras armé de l’État. Il s'agit d'Adama Traoré. Comme d'habitude, la police, la justice et les médias dominants ont nié cet assassinat. Ainsi le parquet annonçait qu'Adama n'avait pas subi de violence et qu'il souffrait «d'une infection très grave touchant plusieurs organes»(1). Aujourd'hui, une contre-expertise vient de contredire les assertions du procureur Yves Jannier (2). Adama Traoré est mort le jour de son anniversaire par asphyxie. Il ne s'agit pas d'une bavure policière, mais d'une brutalité qui met fin à la vie.

 

Le cas d'Adama n'est qu'un exemple parmi des centaines d'autres. La liste des victimes de la violence étatique est trop longue. Ceux et celles qui ont un peu de «courage» et de curiosité peuvent plonger dans cet univers macabre en consultant ce document (3). Et il ne s'agit là que des victimes connues et répertoriées. D'autres morts viendront, hélas, s'ajouter à cette interminable liste. Selon le rapport de l'Association des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT), «Ces cinq dernières années, on compte en moyenne un décès par mois (14 décès en 2014, 10 en 2013, 19 en 2012, et 9 en 2011 et 2010)» (4). Il s'agit d'un véritable système qui reproduit ces crimes et favorise l'impunité des fonctionnaires de police. En France, il est très difficile pour les familles des victimes d'obtenir la condamnation d'un policier. La police, la justice et les grands médias déforment les faits, cachent les preuves et renvoient la responsabilité sur la victime. Le cas, entre autres, de Rémi Fraisse est éloquent à cet égard. Ni mise en examen, ni condamnation, mais un non-lieu requis par le procureur pour clore le dossier (5). Les policiers poursuivis par la justice dans le cas de la mort de Zyed et Bouna ont été relaxés. L'affaire de la mort de M. Marega, celle d'Ali Ziri et de B.Tandia se sont terminées là encore par un non-lieu (6). On peut ainsi multiplier les exemples de ces crimes restés sans châtiment.

Les rares poursuites judiciaires aboutissent souvent à des sanctions dérisoires par rapport à la gravité des faits. Les fonctionnaires de police reconnus coupables sont condamnés avec beaucoup de clémence. C'est le cas par exemple du policier qui a tué Amine Bentounsi en lui tirant une balle dans le dos. Le meurtrier reconnu coupable, mais condamné à cinq ans de prison... avec sursis. Il a fallu cinq ans de combat pour arracher cette condamnation très symbolique : «Cinq ans. Ça nous a pris cinq ans pour en arriver à cette condamnation, somme toute symbolique. Cinq ans de larmes, parce que la mort d’un fils, d’un petit frère, dans ces circonstances, c’est quelque chose qui ne s’efface pas» disait la sœur d'Amine (7).

Les deux policiers qui ont matraqué à mort Malik Oussekine en décembre 1986 ont été condamnés, là encore à de la prison avec sursis. La vie de ces jeunes ne mérite même pas un jour de prison dans le pays des droits de l'homme.

La population ne réalise pas l'ampleur des crimes perpétrés par l’État à travers sa police. Car les jeunes des quartiers populaires sont pour ainsi dire invisibles dans le champs politique et médiatique (sauf pour les stigmatiser) alors que le discours du gouvernement, de la justice et des syndicats comme Alliance est omniprésent.

 

La violence policière est d'abord une violence d’État. Elle est banalisée et même légitimée par le discours médiatique et institutionnalisée à travers la police. La mission essentielle de la police n'est pas la sécurité publique mais le maintien de l'ordre politique, garanti par l’État, instrument d'oppression de la classe dominante. La répression exercée sur les jeunes des cités et sur le mouvement social dans sa globalité montre bien que le rôle confié par la bourgeoisie à la police est de briser toute contestation, toute résistance à l'ordre établi aussi minime soit-elle. C'est dans ce cadre qu'il faut comprendre toute cette surenchère sécuritaire, cette militarisation de la police et ce renforcement extraordinaire de ses pouvoirs (8).

 

L’État français est incapable d'adopter la moindre mesure contre les fonctionnaires de police. La mise en place par exemple d'un simple récépissé de contrôle a été vite enterrée par François Hollande et Manuel Valls. Les jeunes sont mis dans une position telle que la moindre contestation se transforme en outrage ou en rébellion qui sont lourdement condamnés par la justice. «(...) les outrages et rébellions sont un moyen pour les policiers d’anticiper une plainte pour violence policière. Si la victime dépose plainte, ce sera la parole du policier contre celle du plaignant – dans la plupart des cas, un jeune. Or, les magistrats ont très largement tendance à considérer que ce sont les policiers qui disent la vérité» (9).

 

Quand on ne les assassine pas, les jeunes des banlieues affrontent au quotidien les contrôles aux faciès, les insultes racistes, les fouilles aux corps, les palpations, les crachats, le tutoiement et toutes sortes de provocations et d'humiliations : «Pour te montrer qu’ils te dominent, ils te donnent des petits coups dans les parties intimes avec leur talkie-walkie» confie un jeune des cités populaires (10). Le viol avec matraque de Théo s'il reste un exemple rare, n'est cependant pas exceptionnel (11). Les policiers sont formés et élevés par l’État dans la haine et le mépris de cette partie de la population paupérisée et marginalisée par une bourgeoisie qui n'a plus besoin de leur force de travail. Les enfants et les petits enfants des travailleurs immigrés affrontent également un système judiciaire qui les condamne promptement et injustement à de lourdes peines de prison. L’État a tendance à faire des jeunes des cités les ennemis de la société qu'il faut combattre. La brutalité policière n'est qu'un aspect parmi tant d'autres de cette volonté de la bourgeoisie d'exclure une partie de la population devenue, pour elle, inutile. Cette exclusion spatiale (quartiers périphériques) et sociale (chômage, précarité...) s'accompagne souvent par des explications culturalistes et essentialistes fournies par les intellectuels de la classe dominante (12).

 

Police, justice, médias et hommes politiques sont unis, sans jamais le reconnaître évidemment, dans leur croisade contre les jeunes des cités populaires. Ce sont eux qui attisent la haine entre citoyens pour mieux les diviser en jouant sur les préjugés nationaux, raciaux et religieux. Ce sont eux qui fabriquent des coupables et présentent les jeunes des cités comme responsables des malheurs de la France pour mieux masquer la faillite économique, sociale et morale de la bourgeoisie toute puissante qu’ils servent. Les jeunes des quartiers défavorisés subissent plus que toute autre catégorie sociale les ravages du chômage, de la précarité et les souffrances de l'humiliation. Cette insécurité et cette violence permanentes exercées sur cette fraction vulnérable et fragile de la société par une bourgeoisie arrogante et brutale, montrent à l'évidence que leur colère, leur révolte et leur combat sont légitimes. La bonne société bourgeoise qui s’indigne à intervalles réguliers de la violence des jeunes des quartiers ouvriers s’accommode très bien de la brutalité, autrement plus profonde, des vautours de la finance internationale. Leurs morts, nombreux et anonymes, ne sont ni reconnus et encore moins décorés par cette hypocrite république bourgeoise.

 

Les jeunes des cités populaires doivent se battre main dans la main avec tous les opprimés, et ils sont très nombreux dans la France d'aujourd'hui, contre cet État bourgeois source de leur oppression et de leur division.

 

 

Mohamed Belaali

 

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(1)http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/07/04/le-deces...

(2)https://www.mediapart.fr/journal/france/060717/une-contre-expertise

(3)https://www.bastamag.net/Homicides-accidents-malaises-legitime-defense-50-ans-de-morts-par-la-police

Voir également :

http://atouteslesvictimes.samizdat.net/?page_id=692

(4)https://www.acatfrance.fr/public/rapport_violences_policieres_acat.pdf

(5)https://www.mediapart.fr/journal/france/230617/le-parquet-requiert-un-non-lieu-l-affaire-remi-fraisse-etouffee?

(6)http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/03/28/violences-policieres-la-justice-prononce-trois-non-lieux-successifs_3149679_3224.html

(7)https://a-louest.info/Condamnation-du-policier-qui-a-tue-Amine-Bentounsi-d-une-balle-dans-le-dos-086

(8)https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000034104023&categorieLien=id

(9)http://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/rue89-le-grand-entretien/20111203.RUE6106/pourquoi-la-bac-a-des-manieres-rudes-et-humiliantes.html

(10)http://www.lemonde.fr/violences-policieres/article/2017/02/16/a-aulnay-sous-bois-les-controles-violents-c-est-notre-quotidien_5080694_5078781.html

(11)https://www.bastamag.net/Les-violences-et-sevices-sexuels-perpetres-par-des-policiers-en-France-une

(12)Voir entre autres :

http://lmsi.net/Misere-du-culturalisme#nh1

 

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28 juin 2017 3 28 /06 /juin /2017 15:22

Liberté, dignité, justice sociale

 

«Liberté, dignité, justice sociale», ce slogan scandé d'une manière rythmée depuis huit mois consécutifs résume à lui seul l'essentiel des revendications des révoltés du Rif. C'était le même cri répété à l'unisson et sans relâche dans tout le Maroc en 2011 par «les marcheurs de la dignité». Depuis rien n'a changé. D'un côté le Makhzen, son pouvoir absolu, son archaïsme, ses partis politiques, sa corruption, son appareil répressif, ses médias etc., de l'autre, le peuple ravagé par la misère, l'humiliation et par des décennies d'esclavage social. Leur antagonisme est total. C'est une lutte permanente entre le passé et l'avenir. Les opprimés rêvent et se battent pour un Maroc débarrassé de l'ignorance, de l'injustice, de la torture et d'une juste répartition des richesses. Les oppresseurs veulent, vaille que vaille, garder le pouvoir et perpétuer leurs privilèges. Le Hirak (Mouvement) du Rif concentre et reflète comme un miroir le combat de tous les opprimés du Maroc pour une autre société.

 

Le régime pensait que l'étincelle allumée au Maroc par le Mouvement du 20 février, né des soulèvements populaires dans le monde arabe, était définitivement éteinte. Mais la mort tragique de Mohcine Fikri, ce jeune vendeur de poisson broyé par une benne à ordure le 28 octobre 2016, a rallumé à nouveau la flamme de la contestation. L'étincelle du Rif risque maintenant d'embraser tout le Maroc; c'est la hantise du Makhzen. Le pouvoir mobilise alors la religion, ses médias, ses intellectuels, ses artistes et surtout son appareil répressif pour étouffer le Hirak populaire comme à chaque fois que le peuple exprime pacifiquement des revendications économiques et sociales légitimes. Toute la région du Rif est quadrillée par les forces de l'ordre. La police du régime procède en ce moment à l'arrestation non seulement des leaders du Mouvement, mais aussi des hommes et des femmes anonymes du simple fait qu'ils ont participé aux manifestations pacifiques. Ils sont accusés de lourdes charges par les tribunaux du Makhzen comme par exemple «atteinte à la sécurité intérieure». Les avocats et les familles dénoncent les mauvais traitements, les humiliations et la torture exercés sur les détenus (1). Le jour de l'Aïd, fête qui marque la fin du Ramadan, les habitants du Rif comptaient manifester massivement à Al-Hoceima en solidarité avec les détenus politiques du Hirak. Mais le Makhzen avait pris ses précautions en coupant toutes les voies qui mènent à cette ville (2). La population n'avait alors d'autres choix que de converger à pied vers Al-Hoceima ! Ce jour de fête baptisé «journée du deuil» est marqué par de nouvelles arrestations et de nombreux blessés y compris des enfants (3).

 

Mais malgré cette brutale répression, le Mouvement populaire se poursuit. Le conflit du Rif s'inscrit désormais dans la durée. La population est obligée de s'adapter et d'inventer des moyens d'actions pacifiques lui permettant de résister et de faire face à la violence du régime. Car la fracture entre le Makhzen et les masses du Rif est profonde. La situation matérielle de la population est dramatique.

La région du Rif était totalement marginalisée hier par le colonisateur espagnol et abandonnée aujourd'hui par le nouveau pouvoir. Les infrastructures économiques et sociales sont quasi absentes de cette région coincée entre la Méditerranée et des montagnes sauvages. Les investissements publics de santé, de l’éducation, de transport et de logement sont dérisoires. Le visiteur étranger sera frappé par l'état de pauvreté dans lequel vivent aujourd'hui les habitants du Rif avec toutes les conséquences qui en découlent : exode rural, émigration légale et illégale, contrebande avec les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, trafic de cannabis etc. Le Maroc selon les Nations Unies est le premier producteur et le premier exportateur de haschich dans le monde (4). Le cannabis nécessaire à la production de haschich est cultivé justement dans le Rif. L'état de sous développement dans lequel se trouve cette région n'est pas étranger évidemment au développement de la culture de cannabis. L'absence de toute réforme agraire n' a fait que favoriser un peu plus l'extension de cette culture. La production du cannabis et du haschich est tolérée voire encouragée par le Makhzen qui lui permet non seulement de compenser son absence de volonté de développer cette région rebelle, mais aussi de modérer le sentiment d'exclusion des Rifains et d'éviter ainsi leurs révoltes récurrentes. Mais cette économie parallèle ne profite nullement aux petits paysans du Rif qui ne possèdent que de petites parcelles et des moyens plus que rudimentaires. Le fellah Rifain, même s' il reste dépendant de cette culture faute d'autres alternatives, vit dans une situation de grande pauvreté. Les bénéfices énormes tirés du haschich profitent surtout aux réseaux mafieux et aux lobbies marocains et européens.

 

Mais on ne peut comprendre ce qui se passe aujourd'hui dans cette région du Maroc sans faire appel au passé. Le Rif a toujours entretenu des relations tumultueuses et conflictuelles avec tous les pouvoirs qui ont dominé ou qui dominent encore le Maroc. Les souffrances des Rifains aujourd'hui sont intimement liées à leur glorieuse et sanglante histoire. Ce n'est pas un hasard si le seul portrait brandi systématiquement par les manifestants est celui d'Abdelkrim, cet homme qui a pu tenir tête dans une véritable guerre de libération à l’Espagne et à la France dans les années vingt. Comme disait Marx «la tradition de toutes les générations mortes pèse comme un cauchemar sur le cerveau des vivants. (…) La résurrection des morts servit par conséquent à magnifier les nouvelles luttes, non à parodier les anciennes …» (5). Mais cette farouche volonté de se libérer du joug colonial français et espagnol, le Rif le paiera très cher. La guerre du Rif (1921/1926) a fait des milliers de morts parmi les civils, fait disparaître définitivement des villages entiers et permis à L'Espagne et à la France d'utiliser des armes chimiques interdites par les conventions internationales comme le gaz moutarde (l’ypérite) qui ont des effets cancérigènes et mutagènes dont «les héritiers des victimes d’hier continuent de souffrir encore aujourd’hui.Cela a été démontré et prouvé par de nombreux experts internationaux généticiens» (6). Les envahisseurs étrangers l’ont emporté sur la résistance. La force brutale des armes a écrasé les idées de libération, de modernité et de prospérité que portaient Abdelkrim et ses compagnons. Mais le combat d'Abdelkrim est toujours actuel, «Le sang de Moulay Mohand (Abdelkrim) coule encore dans nos veines» disait un jeune manifestant (7) à Emzouren.

A l'aube de l'indépendance du Maroc, le Rif s'est à nouveau soulevé contre la politique de marginalisation économique et politique du nouveau pouvoir. L'affrontement entre la nouvelle armée marocaine et les révoltés du Rif s'est soldé par la mort de 8000 Rifains (8).

En janvier1984 des révoltes populaires spontanées contre l’augmentation des prix des produits de base (farine, pain, sucre, huile gaz etc.) éclatent dans tout le Maroc. La ville de Nador dans le Rif a payé un lourd tribut à ces plans d'ajustement structurel. Le nombre de morts et de blessés reste aujourd'hui encore difficile à établir (9). Précisons que les politiques économiques, appliquées avec zèle par le pouvoir, sont souvent décidées par les instances internationales comme la Banque mondiale et le FMI à Washington loin des besoins et des préoccupations du peuple marocain. Ces politiques s’inscrivent dans une stratégie libérale globale : privatisation, vérité des prix, protection du capital privé local et étranger et extraversion poussée de l’économie marocaine basée sur des produits à faible valeur ajoutée. Rappelons que dans les années soixante, la Banque mondiale a refusé de financer le projet d'un complexe sidérurgique à Nador qui aurait pu contribuer à doter le Maroc d'une industrie lourde de base. La Banque s'est contentée de réaliser des projets de l'industrie légère de transformation liée à l'exportation.

A chaque fois que la population du Rif conteste la politique du pouvoir, le Makhzen répond par la violence et la marginalisation de la région, préparant ainsi les conditions d'un nouveau cycle de contestation et de répression.

 

La force et la grandeur du Mouvement du Rif, c'est qu'il est réellement populaire. Une immense majorité de la population, hommes et femmes unis et déterminés, manifeste quasiment sans interruption depuis la mort tragique de Mohcine Fikri en octobre 2016.

La participation des femmes à ce Mouvement (Hirak), malgré les pesanteurs sociales et religieuses qui caractérisent cette région conservatrice, reste remarquable. Car les conditions économiques et sociales de la femme dans le Rif en particulier et de la femme marocaine en général est sans commune mesure avec celles des hommes. Non seulement elles sont plus touchées que les hommes par l'analphabétisme et le chômage, mais en plus elles subissent toute sorte de domination masculine (10). Dans la région sous développée du Rif, où les opportunités de trouver un emploi sont rares, beaucoup de femmes pratiquent la contrebande pour survivre et se transforment en «femmes-mulets» transportant sur leur dos de lourds fardeaux de marchandises. Ce sont de véritables esclaves modernes (11). Les paysannes du Rif à l'instar de la majorité des femmes rurales au Maroc doivent s'occuper de tout ou presque. Car «dans le monde rural il n'y a pas de frontière entre le travail au champs, élevage, taches domestiques, recherche de l'eau et combustible, artisanat, cuisson, transformation, entretien de la construction, décoration etc. Les femmes rurales font tout et sont rarement oisives. Elles se lèvent à l'aube et se couchent les dernières» (12).

Les femmes qui manifestent à côté des hommes sont aussi des mères, des épouses et des sœurs des militants arrêtés récemment par la police du régime et dont elles réclament la libération : «C’est vrai que nous sommes dans une société conservatrice, mais l’arrestation de nos frères, nos maris, nos neveux, ne nous a plus laissé le choix. Nous devions aussi sortir pour réclamer leur libération» disait Nawale Benaissa (13).

Mais les femmes Rifaines ne se contentent pas seulement de participer au Mouvement de contestation, elles font partie intégrante de ses dirigeants ou tout du moins ont une influence certaine sur lui, comme la mère du leader du Hirak populaire Nasser Zefzafi, l'artiste Silya Ziani (qui vient d'être arrêtée), ainsi que Nawale Benaissa (14) pour ne citer que les plus connues. Le Mouvement qui porte haut et fort les revendications économiques et sociales pour toute la population du Rif leur redonne leur dignité et l'espoir de voir leur situation dramatique s'améliorer.

 

La faiblesse du Mouvement, c'est sa spontanéité comme d'ailleurs le Mouvement du 20 février. La plupart de ses dirigeants ne font partie d'aucune organisation politique. «Le Hirak est un mouvement spontané, indépendant de toute mainmise politique. Il n’a d’autres ambitions que de porter les revendications légitimes de la population du Rif» déclarait Nasser Zefzafi à Jeune Afrique (15). Aucun parti politique, aucune organisation ne sont derrière ce mouvement. La tragique mort de Mohcine Fikri a choqué toute la société marocaine, mais plus encore les populations du Rif. C'était le début du Mouvement qui se poursuit encore aujourd'hui. C'est une réaction spontanée et émotionnelle fruit de longues années d’humiliations, de souffrances accumulées et refoulées. Pour le moment, le Hirak met en avant essentiellement des revendications économiques, sociales et dans une moindre mesure politiques. Il revendique des infrastructures dans le domaine de l’Éducation, de la Santé, du Transport etc. dont le Rif manque cruellement. Il exige également la démilitarisation de la région et la libération de tous les détenus politiques. Si ces revendications sont justes et légitimes et qu' il faut se battre pour les réaliser, la population du Rif ne doit pas oublier qu'elle lutte contre les effets et non contre les causes de ces effets. Elle doit lutter avec tous les opprimés et les autres couches de la population non seulement du Rif mais de tout le Maroc contre le Makhzen source de ses malheurs. A ce stade de l'évolution du rapport de force, l'unité de tous ceux qui aspirent à un Maroc moderne et démocratique est vitale. Car le Mouvement du Rif, quelles que soient sa force et sa détermination, ne peut à lui seul l'emporter sur le Makhzen.

Mais plus la lutte s'aiguise, plus la population prend conscience que le Makhzen est incapable de répondre à ses revendications. Elle comprendra alors que la lutte contre le pouvoir est un combat éminemment politique.

 

Quelle que soit l'issue du conflit, la population du Rif qui manifeste quasi-quotidiennement depuis le 28 octobre 2016 a déjà gagné non seulement sur le plan moral en se battant courageusement contre la situation injuste qui lui est faite, mais surtout elle a pris conscience que ses intérêts et ceux du Makhzen sont en totale contradiction. Le Hirak populaire du Rif, quelles que soient ses faiblesses, restera un événement majeur dans l'histoire des luttes du peuple marocain.

 

 

Mohamed Belaali

 

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(1)http://www.lesiteinfo.com/maroc/affaire-zefzafi-un-avocat-denonce

(2)https://ledesk.ma/2017/06/26/al-hoceima-et-sa-region-en-etat-de-siege/

(3)http://www.rifonline.net/Tension-dans-le-Rif-Le-bilan-des-affrontements-de-l-Aid-Pres-de-40-enfants-hospitalises-a-Al-Hoceima_a1756.html

(4)http://www.unodc.org/pdf/publications/morocco_cannabis_survey_2003_fr.pdf

Voir également https://espacepolitique.revues.org/59

(5)K Marx, «Le dix huit brumaire de Louis Bonaparte. Editions sociales, pages 69 et 71.

(6)http://amazigh24.ma/mimoun-charqi-les-armes-chimiques-utilisees-sur-le-rif-ont-des-effets-cancerigenes-et-mutagenes/

(7)http://www.jeuneafrique.com/446764/societe/maroc-imzouren-lautre-revoltee-rif/

(8)http://books.openedition.org/cjb/1092?lang=fr

(9)http://www.rifonline.net/Le-Rif-32-ans-apres-le-soulevement-populaire-de-1984_a275.html

(10)http://www.recherches-internationales.fr/RI77/RI77-hayat-zerari.pdf

(11)https://www.medias24.com/MAROC/IDEES/Tribunes/170399-L-exploitation-inhumaine-des-femmes-mulets-amazighes-marocaines.html

Voir aussi :https://www.bladi.net/melilla-porteurs-contrebande,43372.html

(12)http://www.beep.ird.fr/collect/bre/index/assoc/HASH017c/f03be2b3.dir/21-375-383.pdf

(13)http://www.liberation.fr/planete/2017/06/07/maroc-les-revoltes-du-rif-sont-des-gens-normaux-qui-veulent-vivre-bien_1574871

(14)http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/06/02/nawal-ben-aissa-figure-montante-de-la-contestation-dans-le-rif-marocain_5137774_3212.html

(15)Jeune Afrique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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12 juin 2017 1 12 /06 /juin /2017 14:33

 

 

Ce texte a été écrit en 2010. Bien qu'il fasse appel à l'histoire, il reste d'une actualité brûlante. En 2011 dans le cadre des soulèvements populaires qui ont secoué le Maroc et tout le monde arabe et surtout depuis la mort tragique de Mohcine Fikri en octobre 2016, les portraits d'Abdelkrim étaient omniprésents dans toutes les manifestations. «Le sang d'Abdelkrim coule dans nos veines» disait un manifestant à Emzouren (1). A vrai dire le Rif, cette région du Maroc coincée entre la Méditerranée et les montagnes sauvages, s'est toujours rebellé contre les injustices et l'arbitraire des pouvoirs en place. Il faut invoquer le passé pour mieux comprendre aujourd'hui la souffrance et les revendications de la population du Rif. Comme disait Marx, «la tradition de toutes les générations mortes pèse comme un cauchemar sur le cerveau des vivants. (…) La résurrection des morts servit par conséquent à magnifier les nouvelles luttes, non à parodier les anciennes ...» (2). Mais Abdelkrim reste largement méconnu ici en Europe. C'est «le grand oublié de l'histoire».

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(1) http://bit.ly/2rmsO7n

(2) K. Marx «Le dix-huit brumaire de Louis Bonaparte». Editions Sociales pages 70, 71.

 

 

 

Abdelkrim, le grand oublié de l'histoire

 

 

Abdelkrim, cet homme qui a tant aimé les montagnes et les vallées du Rif et de tout le Maroc, lui qui s'est dressé courageusement contre le joug colonial, n'a toujours pas sa tombe dans son propre pays près d'un demi siècle après sa mort.

Aujourd'hui encore et malgré une farouche volonté du pouvoir politique pour occulter le passé, son souvenir reste gravé dans la mémoire populaire et enfoui dans le cœur du peuple marocain.

Cet homme, dont la simplicité et la modestie impressionnaient toutes celles et ceux qui l'ont connu, a pu tenir tête, dans une véritable guerre de libération, à l'Espagne et à la France. Ce précurseur et grand oublié de l'histoire, qui est-il ?

 

Abdelkrim avec quelques milliers de combattants divisés en groupes très mobiles et une maîtrise parfaite du terrain, a infligé une humiliante défaite au général espagnol Silvestre pourtant à la tête d'une armée autrement plus puissante. C'était en juillet 1921 à Anoual dans le Rif marocain. La résistance l'a emporté sur l'envahisseur. De ce point de vue, on peut dire qu'Abdelkrim était le précurseur de la guérilla moderne. Plus tard, Hô Chi Minh puis Mao le citeront en exemple.

 

Abdelkrim devient avec cette victoire le symbole de la lutte anticoloniale et donne en même temps l'espoir aux peuples qui luttent pour leur libération.

La défaite espagnole a permis au général Miguel Primo de Rivera de s'emparer du pouvoir par un coup d'État. C'était le 13 septembre 1923. Il faut préciser également que c'est durant la guerre du Rif que s'est illustré par sa cruauté un certain Francisco Franco ce qui lui a valu d'être promu général !

 

Mais Abdelkrim veut libérer tout le Maroc. Il concentre ses troupes sur la ville de Fès occupée par la France comme l'essentiel du territoire marocain. Le maréchal Lyautey, jugé hésitant face aux avancées du guérillero du Rif par le gouvernement de Paul Painlevé, est remplacé par un autre maréchal, Philippe Pétain. C'était en juillet 1925.

Abdelkrim était là encore l'un des premiers à avoir combattu le fascisme européen que représentaient Miguel Primo de Rivera, Francisco Franco et Philippe Pétain sur le sol de ce Rif où il aurait tant aimé se reposer définitivement.

 

A cette époque Abdelkrim était seul à combattre ces hommes qui seront responsables plus tard de la guerre civile(Espagne) et de la collaboration avec les nazis( France) dans leur propre pays.

 

La république du Rif était une autre création de cet homme tant méprisé par les colonialistes, impérialistes et autres fascistes. Après la victoire d'Anoual, Abdelkrim proclama la république dans un pays où les rois se succédaient les uns après les autres et ce depuis des siècles. Abdelkrim fut le premier président du Maroc moderne !

 

Le triomphe d'Abdelkrim fut aussi éphémère que sa république. Malgré un vaste mouvement de solidarité de la classe ouvrière européenne notamment française, Abdelkrim était seul avec ses combattants; seul avec ses idées qui n'étaient pas vraiment dans l'air du temps : se battre contre le colonialisme, l'impérialisme, la domination, l'exploitation etc. etc. Il rêvait d'un Maroc, d'une Algérie, d'une Tunisie et de tout le Monde arabe totalement libérés et modernisés. Il faisait exploser dans cette région du monde des projets et des idées, pour l'époque, révolutionnaires.

Contre ce rêve, ces projets et ces idées, il avait face à lui deux États dont la France, une véritable puissance coloniale, trois généraux fascistes et non des moindres, le Makhzen et même les nationalistes bourgeois marocains.

Ses compagnons, des hommes rudes et austères habitués à la vie dure de cette région du Maroc coincée entre la méditerranée et des montagnes sauvages, étaient traités par Paul Painlevé de barbares et de bien d'autres adjectifs encore "..Ces barbares! Ces populations obscures...qui diffèrent de nous, par la couleur de la peau et qui, ayant "tout à apprendre de l´Europe" n´en menacent pas moins la civilisation européenne".

«Ces barbares», avec des rêves dans la tête et les armes à la main menaçaient donc «la civilisation européenne». Il faut les écraser.

Le maréchal Pétain et le dictateur Miguel Primo de Rivera ont scellé un accord en vertu duquel les deux armées, française et espagnole, doivent s'unir contre le rebelle rifain.

Abdelkrim, malgré le courage de ses combattants, ne pouvait affronter seul deux Etats en même temps. Il décida donc de se rendre à la France. C'était en mai 1926.

 

L'envahisseur l'a emporté sur la résistance! La force brutale des armes a écrasé les idées de libération, de modernité et de prospérité que portaient Abdelkrim et ses compagnons.

Abdelkrim fut déporté à La Réunion. C'était un départ sans retour!

 

Cet exil définitif, n'a pas empêché les deux armées coalisées de se venger des populations civiles. Des armes chimiques, interdites par les conventions internationales, ont été utilisées notamment le gaz moutarde(l'ypérite). Les douars, les villages,et les souks du Rif ont été aspergés de ce gaz toxique. Des dizaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants sont morts dans des conditions atroces. Pourtant, la protection des civils était l'une des conditions de la reddition d'Abdekrim. Sa demande n'a pas été respectée. Mais comment aurait-elle pu l'être? Les vainqueurs imposent toujours leur volonté aux vaincus. Cela rappelle étrangement, mais dans des condition très différentes, le comportement de l'armée israélienne et des phalangistes libanaises lorsqu'elles se sont vengées sur les réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila après le départ d'Arafat de Beyrouth vers Tunis. C'était en septembre 1982.

On peut légitimement s'interroger sur ce culte, poussé parfois jusqu'au fétichisme, qu'a le colonisateur ou l'occupant pour la mort et la souffrance des populations civiles.

 

Abdelkrim et sa famille passeront de longues et pénibles années d'isolement et de réclusion sur l'île de La Réunion. C'est au cours de son transfert vers la France et durant l'escale de Port-Saïd qu'Abdelkrim a «réussi à s'évader» avec l'aide de quelques nationalistes marocains, algériens et tunisiens. C'était en mai 1947.

Il s'est installé au Caire où il a repris son combat anticolonial et fondé le"Comité de libération du Maghreb arabe".

 

Fidèle à ses principes de résistant et à la mémoire de ses combattants tombés les armes à la main, Abdelkrim refusait de remettre ses pieds sur le sol marocain tant que le dernier soldat étranger n'aurait pas quitté le Maghreb.

 

 

«Je suis venu trop tôt» disait-il juste avant sa mort (2). Trop tôt pour que les idéaux, pour lesquels il a sacrifié sa vie et sa liberté, triomphent. Cétait un précurseur, un avant-gardiste et un internationaliste qui exigeait, pour son époque, presque l'impossible.

 

Abdelkrim s'est éteint au Caire le 6 février 1963 loin de son Ajdir natal.

 

Le visiteur étranger sera frappé par l'état de pauvreté dans lequel vivent aujourd'hui les habitants du Rif. Le combat de leurs ancêtres était aussi contre cette misère et pour un Maroc prospère, mais ils étaient écrasés par des ennemis beaucoup plus puissants. En partie, la France et l'Espagne coloniales sont responsables de cette situation. Mais le même visiteur remarquera également que dans beaucoup de foyers notamment les plus modestes, le portrait d'Abdelkrim est toujours accroché au mur comme pour se rappeler que son combat est toujours actuel.

 

Mohamed Belaali

 

 

 

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(1) Germain Ayache, cité par Chems Eddine Chitour in « L´épopée de l´Emir Abdelkrim El Khattabi » http://www.alterinfo.net/L%C2%B4epopee-de-l%C2%B4Emir-Abdelkrim-El-Khattabi_a20679.html

(2) http://www.humanite.fr/2004-05-22_Medias_1919-1926-la-guerre-du-Rif

 

 

 

     

     

     

     

     

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    3 juin 2017 6 03 /06 /juin /2017 09:40
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    1 mai 2017 1 01 /05 /mai /2017 12:34

    Le candidat du Cac 40 sera probablement Président de la République. Il s'agit d'un «coup d'Etat» habilement orchestré par le pouvoir financier et patronal au profit d'une minorité d'exploiteurs. Si Macron est élu, il prolongera l’œuvre de destruction et de liquidation, entamée par Sarkozy et Hollande, de ce qui reste encore des avancées sociales arrachées de haute lutte aux patrons par des générations successives de travailleurs. Macron appliquera avec zèle une politique de paupérisation systématique des classes populaires et l’enrichissement d’une minorité d'oppresseurs.

    Pour produire l'illusion du changement et donner l'impression de créer quelque chose de tout à fait nouveau, Macron et son équipe doivent travestir la réalité. Les nouveaux serviteurs pour se distinguer des autres, doivent jouer une nouvelle comédie sur la scène politique française.

    La classe dominante peut s’estimer heureuse ! Après le chiraquisme, le sarkozysme et le hollandisme qui l’ont comblée au- delà même de ses espérances, voilà le macronisme qui s’apprête à son tour avec un dévouement singulier à servir les mêmes maîtres. Étrange démocratie qui, avec la complicité d'une majorité, sert toujours les intérêts d'une minorité !

     

    Le discours, le style, les apparences de ces serviteurs de la bourgeoisie sont différents. Mais il ne s'agit là que d'un déguisement qui reflète plus ou moins nettement le fond commun : servir la même classe sociale qui les place à tour de rôle, dans des circonstances différentes, à la tête de l’État.

    Pour la classe dirigeante, Macron est l'homme de la situation d'autant plus qu'il est présenté comme un rempart contre le Front national. Il est capable de préserver les intérêts des riches tout en faisant croire aux masses populaires qu’il entreprend des réformes en leur faveur. Le sarkozysme et le hollandisme ont fait leur temps. Ils ne correspondent plus à la nouvelle réalité de la lutte des classes. Place au macronisme, aux nouveaux serviteurs de l'ordre établi.

     

    Pour placer Macron à la tête de l'Etat, la classe dominante, à travers ses médias et ses instituts de sondages exerce une terrible pression sur les citoyens. Hommes et femmes politiques, journalistes, artistes, sportifs et autres intellectuels sont ainsi mobilisés pour «faire barrage» au Front national. La propagande bat son plein. Les grands médias, tous entre les mains des groupes industriels et financiers, incitent la population à voter plutôt Macron que Le Pen. Le joker Front national sera utilisé le moment venu pour servir les mêmes intérêts. Les valeurs républicaines sont brandies de manière incantatoire. Toute voix discordante qui appelle au boycott, à l'abstention et au vote blanc est suspectée, marginalisée ou tout simplement censurée. Il faut, vaille que vaille, voter Macron.

    Tous les moyens, petits et grands, sont utilisés pour répandre «la vérité» de la classe dirigeante et faire élire le candidat des riches perpétuant ainsi les privilèges et les injustices de l'ordre établi.

     

    Le parti d'extrême droite était présenté durant toute la campagne électorale comme un parti normal et son nationalisme xénophobe et antisémite, édulcoré, banalisé. Les sondages annonçaient Marine Le Pen présente au deuxième tour d'une manière continue. Le parti d'extrême droite bénéficiait d'une couverture médiatique impressionnante. L'hydre Front national était grassement nourri pour servir d'éventail entre les deux tours, facilitant ainsi l'élection du candidat des puissants, Emmanuel Macron. La classe dirigeante après avoir tout fait pour que Marine Le Pen soit présente au deuxième tour, «diabolise» hypocritement maintenant le Front national. La bourgeoisie dont le fascisme et le nazisme sont sortis de ses entrailles, en période de crise, feint de découvrir que le Front national peut être dangereux.

     

    Macron, Le Pen sont deux têtes du même monstre, le capitalisme. Ils sont le produit authentique de la dictature du capital. Ils sont les ennemis du peuple. Les travailleurs et les salariés en général doivent s'attendre, après Chirac, Sarkozy et Hollande, à un quinquennat effroyable avec la poursuite des politiques d'austérité et de liquidation des acquis sociaux. Les conséquences seront terribles pour la population : chômage de masse, précarité, destruction des services publics, démantèlement de ce qui reste encore du droit du travail et du système de retraite par répartition basé sur la solidarité entre générations entraînant inévitablement l'augmentation du nombre de personnes cumulant vieillesse et pauvreté. Cette misère des classes populaires n'a d'égale que la richesse d'une classe de parasites dont Macron est aujourd'hui le porte parole politique. Sombre avenir pour une partie de la population de plus en plus importante.

     

    Macron ou Le Pen utiliseront l'Etat et son appareil idéologique et répressif pour masquer cette cruelle réalité afin d'éviter toute révolte et toute résistance d'envergure. Macron ou Le Pen maintiendront l'état d'urgence et rétabliront le service militaire. La guerre et la négation de la vie est une caractéristique fondamentale du système qu'ils servent, le capitalisme. Ils vont contrôler, surveiller, ficher, réprimer, bref il vont terroriser les citoyens qui refusent de courber l’échine. Les richesses doivent, sous le règne de Macron ou de Le Pen, rester concentrées entre les mêmes mains.

     

    Sous le régime de Macron ou de Le Pen, Les travailleurs, les salariés en général, la jeunesse et tous les progressistes doivent partout amplifier la guerre sociale. Car l'un ou l'autre, même si il y a une différence de degré et non d'essence, sont les ennemis du peuple et du progrès. Il faut éviter de reproduire l'erreur de 2002. Les partis et les organisations qui se réclament de la classe ouvrière doivent mener des luttes quotidiennes pour améliorer temporairement la situation des masses populaires sans jamais renoncer au combat politique de classe contre classe.

     

    Mohamed Belaali

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    8 avril 2017 6 08 /04 /avril /2017 13:02

    Montres de luxe, costumes sur mesure payés par des richissimes amis, travail non identifiable de l'épouse et des enfants, mise en examen pour détournement de fonds publics, mensonges sur la valeur réelle du patrimoine, refus de se rendre devant les juges etc., voilà quelques unes des caractéristiques du trio préféré de la bourgeoisie française pour l'élection présidentielle. Et il ne s'agit là que de l'arbre qui cache la jungle des magouilles et des scandales financiers en tout genre d'une partie de la classe politique sans foi ni loi qui s'agrippe de toutes ses forces à ses privilèges. Macron, Le Pen et Fillon qui peuvent paraître différents dans leur style, leurs mots d'ordre et leurs discours, partagent en réalité le même fond commun, servir les puissants.

    Les citoyens sont ainsi fortement incités à choisir un président de la République parmi ces personnages grotesques et corrompus. Plus les dates des élections s'approchent, plus ces «chiens de garde» du capital aboient à longueur de journée et de nuit dans les médias. La propagande et l’endoctrinement deviennent permanents, intenses, futiles et cyniques. Les moyens de communication de masse, notamment la télévision, sont ainsi utilisés massivement par la classe dominante pour tromper et anesthésier une population déjà traumatisée et démobilisée par le chômage et la précarité.

     

    Marine Le Pen est assurée, selon les sondages fabriqués de toutes pièces, de participer au second tour alors que les citoyens n'ont pas encore voté. Peu importe, il faut qu'elle soit, vaille que vaille, au deuxième tour.

    Son parti est présenté par les médias comme un parti normal, un parti somme toute comme tous les autres. Son nationalisme xénophobe et antisémite est édulcoré et banalisé : le musulman remplace le juif, «la race germanique» devient «français de souche», «La grande Allemagne», c'est «la grandeur de la France» et la République a pris la place du «Reich» (1). Les mots utilisés par le père comme «l'immigration massive et sauvage» ou «les chambres à gaz ne sont qu'un détail de l'histoire» sont adoucis. Marine, sa fille, parle plutôt de communautarisme, de laïcité, du terrorisme islamique etc. (2). Mais il ne s'agit là que des mots qui travestissent la réalité pour mieux masquer la vraie nature de ce parti dangereux. Si le Front national est partout dans les médias aujourd'hui, c'est que la classe dominante, en période de crise, a besoin d'instrumentaliser ce genre d'organisations pour, en dernière analyse, maintenir l’accumulation et la concentration de la richesse entre les mêmes mains. Elle a besoin d'inventer des boucs émissaires qui lui permettent d’occulter sa responsabilité dans la situation économique et sociale désastreuse que connaît la France aujourd’hui.

    Pour reconquérir une «opinion publique» traumatisée par les différents plans d’austérité des gouvernements Sarkozy/Hollande et dégoûtée par le comportement d’une classe politique corrompue et totalement soumise aux intérêts d’une minorité de très riches, la bourgeoisie française invente des ennemis et montre du doigt l’Immigré, le Musulman, le Noir, le Réfugié, le Sans-papiers etc. comme responsables de tous les maux de la France. La fabrication des boucs émissaires permet également de décharger la colère populaire sur les victimes de la crise tout en épargnant ses véritables responsables.

    L'hydre Front national remplit aussi une autre fonction pour la classe dominante, servir d'épouvantail pour mieux placer à la tête de l'Etat un autre président qui servira, dans des conditions plus apaisées, ses intérêts.

     

    François Fillon est le candidat de cette vieille bourgeoisie française conservatrice et catholique peu attirée par l'extrême droite. Une partie des classes populaires trompée par le discours démagogique de Marine Le Pen ne se reconnaît pas dans la rhétorique du châtelain. Par contre, son combat pour des valeurs traditionnelles (contre le mariage homosexuel, contre l’interruption volontaire de grossesse et l’adoption, contre «la théorie du genre» etc.), ses convictions religieuses qu'il étale à la moindre occasion lui attirent la sympathie d'une droite réactionnaire qui aimerait faire tourner la roue de l'histoire en arrière. Manif pour tous, Sens commun et tous les réseaux de la droite catholique se mobilisent pour l'homme aux costumes à 50 000 euros.

    Cependant ses valeurs conservatrices ne correspondent pas vraiment à son programme économique ultra-libéral (3) qui plaît au patronat et à une droite plus ouverte sur les évolutions de la société (4).

    Fillon et la bourgeoisie qu'il représente vivent dans un autre monde. Leur vénération pour l'argent et le profit les rend imperméables aux injustices, aux inégalités et à l’irrationalité du capitalisme qui produit en même temps richesses pour une minorité et misère pour la majorité de la population. Ils exigent des autres des sacrifices qu'ils sont incapables d'appliquer pour eux-mêmes.

    Le progrès social, la sécurité sociale, les services publics etc. ne sont pour eux que des mots vides de tous sens. Fillon le janséniste aime l'argent, le luxe mais méprise les classes populaires à qui il promet une austérité thatchérienne. Manoir, montres de luxe, costards de luxe, voitures de sport, etc. sont exhibés fièrement alors qu'une frange de la population, hélas, de plus en plus grande vit dans la misère et la détresse. Quel contraste entre les valeurs proclamées par la République et les pratiques réelles de ses dirigeants !

     

     

    Macron se distingue nettement des deux autres candidats préférés par la bourgeoisie surtout que Marine Le Pen et François Fillon fleurtent avec Moscou. Emmanuel, atlantiste et européiste, est paré de toutes les vertus : il est jeune, beau, intelligent, compétent, pragmatique, charismatique, moderne et tutti quanti... Mais cette richesse dans le vocabulaire contraste avec la misère morale et politique de ce pur produit du patronat, ennemi du peuple et du progrès. Derrière cette image joviale de Macron, se cache en réalité le visage hideux de la finance.

    Emmanuel Macron a tout pour lui, l'argent des chefs d'entreprises et des banquiers, les médias, les instituts de sondage, les économistes, les intellectuels, les hauts fonctionnaires, les fondations, les think tank, et bien sûr les hommes notamment ceux, nombreux, qui sont à la fois «socialistes» et «macronistes» à l'image du plus célèbre d'entre-eux, Manuel Valls (5). Victor Hugo parlait de Napoléon (le petit) en ces termes: «M. Louis Bonaparte a réussi. Il a pour lui désormais l’argent, l’agio, la banque, la bourse, le comptoir, le coffre-fort, et tous ces hommes qui passent si facilement d’un bord à l’autre quand il n’y a à enjamber que de la honte» (6).

    Son programme économique ressemble, pour l'essentiel, étrangement à ce que les gouvernements successifs appliquent depuis belle lurette : baisse de l'impôt sur les sociétés (de 33,3 % à 25%), réduction des charges pour les entreprises, flexibilité accrue du marché du travail, assouplissement de la loi sur les 35 heures, réduction des dépenses publiques, suppression de 120 000 postes de fonctionnaires, suppression de l'Impôt de solidarité sur la fortune et, dans un autre domaine, davantage d'autonomie pour les établissements scolaires pour ne citer que ces quelques propositions (7).

    On trouve également dans le programme de Macron cette idée intéressante, la collaboration de classe :«Concilier les attentes des salariés, des dirigeants et des actionnaires» (8). l'Etat «macronien» veut donc «concilier» les contradictions de classes pour mieux détourner les travailleurs et les salariés en général de ce combat de classe contre classe. Or les classes dans le système capitaliste sont inconciliables. L’entente des classes est une chimère, une rêverie produite et entretenue par les classes exploiteuses. Elle est contredite chaque jour par les faits.

    Triste France ! Les puissants s'apprêtent à mettre à la tête d'une République affaiblie un homme qui, si par malheur est élu, prolongera l’œuvre de destruction et de liquidation entamée par Sarkozy et Hollande de ce qui reste encore des avancées sociales arrachées de haute lutte aux patrons par des générations successives de travailleurs. Macron appliquera avec zèle et dévouement une politique de paupérisation systématique des classes populaires et l’enrichissement d’une minorité de puissants. Il se présente comme un prestidigitateur habile attirant et fixant par un tour extraordinaire l’attention des classes populaires sur les quelques aspects plutôt positifs de ses promesses électorales pour mieux cacher sa véritable mission, servir la classe dominante.

     

    Macron, Le Pen, Fillon trois ennemis du peuple et du progrès. Leur mission essentielle est de servir encore et toujours les puissants. Pour les plus démunis, pour les travailleurs, ils n'ont absolument rien à offrir à part les mensonges, les promesses, les illusions et la répression en cas de résistance et de révolte. La démocratie bourgeoise, même si elle reste utile pour arracher quelques avancées économiques et sociales, ne peut jamais traduire la volonté réelle et les aspirations profondes de la majorité des travailleurs et des salariés en général. Macron ne peut rien faire d'autre que d'exécuter les ordres de l'Union européenne, de la finance internationale, des multinationales, bref de ceux qui l'ont créé et propulsé sur le devant de la scène politique. Ce sont eux qui détiennent la réalité du pouvoir. Le Président, le Gouvernement et le parlement ne sont que des paravents derrière lesquels se cachent les véritables détenteurs du pouvoir. Ils ne sont que les gestionnaires des intérêts de la classe dominante. Et comme disait Marx et Engels il y a longtemps «Le gouvernement moderne n'est qu'un comité qui gère les affaires communes de la classe bourgeoise toute entière» (9).

     

    Mohamed Belaali

     

     

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    (1)http://lmsi.net/Du-programme-electoral-du-parti

    (2)Voir sur ce sujet « Marine Le Pen prise aux mots. Décryptage du nouveau discours frontiste» de Cécile Alduy et Stéphane Wahnich.

    (3)https://www.fillon2017.fr/projet/

    (4)http://www.francetvinfo.fr/replay-radio/l-interview-eco/pierre-gattaz-medef-le-programme-de-francois-fillon-va-vers-le-plein-emploi_2097219.html

    (5)Voir entre autre :

    https://www.mediapart.fr/journal/france/050317/emmanuel-macron-embarrasse-par-ses-millions?page_article=1

    https://www.legrandsoir.info/l-arnaque-emmanuel-macron-de-a-a-z.html

    (6))Victor Hugo : « Napoléon le Petit ». Réédité chez Actes Sud (2007), par Jean-Marc Hovasse.

    (7)https://en-marche.fr/emmanuel-macron/le-programme

    (8)Voir objectif 3 https://en-marche.fr/emmanuel-macron/le-programme/entreprises

    (9)K Marx, F Engels : «Manifeste du parti communiste ».

     

     

     

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    2 mars 2017 4 02 /03 /mars /2017 11:07

     

    Face au cauchemar que nous vivons aujourd'hui, la Révolution russe d'Octobre 1917 apparaît comme un rêve sublime. La révolution tant haïe par les classes dominantes, n’a jamais été aussi légitime et aussi nécessaire que maintenant. Aucun remède ni aucune thérapie ne sont en mesure de guérir un monde atteint d’une maladie mortelle, le capitalisme. Il n' y a pas d'autres moyens pour abolir l'ordre établi que la révolution. En quelques mois seulement la Révolution russe a changé la face du monde. En février et en octobre 1917, cent ans déjà, les ouvrières et les ouvriers de Petrograd se soulèvent contre la misère et l'humiliation. L'armée refuse de tirer. La troupe fraternise avec les ouvriers. Le Tsar abdique. Le régime despotique et multicentenaires s’effondre. Le Gouvernement bourgeois provisoire s'efface. Les Soviets composés d'ouvriers, de paysans pauvres et de soldats prennent le pouvoir. Ce qui relevait de l'impossible devient une réalité. L'ordre établi est renversé. La Révolution était là, dans les usines, dans les casernes, dans les ports, dans les quartiers, sur les places publiques des villes et des villages, dans les champs et sur le front, portant en elle les aspirations et les espoirs les plus simples et les plus grandioses de tout un peuple et de tous les travailleurs du monde.

    En moins d'un demi siècle après la glorieuse Commune de Paris, les opprimés s'emparent à nouveau du pouvoir et entrent dans l'histoire. Car ce sont les masses et leurs dirigeants révolutionnaires qui font l'histoire. Dépouillées de toute leur humanité, leur intérêt objectif est de renverser de fond en comble les conditions d’existence matérielles et morales dans lesquelles elles sont asservies et méprisées. Il ne s'agit pas pour elles d'améliorer la société existante pour la rendre supportable, mais de l'abolir. Il ne s'agit pas de mettre en place une quelconque démocratie bourgeoise, mais d'installer la dictature du prolétariat.

    Les masses des opprimés savent que les puissants ne renoncent jamais à leurs privilèges, qu'ils n'accordent jamais rien par générosité ou grandeur d'âme et qu'ils ne reculent devant rien pour sauver leurs intérêts et perpétuer leur système. La marche vers le socialisme ne peut résulter d’une quelconque perfection de la démocratie bourgeoise, de la conciliation des classes, des élections etc. L’entente des classes est une chimère, une rêverie produite et entretenue par les classes exploiteuses. Elle est contredite chaque jour par les faits. Seule l’appropriation des moyens de production par les travailleurs permettra de briser cette servitude économique, source première de leurs malheurs. La révolution est la seule alternative au capitalisme et à ces guerres abjectes. Il s'agit donc, sans compromis ni conciliation avec les oppresseurs, de détruire un monde injuste pour reconstruire sur ses ruines un autre plus juste et plus lumineux. Même si l'Union Soviétique n'existe plus, la Révolution d'Octobre, restera à jamais un exemple irremplaçable pour tous les peuples opprimés.

    John Reed, journaliste, poète et révolutionnaire américain (1887/1920), décrivait ainsi les premiers moments de la prise du pouvoir après que les délégués aient voté à l'unanimité la proclamation de paix proposée par Lénine à tous les peuples belligérants : «Quelque chose s'était brusquement éveillé en tous ces hommes. L'un parlait de la révolution mondiale en marche, un autre de l'ère nouvelle de fraternité, où tous les peuples ne seront plus qu'une grande famille (…) Mus par une commune impulsion, nous nous trouvâmes soudain tous debout, joignant des voix dans l'unisson et le lent crescendo de l'Internationale. Le chant roulait puissamment à travers la salle, ébranlant les fenêtres et les portes et allant se perdre dans le calme du ciel» (1).

    Mais l'Internationale n'est pas seulement un poème, un chant révolutionnaire dédié aux hommes et aux femmes de la Commune et à tous les «damnés de la terre», elle est devenue l'hymne dusocialisme international. Une IIIe. Internationale a été fondée pour que les idées et les pratiques révolutionnaires se répandent dans la classe ouvrière partout à travers le monde. Car la Révolution d'Octobre n'est qu'un prélude, un pas sur le très long et le très difficile chemin de la révolution socialiste mondiale. Au capitalisme mondialisé doit correspondre une révolution mondiale. Les frontières de la Russie sont trop étroites pour contenir cet immense soulèvement révolutionnaire. La révolution ne peut se développer et s'épanouir qu'en tant que mouvement réel planétaire. Car là où il y a exploitation de l'homme par l'homme, il y a ipso facto une guerre permanente qui oppose oppresseurs et opprimés et qui ne peut se terminer que par le renversement révolutionnaire du capitalisme. Il ne s'agit pas que de la géographie mais d'une autre frontière celle qui sépare les classes sociales. Le destin de la Révolution russe dépendait dans une large mesure du triomphe et de l'accès au pouvoir de la classe ouvrière des autres pays notamment les plus avancés : « (...) il est absolument certain que la victoire finale de notre révolution, si elle devait rester isolée, s'il n'y avait pas de mouvement révolutionnaire dans les autres pays, serait sans espoir » disait Lénine (2). La portée de la Révolution prolétarienne d'Octobre 1917 est non seulement historique, elle est aussi et surtout universelle.

    C'est cette dimension planétaire de la Révolution russe, «ce foyer de contagion», que les bourgeoisies occidentales ne peuvent ni supporter ni tolérer. Elle menaçait partout l'existence même de leur système. D'autant plus que l'onde de choc de la révolution s'est rapidement propagée un peu partout à travers le monde et surtout en Europe. De l'Espagne à la Hongrie en passant par l'Allemagne, la France, l'Angleterre et l'Italie, les ouvriers commençaient à relever la tête. Car le salut de tous les ouvriers et derrière eux tous les opprimés de la terre réside dans la Révolution socialiste. Elle est le seul et l'unique moyen qui leur permet de briser les chaînes de l'esclavage moderne et de se libérer d'un système qui les opprime. Il fallait donc, vaille que vaille, détruire totalement le nouveau pouvoir ouvrier et effacer de l'histoire des hommes cette grande révolution.

    Dans une sainte croisade, les puissances impérialistes, alors qu'elles s’entre-tuaient hier encore dans une terrible guerre, ont lancé leurs forces contre la jeune révolution russe. Elles ont imposé un blocus total pour affamer la population et étouffer la révolution. La contre-révolution est encouragée, soutenue, financée et armée par les puissances impérialistes. L'Armée Rouge (composée de militants, d'ouvriers, de soldat, de paysans pauvres etc.), grâce à sa discipline et à sa détermination sans faille à défendre la révolution, a pu courageusement tenir tête à ses ennemis intérieurs et extérieurs. Mais sa victoire a été éclipsée par la défaite de la classe ouvrière en Europe. Partout les soulèvements des travailleurs ont été écrasés dans le sang. Rosa Luxembourg et Karl Liebknech, figures emblématiques de la classe ouvrière allemande, sont assassinés alors que se développait dans le pays un mouvement révolutionnaire (3). «Elle avait dit aux pauvres la vérité. Et pour cela les riches l’ont assassinée» disait Bertolt Brech (4).

    La défaite de la classe ouvrière allemande, c'est aussi la défaite de la révolution russe et de tous les travailleurs du monde. Isolée, encerclée par les forces impérialistes dont l'unique objectif est de détruire l’État ouvrier, la révolution s'est repliée sur elle-même, sur son territoire national abandonnant ainsi sa nature internationaliste. Mutilée et étouffée par une bureaucratie qui a remplacé le pouvoir des ouvriers et des paysans pauvres, la révolution n'a pu se consolider ni parvenir au bout de sa logique émancipatrice et libératrice.

    Mais cette glorieuse révolution avait dès le départ jeté les bases d'une société plus juste et plus fraternelle. Tous les secteurs de l'industrie, de la finance sont expropriés et nationalisés. La production et la répartition des produits sont sous le contrôle quasi total des ouvriers. Les terres appartiennent désormais aux citoyens capables de les exploiter. Le salariat en tant qu'organisation économique et sociale est aboli. La paix entre les peuples remplace la guerre et le carnage impérialiste. Un slogan simple résume ces premiers objectifs de la révolution : «La paix, le pain et la terre».

    La révolution a également rendu aux femmes leur dignité dans un pays arriéré et imbibé de préjugés contre les femmes. Elle a élevé l'égalité des deux sexes au rang des priorités malgré une situation économique et sociale difficile. Lénine dans un discours prononcé à la Conférence des ouvrières de Moscou soulignait l'importance de cette immense tâche : «Depuis bien longtemps, depuis des siècles, tous les mouvements émancipateurs d'Occident ont réclamé l'abolition de ces lois vétustes et l'égalité des deux sexes devant la loi. Mais pas un Etat démocratique, pas une république avancée, n'a pu opérer cette réforme, car là où existe le capitalisme, là où subsiste la propriété privée de la terre, des fabriques et des usines, là où subsiste le pouvoir du capital, l'homme conserve ses privilèges. (…) Nous pouvons le dire avec fierté et sans crainte d'exagération, il n'y a pas un seul pays au monde, en dehors de la Russie des Soviets, où la femme jouisse de tous ses droits (…). C'était là une de nos premières et plus importantes tâches» (5).

    L’enthousiasme révolutionnaire a libéré la parole. Des débats passionnés sur les rapports hommes /femmes, sur la sexualité, sur la famille enflammaient la jeunesse. Les meetings politiques sur la construction du socialisme un peu partout fleurissaient. La révolution a donné un élan magnifique à la poésie, au théâtre, à la musique, aux arts, bref à tout ce qui était inaccessible aux ouvriers, aux soldats et aux paysans pauvres et d'une manière générale aux masses populaires. Le peuple s'est emparé ainsi de la culture qui était jusqu'alors réservée à une caste de privilégiés. Mais cet aspect de la révolution culturelle s'est heurté à la réalité de l'analphabétisme et de l'ignorance des masses. C'est pourquoi l'une des tâches essentielles de la révolution était de «liquider l'analphabétisme» : «Oui le ballet, le théâtre, l'opéra, les expositions de peinture et de sculptures modernes, tout cela sert pour beaucoup à l'étranger de preuve que nous, les bolcheviks, ne sommes pas du tout les terribles barbares que l'on pensait. Je ne récuse pas ce genre de manifestations de la culture sociale et ne les sous-estime pas. Mais j'avoue que dans l'âme je suis plus sensible à la création de deux ou trois écoles primaires dans des villages perdus qu'au plus magnifique objet dans une exposition » disait Lénine (6).

    La Révolution d'Octobre 1917 a montré et montre toujours aux travailleurs et aux opprimés du monde entier la voie à suivre, celle de la révolution socialiste. Car il n' y a pas d'avenir pour l'humanité dans le capitalisme. Plus il s'enfonce dans la crise et plus il devient menaçant pour l'homme et pour la nature : guerres, terrorisme, chaos au Moyen-orient, montée du néofascisme aux États-Unis et en Europe, paupérisation planétaire des masses et enrichissement extraordinaire d'une minorité, saccage de la nature, scandales et corruption généralisés etc. etc, On est loin de la «Fin de l'histoire» de Fukuyama. Le spectre de la Révolution d'Octobre hante toujours la société bourgeoise. Mais ce système, ennemi de l'homme et de la nature, ne disparaîtra pas spontanément de lui-même. Seule la révolution est en mesure de mettre un terme à la résistance de la minorité d’exploiteurs, et d’enfanter une nouvelle société. Même si les conditions ne sont pas réunies, la révolution reste l’unique solution. Les obstacles immenses et innombrables qui se dressent face à ce changement ne sauraient effacer ni la légitimité ni la nécessité de la révolution.Toutes les demi-mesures et toutes les réformes, si elles ont contribué à améliorer provisoirement la situation des esclaves modernes que sont les salariés, restent insuffisantes. Pire, les réformes économiques, sociales et politiques, aussi nécessaires soient-elles, ne font en dernière analyse que perpétuer l’asservissement général engendré par le système. Mais la révolution ne se décrète pas, ne s'improvise pas, elle se prépare comme l'a démontré d'une manière admirable la glorieuse révolution russe. Les bolcheviks et derrière eux l'immense majorité de la population ont préparé et finalement rendu possible la victoire d'Octobre 1917. Cette victoire reste et restera comme une immense possibilité à réaliser pour les travailleurs et les opprimés de tous les pays.

    Mohamed Belaali

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    (1)John Reed, « Dix jours qui ébranlèrent le monde » (préface de Lénine). Editions Tribord, 2010 pages 228 et 229

    (2)«Rapport politique du comité central », le 7 mars 1918 :

    http://www.marxistsfr.org/francais/lenin/works/1918/03/d7c/vil19180300-02c7.htm

    (3)http://www.belaali.com/article-social-democratie-et-collaboration-de-classes-50152165.html

    (4)http://www.humanite.fr/la-passion-lumineuse-de-rosa-liberte-602654

    (5)https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1919/09/vil19190923.htm

    (6)cité par Claude Frioux, dans «LÉNINE, MAIAKOVSKI, LE PROLETKULT ET LA RÉVOLUTION CULTURELLE» page 102 :

    http://www.persee.fr/doc/litt_0047-4800_1976_num_24_4_2059

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    18 décembre 2016 7 18 /12 /décembre /2016 10:41

    Les pays impérialistes, petits et grands , mènent en ce moment à travers leurs médias une hystérique propagande contre la Syrie. Ils instrumentalisent cyniquement la tragédie des populations civiles pour mieux masquer leur défaite historique à Alep. En fait, ils ne pleurent pas les victimes d'Alep-Est et encore moins celles de l'Ouest ou de toute la Syrie, mais plutôt la capitulation de leurs propres créatures, les terroristes d'Al Nosra, d' Ahrar al-Cham, de Fatah Halab et une myriade de petits groupes de fanatiques appelés hypocritement rebelles syriens (1). Mais derrière cette posture humanitaire se cache une profonde et cruelle frustration : leurs rebelles syriens ont échoué à renverser par la force le régime de Bachar Al-Assad alors qu'ils ont réussi à détruire la Libye de Khadafi. Car les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la France et leurs alliés locaux comme l'Arabie Saoudite, le Qatar ou encore la Turquie n'ont qu'un seul objectif, renverser par la violence le régime d'Assad et installer à sa place un gouvernement à leur solde pour mieux asservir le peuple syrien et servir leurs intérêts économiques et stratégiques. Comme en Afghanistan et comme en Libye, l'impérialisme et ses alliés n'hésitent pas à créer et utiliser des groupes terroristes dont l'Islam n'est qu'un voile derrière lequel se cachent les intérêts des uns et des autres (2). Mais la Syrie n'est pas la Libye. Le peuple syrien, dans toutes ses composantes ethniques et religieuses, et ses alliés ont tenu bon face aux terroristes et leurs maîtres occidentaux. Alep la martyre qui a tant donné à la civilisation humaine renaîtra de ses cendres tel un phénix plus forte et plus belle.

    Depuis quand les pays occidentaux et leurs vassaux comme l'Arabie Saoudite par exemple pleurent les civils victimes des guerres ? Depuis quand les États-Unis, la France et la Grande Bretagne luttent contre les dictatures et aident les peuples à se débarrasser des despotes d'un autre âge ?

    Les peuples du monde entier savent que les pays impérialistes ont soutenu des dictateurs les plus féroces.

    Commençons par l’Amérique latine : Artur da Costa e Silva au Brésil, Augusto Pinochet au Chili, Juan Carlos Ongania et Videla en Argentine, le régime somoziste au Nicaragua, Maximiliano Hernández Martinez au Salvador, le régime de Fulgencio Batista à Cuba, de Marcos Pérez Jiménez au Venezuela, de Banzer en Bolivie etc.

    En Asie, on peut trouver Soeharto en Indonésie, Marcos aux Philippines, Musharraf au Pakistan.

    En Afrique on peut citer, entre autres, Hosni Moubarak en Egypte, Gnassingbé Eyadéma au Togo, Idriss Déby au Tchad, Denis Sassou N’Guesso au Congo, Paul Biya au Cameroun sans oublier les fidèles serviteurs de l’impérialisme français, Omar et Ali Bongo.

    L’empire américain a dressé également des fanatiques religieux contre Nasser en Egypte, contre Sukarno en Indonésie, contre Bhutto au Pakistan, contre Najibullah en Afghanistan. Le but est de contrer et d’étouffer toute pensée et tout mouvement communiste ou tout simplement démocratique et progressiste.

    Les américains et leur caniche européen ont, dans un passé récent, détruit la Yougoslavie (en 1991 et en 1999), envahi l’Afghanistan (2001), ravagé l’Irak (2003) et ruiné la Côte d’Ivoire (2011).Toute l'histoire de l'impérialisme n'est, en dernière analyse, que destructions, cruauté, massacres et violence extrême pour soumettre les peuples de la planète et piller leurs richesses.

     

    Au moment même où ils se lamentent sur les victimes d'Alep-Est, leur allié le plus fidèle, l'Arabie Saoudite, mène une véritable guerre au Yémen qui a fait en une seule année plusieurs milliers de morts principalement des civils et détruit une partie importante de l’héritage culturel et architectural yéménite qui est en même temps patrimoine mondial de l’humanité. Les massacres de milliers de personnes se poursuivent encore aujourd'hui dans l’indifférence quasi-générale (3). Leur hystérique propagande sur la Syrie n'a d'égal que leur silence sur les massacres perpétrés par la coalition dirigée par le Royaume wahhabite.

     

    Les soulèvements populaires en Tunisie, en Libye, en Égypte, au Yémen, à Bahreïn etc. ont suscité d’énormes espoirs de changement dans les masses arabes opprimées y compris en Syrie. Mais l'impérialisme ne peut supporter ni tolérer la marche des peuples vers leur émancipation et leur libération des régimes qui les oppriment et les maintiennent dans le sous développement et la misère. Les opprimés du monde arabe n'oublieront jamais le rôle contre-révolutionnaire confié par les pays impérialistes à l'Arabie Saoudite pour briser leurs soulèvements populaires et pacifiques. Les États-Unis, la Grande Bretagne et la France n'agissent qu'en vertu des intérêts de leurs bourgeoisies respectives. Les bourgeoisies américaines et européennes, inlassablement, parlent des droits de l'homme tout en massacrant un peu partout les hommes qui leur tiennent tête. Toute leur histoire n'est que mépris et négation des hommes tant qu'ils ne servent pas leurs intérêts.

     

    La propagande de l'empire lui a toujours servi de prétexte et de légitimation pour s'immiscer dans les affaires des peuples. Une longue tradition de mensonges jalonne l'histoire des États-Unis et de ses alliés. Rappelons-nous du charnier de Timisoara en 1989 où, selon les journalistes occidentaux, gisaient quatre mille morts ! On a appris par la suite qu'il s'agissait d'une gigantesque manipulation pour tromper l'opinion mondiale. Des cadavres ont été exhumés à la hâte du cimetière des pauvres et montrés devant les caméras du monde entier pour simuler le génocide légitimant ainsi le nouveau régime (4). Un autre grand mensonge de l'histoire, les Armes de Destruction Massive (ADM) inventées de toutes pièces par l'administration Bush pour justifier l'intervention militaire en Irak dont nous subissons aujourd'hui encore les conséquences dramatiques (5). La liste est longue, mais

    c'est le même processus qui a été utilisé en Yougoslavie contre Milosevic, en Afghanistan contre Najibullah, en Libye contre Kadhafi et aujourd'hui en Syrie contre Bachar Al-Assad.

     

    Et pourtant ce sont ces mêmes pays, leurs médias et leurs intellectuels qui osent parler aujourd'hui de crimes de guerre, de barbarie, de propagande et comparent Alep à Sarajevo et à Guernica (6). C'est l'histoire du criminel qui crie halte au crime. Quel cynisme ! Quelle légitimité et quelle crédibilité peut-on encore accorder à leurs discours et à leurs jérémiades ? Aucune !

     

    Cela ne signifie nullement qu'il n y a pas eu des morts, des blessés et des exactions contre les civils à Alep et dans toute la Syrie, mais la question fondamentale est de savoir qui a créé cette situation, qui est responsable de cette tragédie humaine ? Qui au départ a envahi militairement l'Irak faisant des centaines de milliers de morts innocents (7) et créant du même coup les conditions propices au développement des groupes terroristes qui seront utilisés par la suite contre le régime syrien ? Mais ce qui est vrai de l’Irak ne l’est pas moins de la Libye. Rappelons tout de même que les crimes perpétrés contre le peuple libyen ont été commis sous la bannière de la protection des civils et de l’aide humanitaire comme le précise la résolution 1973 de l’ONU : « Le Conseil de sécurité(...) se déclarant résolu à assurer la protection des civils et des secteurs où vivent des civils, et à assurer l’acheminement sans obstacle ni contretemps de l’aide humanitaire » ! (8). On connaît aujourd'hui

    les conséquences de cette aide humanitaire sur le peuple libyen (9).

     

    Les syriens à l'instar des autres peuples sont capables de régler eux-mêmes leurs problèmes internes. Il appartient au peuple syrien et à lui seul de décider de son destin. Il n' a surtout pas besoin des pays impérialistes dont toute l'histoire n'est qu'une suite de crimes, de conquêtes coloniales et d'asservissement des peuples.

     

    Mohamed Belaali

     

     

    -------------------------------------

    (1)https://www.monde-diplomatique.fr/2016/12/EL_KHOURY/56922

    (2)http://www.belaali.com/2014/11/le-terrorisme-produit-authentique-de-l-imperialisme.html

    (3)https://legrandsoir.info/les-guerres-profanes-de-l-arabie-saoudite-au-yemen.html

    (4)https://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2009-12-21-Timisoara

    (5)http://www.monde-diplomatique.fr/2003/07/RAMONET/10193

    (6)http://www.lorientlejour.com/article/1009409/une-guerre-des-mots-autour-dalep.html

    (7) http://www.justforeignpolicy.org/iraq/iraqdeaths_fr.html

    (8)http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/03/18/le-texte-de-la-resolution-sur-le-libye_1494976_3212.html

    (9)http://www.belaali.com/article-la-libye-apres-l-intervention-imperialiste-108002868.html

     

     

     

     


     

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    26 novembre 2016 6 26 /11 /novembre /2016 11:23

     

    Le grand Castro est parti laissant derrière lui un monde triste et laid à l'image de ceux qui le dirigent.

     

    Castro a fait de la santé et de l'éducation de son peuple la priorité des priorités. Aujourd'hui ces domaines sont partout à travers le monde méprisés, abandonnés ou tout simplement livrés à la puissance de l'argent.

     

    Castro et le peuple cubain se sont dressés courageusement contre leur puissant voisin les Etats-Unis qui n'ont jamais digéré la disparition de leur « Cuba des bordels » dirigé par l'un de leurs caniches, le général dictateur Batista. Ils n'ont jamais supporté le Cuba de la Résistance et de la Révolution. Cuba et son peuple doivent donc subir l'embargo le plus long et le plus violent de l'histoire moderne.

     

    Les chiens de garde du capital vont aboyer tout au long de la journée, de la nuit et de la semaine contre cet homme qui leur a tenu tête jusqu'à sa mort. Comme disait Atom Araullo, «une révolution, ce n'est pas un champ de roses… une révolution, c'est un combat jusqu'à la mort entre le futur et le passé». Les puissants ne lui pardonneront jamais ce combat pour l'avenir, pour la paix, pour la solidarité entre les peuples et pour un monde meilleur débarrassé de toutes les guerres impérialistes et de toutes les tares du capitalisme.

     

    La mort de Fidel est une immense perte, mais son souvenir restera enfoui dans le cœur des opprimés du monde entier.

     

    Hasta la victoria siempre.

     

    Mohamed Belaali

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